Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'on nomme eau principe du fel, fans laquelle le fel n'existerait point, & que l'on n'en peut féparer fans changer fa nature, fans le décompofer.

On préfume avec raifon que les molécules falines fe réuniffent mutuellement, en raifon de leur furface, & de la nature homogène de ces molécules. Il en résulte un phénomène fingulier dans la criftallisation. Si l'on fait diffoudre dans l'eau plufieurs fels combinés, mêlés intimement ensemble quand la criftallifation s'opère, les molécules de même espèce fe raffemblent, & les cristaux des différens fels fe féparent, fe forment fans fe confondre.

La fouftraction des parties de l'eau interpofées entre les parties des fels tenus en diffolution, s'exécute par différens moyens, relativement à la nature variée des fels que l'on veut cristallifer.

1o. L'évaporation. Cette méthode convient aux fels qui fe diffolvent en plus grande quantité, plus aifément dans l'eau froide que dans l'eau bouillante, ou dont la diffolution est égale dans l'une & dans l'autre. Tels font par exemple le tartre vitriolé, & le fel marin.

2o. Le réfroidiffement doit fe pratiquer pour les fels qui fe diffolvent plus aifément dans l'eau bouillante que dans l'eau froide. Tels font le nitre & le fel de Glauber.

3o. L'évaporation & le réfroidiffement doivent s'employer fucceffivement pour féparer deux fels diffous dans la même liqueur, tels que le fel commun & le nitre, dont l'un eft plus diffoluble dans l'eau froide que dans l'eau bouillante, & le fecond a des propriétés inverses.

4°. En ajoutant au diffolvant un interméde, un

agent qui ait avec lui une plus grande affinité que les fubftances qu'il tenait en diffolution. Cette dernière méthode ne donne que des cryftaux petits, irréguliers. La fouftraction du diffolvant interpofé étant trop rapide, pour donner le temps à la matière criftallifée de prendre un arrangement fymétrique, comme il arrive par une lente évaporation, ou par la méthode du réfroidiffement qui n'a point été accéléré.

5°. L'évaporation jufqu'à ficcité, ou du moins en confiftance épaiffe fuivie du réfroidiffement, eft un procédé convenable pour l'efpèce de fel déliquefcent qui attire l'humidité de l'air, qui a une affinité décidée avec l'eau, & qui y eft tellement diffoluble, qui refufe de criftallifer. Tels font le nitre à bafe de terre calcaire, de fer, de cuivre, le fel marin, la terre foliée du tartre, & toute substance faline qui peut réfulter de l'union de l'acide du vinaigre & du tartre avec le cuivre & le fer. Si cette espèce de fel se trouve mêlée avec d'autres, leur cristallisation ne doit s'opérer que la dernière.

Il est enfin des fels qui combinés ensemble font inféparables, ou dont on ne peut féparer la criftallifation. Tels font le fel ammoniac & le fublimé corrofif. L'action de ces fels les uns fur les autres n'a pas été fuffifamment obfervée. Celle de ces deux fels neutres dont on vient de parler eft telle, qu'ils fe fervent mutuellement d'intermède pour fe faire diffoudre dans l'efprit de vin & dans l'eau, & que fi-tôt qu'ils font confondus dans le même diffolvant, il n'eft aucun moyen pour les défunir & les faire criftallifer féparément.

Procédés fur les acides.

Extraction du Vitriol.

Réduifez en poudre la terre ou le minéral qui donne le vitriol. Vous la reconnaîtrez à un goût aftringent défagréable capable d'exciter la naufée. Faites bouillir cette poudre dans un vaiffeau de verre ou de plomb, avec addition de trois fois fon poids d'eau pure. Filtrez la diffolution à travers un papier gris & mouillé. Verfez de nouvelle eau fur le réfidu. Laiffez repofer pendant quarante-huit heures à une chaleur douce; filtrez, & répétez toutes ces opérations tant que l'eau confervera un goût vitriolique.

Faites évaporer cette diffolution dans un vaiffeau de même matière, fans pouffer le degré de chaleur jufqu'à l'ébullition. Continuez l'évaporation, & vous verrez fe former à la furface de l'eau une pellicule légère, en forme de pouffière.

Laiffez refroidir le vaiffeau, mettez-le à cristallifer pendant vingt-quatre heures dans un endroit frais; décantez la liqueur, raffemblez les cristaux, & faites-les fécher. Etendez la diffolution dans fa moitié d'eau, filtrez, laiffez reposer, décantez, & répétez l'opération jufqu'à ce que la liqueur épaiffie en confiftance d'huile refufe de criftallifer.

Les travaux en grand par lefquels on obtient le vitriol de différens minerais métalliques, ne font point de la nature de cet ouvrage. On renvoye à la lecture de traités inftructifs qui les développent complettement.

Méthode pour obtenir l'Acide vitriolique.

Exposez au-deffus d'un four à la chaleur, ou

bien à celle du foleil pendant l'été, du vitricl verd, jufqu'à ce qu'il se réduise en poudre blanche, ou bien calcinez-le par un feu gradué & dans un pot de fer ou de terre. Le vitriol fe liquéfiera, & répandra de la fumée; il s'épaiffira, & deviendra d'un gris de cendre; diminuez un peu le feu, & continuez jufqu'à ce qu'il foit réduit en poudre féche. Ayez attention de le remuer continuellement pour l'empêcher de fe durcir, & de fe mettre en maffe. Rempliffez de ce vitriol calciné la moitié d'une cornue de verre exactement luttée; placezla dans un fourneau de réverberre; fermez l'ouver=ture du fourneau au tour du col de la cornue avec de l'argille & de la brique; adaptez des allonges à la cornue; couvrez-en les extrémités avec un linge mouillé; luttez les jointures avec les dernières précautions, après avoir joint un ballon d'une vafte capacité.

Echauffez la cornue par un feu doux; augmentezle de quart d'heure en quart d'heure; quand les vaiffeaux auront acquis un dégré de chaleur suffifante, il s'élévera une vapeur aqueufe; foutenez le même feu pendant fix ou huit heures, puis augmentez-le, il s'élévera des vapeurs blanches; diftillez pendant douze à dix-huit heures au même dégré de feu, vous verrez une espèce d'huile couler dans le ballon; pouffez le feu au point de tenir la cornue rouge pendant douze heures; ce terme expiré, laiffez tomber le feu & refroidir les vaiffeaux; humectez le lut pour en détacher l'appareil, avec la précaution de ne point caffer le ballon, & même de n'y laiffer entrer aucun corps étranger, & l'opération finit en verfant dans un flaccon de verre, par un entonnoir de même matière, la liqueur qui a paffé dans le récipient, avec l'attention de fe ga

rantir des vapeurs dangéreufes que l'acide exhale & répand.

Il eft effentiel d'obferver que les vapeurs qui paffent à cette diftillation font également dange reufes & expanfibles, & que fi leur abondance faifait éclater le ballon, on ferait en danger d'être fuffoqué & de périr fur le champ. Pour obvier à cet incident, il eft à propos de percer une des allonges & d'y adapter un tube de verre que l'on bouche & débouche à volonté pour donner la facilité aux vapeurs de s'échapper, & les diminuer affez pour ne craindre aucune éruption des vaisseaux.

On a vu par le procédé que la liqueur qui réfultait de la diftillation était un compofé de flegme & d'acide. Il eft plufieurs moyens pour obtenir chaque liqueur féparément, tels que le changement de ballon, ou l'ufage d'une allonge garnie d'un bec auquel on puiffe adapter un petit récipient qui reçoive les vapeurs aqueufes. Il en eft un troifième moins embarraffant, moins compliqué, c'est de mettre dans une cucurbite ou un alambic garni de fon chapiteau & de fon récipient toute la liqueur confondue dans la diftillation; la vapeur aqueufe étant très-volatile, s'élèvera au dégré de chaleur convenable, tandis que l'acide plus fixe reftera au fond du vaiffeau, débarraffé de la majeure partie de cette eau furabondante qui, loin de conftituer fon effence, ne fait que l'affaiblir.

On a vu que l'on pouvait obtenir l'acide vitriolique de l'alun, on verra qu'on peut le retirer du foufre.

Efprit de vitriol.

L'efprit de vitriol proprement dit eft cette partie aqueufe qui paffe la première dans l'opération pré

« AnteriorContinuar »