D.

DECANTER. Ceft verfer doucement & en inclinant le vaiffeau, la liqueur qui y eft contenue avec l'attention qu'elle foit toujours claire, limpide, & qu'elle ne foit point altérée par le marc, le fédiment, ou le réfidu qu'elle a dépofé.

DECOCTION. Nom commun à l'opération par laquelle on fait bouillir dans l'eau une substance quelconque, ou à l'eau elle-même chargée des principes d'un végétal après l'ébullition.

DECREPITATION. Bruit que font dans le feu certains fels, le filex, les argilles qui ont conservé leur humidité. Ce phénomene eft occafionné par la prompte féparation des parties de ces corps, & par l'eau qui faifie par une chaleur fubite, réduite en vapeurs, écarte & fait fauter avec un pétillement fonore les parties qui la comprimaient.

DEFLEGMATION. Une fubftance eft déflegmée lorfque par la diftillation ou l'évaporation on lui a enlevé fon eau furabondante.

DELIQUIUM, DÉFAILLANCE. Termes fynonimes qui fignifient la propriété de certains corps concrets & folides d'attirer puiffamment l'humidité de l'air, de s'en pénétrer au point de changer de forme, & de devenir eux-mêmes liquides. On nomme deliquefcent le corps qui fubit ce changement de modification. Telle eft la maffe vitriformę d'où réfulte la liqueur des cailloux. C'eft un corps folide qui a délité, ou qui eft tombé en déliquium.

DENIER. Terme de monnaye. Parties imaginaires dans lesquelles on fuppofe une maffe d'argent divifée pour en conftater le titre, ou le denier de fin. Pat exemple, une maffe d'argent quelconque

eft fuppofée de double deniers de fin dans fon plus grand état de pureté. Elle ne fera plus qu'à onze, dix, neuf; fi on y fait entrer une, deux ou trois parties de fon poids d'alliage, ainfi de fuite, en proportion de la maffe ajoutée. Pour conftater d'une façon précise le titre de l'argent, on subdivise le denier en vingt-quatre grains.

DEPART. Terme de monnaye. Opération par laquelle on fépare l'or & l'argent l'un de l'autre, lorfqu'ils fe trouvent en maffe d'agrégation. Le départ fe fait par la voie fèche, par ia voie humide, & par la cementation: ce dernier fe nomme départ concentré.

DEPURATION OU CLARIFICATION. C'est lorfqu'une liqueur fe clarifie d'elle-même ou par le fecours de l'art.

DÉTONNATION. Bruit, explofion qui fe fait par la fubite inflammation de certains corps combuftibles, tels que l'or fulminant, la poudre à canon, la poudre fulminante & le nitre.

DIGÉRER. Un corps eft en digeftion lorsqu'on l'expofe à une chaleur douce, & que l'opération fe fait dans un certain laps de tems, & dans les vaiffeaux convenables.

DILATATION ou RAREFACTION. Un corps eft raréfié ou dilaté, lorfqu'il occupe fans augmenter de poids, un plus grand efpace que fon volume.

DISSOLVANT, DISSOLUTION. Diffolvant, ou menftrue, eft une fubftance quelconque dont les parties intégrantes agiffent fur celles du corps qu'il diffout quoique d'une nature différente, au point qu'elles fe pénètrent mutuellement, s'uniffent enfemble, d'où il réfulte un nouveau compofé; ainfi la diffolution & la combinaison font termes fynonimes. D'après cette définition, il eft clair que le

diffolvant & le corps diffous agiffent réciproquement l'un fur l'autre, & fe didolvent mutuelle

ment.

Il est différentes espèces de diffolvans; les eaux fimples, les eaux diftillées font le diffolvant des fels, des gommes, des extraits aqueux, des favons. Le diffolvant huileux agit fur le toufre & fur les réfines.

Les diffolvans fpiritueux, tels que l'efprit de vin, les eaux fpiritueufes aromatiques, fervent pour les réfines, les, favons, tur lefquels ils agiffent plus ou moins efficacement que les matières huileufes, felon la nature & les propriétes des fubftances.

L'eau forte, l'eau régale font les diffolvans des métaux.

Les diffolvans alkalins s'employent pour les pierres, les terres dont ils achevent & facilitent la fufion.

Les diffolvans falins font les acides, & les alkalis fixes & volatils.

La diffolution peut s'opérer encore par la voie humide ou par la voie fèche. La diffolution par la voie humide eft celle où l'une des deux fubftances. ou toutes les deux font dans l'état fluide; telle ef celle d'un fel diffous dans l'eau, ou la diffolution de deux acides.

La diffolution par la voie fèche est celle où l'u des deux corps, ou tous les deux, ont befoin d'êtr liquéfiés ou mis en fufion par le feu: telle est vitrification & la fufion des métaux alliés & com binés les uns avec les autres.

DISTILLATION. Opération qui par le moye du degré de chaleur plus ou moins fort, & condu à volonté, donne les principes fluides ou volati

des corps. Il eft deux manières de diftiller per afcenfum & per latus. La diftillation per afcenfum eft celle où le feu appliqué à nud, ou tranfmis par le bain à la partie inférieure du vaiffeau, fait monter les vapeurs au chapiteau,

La diftillation per latus ou par le côté, est celle qui fe fait par la cornue. Elle prend ce nom de la configuration du vaiffeau des vapeurs qui ne peuvent fortir que latéralement, & de l'action du feu qui porte fur le côté de la cornue.

DIVISION. Séparation des parties d'un corps par les inftrumens méchaniques.

DOME. Pièce qui a la forme d'une demi-fphère creufée, qui termine par le haut les fourneaux, & fingulièrement les fourneaux portatifs.

DUCTILITÉ. Propriété de certains corps métalliques qui peuvent fans fe rompre, s'étendre & s'allonger à la filière.

DULCIFIER. C'eft diminuer l'action caustique, corrofive de certaines fubftances, par le mélange ou combinaison d'une autre qui en adoucit l'effet, La dulcification eft dite particulièrement pour le mélange des acides avec l'efprit de vin.

E.

EBULLITION. Degré de chaleur le plus confidérable que l'eau puiffe recevoir.

ÉCROUISSEMENT. Dureté, roideur que contractent les métaux long-tems battus à froid, & fingulièrement l'or & l'argent.

EDULCORATION. Procédé fimple par lequel on enlève par les lotions répétées s'il eft néceffaire par le moyen de l'eau, les parties falines, cauftiques, mordicantes, qui adhèrent à certaines

fubftances fans combinaison intime. Le lavage de la poudre d'algaroth, de l'antimoine diaphorétique, du kermès minéral, eft une véritable édulcoration. EFFERVESCENCE. Action de deux substances qui agiffent l'une fur l'autre, avec bouillonnement, gonflement, fifflement, vapeurs, chaleur quelquefois fi confidérable, qu'il en résulte une inflam

mation.

EFFLORESCENCE. Action de l'air fur certains corps qui les réduit en pouffière par defficcation, ou par décompofition."

EMAIL. Compofé de matières vitrifiées & non vitrifiées, qui, à la transparence près, réunit toutes les qualités du verre. Il en eft de toutes couleurs. Il fert de couverte à la fayence, à la porcelaine, & l'émail coloré s'employe dans les peintures dont on embellit la porcelaine & la fayence.

EMPYREUMATIQUE. Epithète de l'odeur forte, défagréable que prennent les matières végétales & animales, lorfqu'elles éprouvent l'action du feu

dans les vaiffeaux clos,

ENS MARTIS, ENS VENERIS. Nom que l'on donne aux fleurs de fer ou de cuivre, fublimées par le fel ammoniac.

EPUISÉ. Se dit d'un corps qui eft un véritable caput mortuum, qui après avoir fubi différentes opérations ne peut fournir aucun principe.

ESPRIT. C'eft la partie la plus tenue, la plus fubtile, la plus volatile de la matière fur laquelle on procède. On donne ce nom généralement à toute liqueur retirée d'une fubftance quelconque par la diftillation. Il en eft de trois fortes: les efprits alkalins, les acides & les inflammables. On nomme efprit recteur, un principe fubtil, atténué, dans lequel réfide l'odeur du végétal.