par la même portion d'alkali, & qui n'eft point converti en bleu de Pruffe.

3°. Le véritable bléu de Pruffe formé par la portion du vitriol de mars, que la matière phlogistiquée contenue dans l'alkali a précipité en bleu.

Ce précipité confondu mêlé avec les autres, ne paraît pas d'abord fous fa couleur bleue. L'avivage la rend fenfible, parce que l'acide marin diffout le fer précipité qui n'eft point converti en bleu de Pruffe. Il ne touche que très peu à la terre de l'alun, & encore moins le bleu de Pruffe bien formé qui eft inattaquable par les acides.

Cette opération eft un exemple de double affinité qui, comme on fçait, eft compofée du jeu de quatre fubftances, puisqu'il en résulte deux décompofitions & deux nouvelles combinaisons.

L'acide vitriolique, un acide quelconque, le fer feul n'a aucune action fur la matière phlogistique ou colorante combinée avec l'alkali, Si vous combinez enfemble l'acide & le fer, ils agiffent enfemble fur le compofé d'alkali & de phlogistique. Le fer s'empare de la matière colorante, & forme avec elle le bleu de Pruffe. L'acide vitriolique s'unit à l'alkali & forme néceffairement le tartre vitriolé. Il s'enfuit que l'on peut faire fans alun du bleu de Pruffe, qu'il n'eft pas alors néceffaire de l'aviver, & que ce bleu fera auffi parfait que celui pour lequel l'alun & l'avivage auront été employés.

Décompofition du bleu de Pruffe.

Les alkalis décompofent le bleu de Pruffe, &. s'emparent de la matière colorante ; l'alkali fixe fe charge de cette fubftance jufqu'à faturation, & lorfqu'il eft parfaitement faturé il n'attaque plus le bleu de Pruffe, & ne change en rien fa couleur. Ce

qui reste après que le bleu de Pruffe eft décoloré; c'eft le fer privé de la matière colorante. La liqueur alkaline de cette opération s'appelle alors alkali faturé de la matière colorante du bleu de Pruffe.

Cette liqueur n'a plus de faveur alkaline, elle ne fait aucune effervefcence avec les acides. Elle ne change plus en verd les couleurs bleues des végétaux; elle ne précipite plus la terre des fels à bafe terreufe; elle précipite toutes les matières métalliques mifes en diffolution dans un acide quelconque fous des couleurs particulières à chaque espèce de fubftance, & toutes différentes. Enfin elle précipite le fer tenu en diffolution dans un acide quel & le convertit en très beau bleu de

conque, Pruffe.

Fufion, calcination & réduction de l'étain.

L'étain eft un des métaux dont la fufion eft la plus facile. La fonte de ce métal fe décide long-temps avant que l'action du feu le faffe rougir. Le même degré de feu qui opère fa fufion fuffit également pour le calciner, ou du moins le priver d'une affez grande partie de phlogistique pour le réduire en une chaux grife, blanchâtre, connue fous le nom de chaux d'étain, que l'on fait paraître fous fa forme métallique, par l'addition du phlogistique, & en faifant revivifier le métal par le moyen du feu.

L'étain mêlé avec le nitre le fait détonner; pendant cette opération le mélange donne une flamme affez vive. La calcination de l'étain eft accélérée par ce procédé, & le résidu eft une chaux d'étain, & l'alkali du nitre que l'on trouve au fond du creufet. Les vapeurs de ces différentes calcinations ont toutes une odeur d'ail que leur donne l'arfénic avec lequel l'étain eft mêlé pour l'ordinaire,

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Si l'on pouffe la calcination de cette chaux d'étain avant l'addition du phlogistique, elle fe dépouille de plus en plus de ce principe: elle devient plus blanche, plus dure, & plus réfractaire. On la nomme dans cet état potée d'étain. Elle eft employée utilement dans les arts pour polir les verres & les corps durs.

Si l'on ajoute du foufre dans la fufion de l'étain, ce métal devient aigre, caffant, plus réfractaire que lorsqu'il eft pur, difpofé en facettes dans fa caffure, ainfi que le zinc.

Fleurs, chaux rouge & verre d'étain.

L'étain très-pur expofé feul fous une moufle, dans un teft découvert à un feu de verrerie, dont l'activité eft foutenue pendant deux heures, fe calcine. Une partie donne une chaux de la plus grande blancheur, ou fe fublime en forme d'aiguilles blanches & brillantes, fi l'opération s'eft faite dans un creufet. On nomme cette fublimation fleurs d'étain: fi le feu a été pouffé vivement, ces fleurs couvrent une chaux rouge élevée en végétation, fous laquelle fe trouve une partie de la chaux d'étain qui a fubi une belle fufion, & qui forme un verre d'étain net & tranfparent de couleur d'hyacinthe; ce qui prouve que la chaux d'étain, ainfi que la plupart des chaux métalliques peut entrer en fufion, & fe vitrifier.

Diffolution de l'étain par les acides minéraux

& l'eau régale.

La diffolution de l'étain par l'acide vitriolique a besoin d'être aidée d'un certain degré de chaleur. La diffolution eft d'une couleur noirâtre : elle dépose beaucoup de chaux d'étain totalement privée

de phlogistique, & indiffoluble dans les acides. Il s'en exhale une odeur forte d'acide fulfureux volatil, & le foufre formé par l'union de l'acide & du phlogistique de l'étain vient nager à la furface.

La diffolution par l'acide nitreux fe fait avec une très-grande violence. Cet acide corrode, calcine l'étain plutôt qu'il ne le diffout, fur-tout lorfque ce métal eft bien divifé. Le principe inflammable étant développé dans l'étain, l'acide attaque ce métal par le même principe, le lui enlève & le réduit en chaux auffi dépourvue de phlogistique que fi elle avait éprouvé le plus fort dégré de calcination par le moyen du feu. Cette chaux eft blanche, indiffoluble dans tout acide, fupérieurement réfractaire, & s'employe utilement dans la compofition de l'émail blanc.

L'acide marin diffout parfaitement l'étain. Mettez de l'étain pur & en grenailles dans un matras ; verfez deffus de l'acide marin fumant, il fe décolore, diffout plus de la moitié de fon poids de métal avec une effervefcence modérée, & fe combine avec lui jufqu'à parfaite faturation. La diffolution exhale des vapeurs défagréables & femblables à celles de l'arfénic: elle eft blanche, limpide comme la plus belle eau, quoiqu'exactement faturée. Si vous confervez de cette diffolution dans un flacon pendant l'hyver, elle fe réduit prefque toute en cristaux que la chaleur de l'été liquéfie, & quelques années révolues, il fe dépofe au fond du flacon une matière blanche.

Faites évaporer cette diffolution, vous obtiendrez des criftaux aiguillés qui ne font point déliquefcens, qui n'attirent point l'humidité de l'air, & que l'on nomme fel de Jupiter, fel peu connu. On l'obtient encore de la décompofition à l'aide de

la chaleur par l'intermède de l'étain qu'on unit à l'efprit de fel, & d'une combinaison de l'acide marin avec cette fubftance métallique, par exemple, en décompofant le fublimé corrofif par l'intermède de l'étain, procédé qui a pour caufe la plus grande 1 affinité de l'acide avec l'étain qu'avec le métal auquel il était combiné.

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La diffolution de l'étain par l'eau régale, ainfi que celle du fer, s'opère en raifon des propriétés du diffolvant qui participe de celles des deux acides: conféquemment fi leurs proportions font égales dans la compofition de l'eau régale, les phénomènes doivent fe préfenter à raifon de cette égalité; mais fi l'un des deux eft dominant, ils fe rapprochent de ceux qui font opérés par l'acide pur: conféquemment l'étain n'eft point détruit, calciné. corrodé comme par l'acide nitreux; l'action de cet acide, ainfi que l'effervefcence, eft modérée par l'efprit de fel qui entre, ainfi que lui, dans la compofition de l'eau régale.

Pour bien diffoudre l'étain dans l'eau régale, il faut avoir l'attention de ne jetter qu'à chaque fois une petite quantité de ce métal, & de laiffer faire la diffolution complette avant d'en ajouter de nouveau, autrement la chaleur & l'activité fe porteraient fur l'étain avec une telle violence, que la majeure partie de l'étain fe trouverait calcinée, précipitée de même que par l'acide nitreux pur. Mais en attendant la fin de l'effervefcence, on peut faturer l'eau régale au point qu'elle devient vifqueufe, épaiffe, & prend la confiftance d'une réfine liquide. Cette diffolution varie; elle eft d'un jaune ambré ou de couleur de cramoifi fale, & quelquefois fans couleur.

L'aide de la chaleur développe l'action de l'acide