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devons les aurores, les crépufcules & l'effet de la lumière qui nous éclaire. C'eft par l'air que tout animal refpire, afpire: il eft avec le feu & l'eau l'ame des végétations; fans lui point de productions, point de vie, point d'existence fenfitive & générative. Par un effet contraire, cet air créateur, confervateur, attaque, détruit, anéantit les corps les plus durs : les fubstances pierreuses, métalliques, les pierres, les marbres, les métaux imparfaits ne peuvent résister à fon action, qui les détruit par laps de temps.

La pefanteur de l'air eft à celle de l'eau à peu près comme i eft à 850. C'est à cette pefanteur que font dus les baromètres, les pompes, les fyphons. Une colonne d'air, du haut de l'atmosphère jufqu'à nous, c'est à dire, de dix-huit à vingt lieues de hauteur, à diamètre égal, pèse autant que vingthuit pouces de mercure, ou trente-deux pieds d'eau. Un pied quarré bafe de cette colonne pèse 1728 livres, & tout homme (fa surface eftimée quinze pieds quarrés) preffé en tout fens par l'air, en foutient une maffe de 25900 livres, & l'effort de cette maffe, la pefanteur de cet élément le décide à fe précipiter impétueufement dans tous les efpaces qu'il n'occupe pas, & où il peut trouver accès lorfqu'ils ne font pas remplis par des corps plus pefans que lui.

On eftime que l'air que nous refpirons eft quatorze mille fois plus denfe que celui de l'extrémité de l'atmosphère, & foixante-dix mille fois moins rare que l'éther. Il ne faut pas confondre cet æther avec l'éther liqueur. Celui dont il est question eft un air fupérieurement raréfié, dont la machine pneumatique ne peut fe purger entièrement. On vient de voir qu'il eft foixante-dix mille fois plus

rare

rare que celui que nous refpirons. On eftime que l'air de la région fupérieure de l'atmosphère eft un million de fois plus rare que l'or; conjectures d'approximation dont l'expérience ne peut démontrer l'exacte certitude.

L'air eft fufceptible de compreffion & de dilatation: la chaleur le dilate, le raréfie; & pouffée à un degré éminent, elle lui fait occuper un espace treize à feize fois plus grand que fon volume ordinaire. Cette faculté que l'air a de fe dilater, jointe à la quantité qui fe dégage des corps dans la majeure partie des opérations chymiques, occafionne l'explosion & la rupture des vaiffeaux.

Le froid & la compreffion agiffent fur l'air par un effet contraire. Le reffort, la force de cet élément qui le portent à fe remettre dans fon état naturel, font la caufe de fon élasticité.

Dans la plus grande dilatation de l'air par le feu le plus violent, jamais il ne résulte un vuide parfait; il refte toujours une portion d'air, même lorsque le vafe qui le renferme eft chauffé au rouge blanc. Lorfque le feu diminue, l'air en fuit la progreffion rétroactive; il fe condenfe, fes parties fe rapprochent les unes des autres, & il n'occupe plus que fon premier espace.

L'air doit au feu fa fluidité; fans cet agent il deviendrait une maffe folide, impénétrable. L'air eft le principe du fon; il le propage à onze cents pieds. dans une feconde. Sa température eft la même quand l'eau commence à dégeler, & lorfque la glace commence à fe fondre. Il agit tellement fur nos fens, que fur les plus hautes montagnes le fon perd fa force, le poivre, le gingembre, l'efprit-de-vin & autres liqueurs fpiritueufes font prefque infipides. L'air, ainfi que les autres élémens, tend à un

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parfait équilibre. Cet équilibre dérangé par un air plus vif, plus agité, eft la caufe du vent. Ainfi que le feu, il eft fous deux états différens; d'abord pur, ifolé , ne faifant partie d'aucun corps, ou bien il eft combiné avec d'autres fubftances. Il fait alors fonction de principe ou de parties conftituantes de plufieurs corps compofés, principalement des végétaux & des animaux. L'air pur, ifolé fe trouve difficilement: il fe charge des odeurs, des molécules auffi déliées que lui, de l'humidité, qualité effentielle à ceux qui le refpirent. Après le feu, c'est l'élément le plus léger: donc il est toujours à la furface des corps avec lefquels il n'eft pas combiné; il ne les pénètre que lorfqu'il ne rencontre point de matière plus pefante que lui, & qui s'oppose à fon paffage:

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Quand l'air entre dans la combinaison des corps comme principe conftituant, alors il perd toutes fes propriétés; ce n'eft plus qu'un air qui s'eft confolidé en s'affimilant aux fubftances animales & végétales. Dans cette hypothèse, il n'entre dans la compofition des corps qu'en fe combinant avec un principe qui nous eft inconnu: ainfi que le feu fous la forme du phlogistique, il devient principe fecondaire. Cet air combiné doit être diftingué de celui qui n'est qu'interpofé entre les parties des corps. Ce dernier peut en être féparé par des moyens méchaniques, au lieu que le premier ne peut l'être que par la décompofition des corps.

L'air eft l'ame le véhicule de la combuftion. Sans lui les corps les plus combustibles ne peuvent s'enflammer; ils s'éteignent même lorsqu'ils font embrâfés, fi on les prive de l'air libre. Une bougie allumée mife fous une cloche de verre renverfée, & jointe exactement au fupport de la machine pneu

matique brûle, mais toujours en s'affaibliffant, & finit enfin par s'éteindre. On trouve après l'extinction de la bougie un vuide réel d'air fous la cloche, & la cloche adhérante auffi fortement au fupport que fi l'on avait fait jouer la pompe de la machine. On préfume de ces phénomènes que la pefanteur, l'élasticité de l'air réuniffent le feu, raffemblent fes parties, entretiennent fon action, & l'appliquent immédiatement fur les matières combuftibles. Le charbon allumé s'éteint néceffairement, lorfqu'il eft couvert d'un vaiffeau qui intercepte l'action de l'air libre. Ces expériences, ainfi que mille autres qui font à la connaiffance de tout le monde, prouvent la néceffité du véhicule de l'air pour la com-. buftion. Une autre semble la détruire.

On enferme du charbon dans une boëte de fer ou de terre fermée exactement. On met cette boëte dans un fourneau. Quelque violent que foit le feu, quelque longue que puiffe être fon action, lorfque la boëte eft refroidie, le charbon n'a fouffert aucune combustion, aucune altération, n'a rien perdu de fon poids. Il eft conftant que le mouvement igné a été appliqué immédiatement au charbon, & que fa partie inflammable a été dans un embrâfement continuel.

Cette feconde expérience ne détruit point la vérité de la première. Le charbon est privé d'air extérieur, & défendu par la boëte qui le renferme de toutes matières qui par leur raréfaction confidérable font l'office de l'air, mais qui ne peuvent fe volatiliser dans un vaiffeau clos. La matière inflammable n'eft point fufceptible de dilatation, elle eft plus capable pendant fa combuftion d'abforber l'air, que d'en fournir. Le charbon dans la dernière expérience eft continuellement pénétré de feu,

mais c'eft un feu étranger qui ne détruit point le principe inflammable, & qui eft alimenté par le feu extérieur: donc il eft toujours démontré que l'air eft le véhicule de la combustion.

De l'Eau.

L'eau, ainfi que le feu & l'air, est un élément. C'est un fluide fimple, tranfparent, fans odeur, fans couleur, fans faveur. Son état naturel eft d'être glace. Elle le feroit fans le feu qui circule entre fes parties, & qui eft interpofé entre fes parties. Ainfi que tous les liquides elle tend à un parfait niveau. Elle gèle du centre à la circonférence, & dégèle en raifon inverfe. Lorfque la congélation s'opère fans que rien s'oppofe au libre arrangement de fes parties, la maffe de la glace eft un compofé d'aiguilles qui fe croifent, s'arrangent fymétriquement les unes fur les autres, en formant des angles de 60 ou de 120 degrés.

L'eau qui a dix-neuf fois moins de matière, ou trente-huit fois plus de pores que l'or, qui eft à l'air comme 850 eft à 1, ne peut être comprimée. Elle paffe au travers des pores du métal le plus compact, de l'or même applati jufqu'à parfaite jonction. Donc l'eau n'eft ni compreffible, ni élaftique. Plus elle eft pure, plus elle s'évapore aifément. L'eau des fources, des rivières, les eaux limpides fe diffipent plus aifément que l'eau de la mer, & les eaux falées. Le vent, l'air libre, le feu facilite fon évaporation. Ses parties font fupérieurement déliées, on n'a pu en déterminer la propor-. tion, pas même par eftime, par approximation. On préfume que les parties de cet élément font plus tenues que celles de l'air, puifqu'elles trouvent paffage dans les corps où l'air ne peut pénétrer, &

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