Imágenes de páginas
PDF
EPUB

font rangés les pierres, les terres, les métaux & les minéraux, enfin tous les corps qui font connus pour n'avoir aucun principe huileux, qui n'exiftent point, ne s'accroiffent point par une végétation fenfible, périodique, alimentée par des fucs nourriciers, ainfi que les herbes, les arbres, & les plantes.

Des Terres en général.

Après avoir confidéré la terre comme élément, on ne s'arrêtera qu'à deux divifions. On verra que les terres & les pierres qui fuivent le même ordre ne font que des modifications de ces deux diftinctions. On diftingue la terre en vitrifiable & calcaire.

Des Terres vitrifiables.

L'épithète de vitrifiable que l'on donne aux terres, aux pierres, pourrait induire en erreur. Elle femble préfenter à l'idée que cette espèce eft la plus aifée de toutes à mettre en fufion, à vitrifier. Cependant elle a des propriétés contraires. Il en eft dans cette claffe qui peuvent aisément entrer en fufion, & fe changer en verre par l'action d'un feu violent mais elles ne font fufibles que par les matières hétérogènes qu'elles renferment. On a donné le nom de vitrifiables aux terres, qui quoiqu'impures, font plus dures, plus tranfparentes que les autres, & font capables de transmettre ces qualités au verre & au criftal artificiel. Il eft conftant d'après nombre d'expériences, que les terres vitrifiables, lorfqu'elles font pures, font les moins fufibles, & les plus refractaires de toutes.

Les terres vitrifiables font les plus pefantes de toutes les terres; elles fe préfentent fous deux formes, en maffe, ou en pouffière plus ou moins fine.

Les terres vitrifiables en maffe fe nomment pierres; elles varient à l'infini: les unes font tranfparentes, d'autres opaques, d'autres criftallifées. Ce font les plus pures de toutes. Telles font le diamant & le criftal de roche. Il en eft qui ne font criftallifées qu'en partie. Il en exifte enfin de colorées par les matières phlogistiques, ou métalliques. Telles font les faphirs, les rubis, & autres dont on donnera l'énumération. Il en eft enfin qui ne font point criftallifées. Les pierres vitrifiables n'admettent entr'elles aucune forme régulière. Lorsqu'elles font en pouffière plus ou moins fine, elles fe nomment fable, fablon, gravier. Il en eft dont les parties font homogènes, & d'autres qui font un compofé de parties hétérogènes..

Les terres vitrifiables pures n'ont ni odeur, ni faveur; l'eau, l'air, les acides ne peuvent les attaquer. Elles réfiftent à la dernière violence du feu', elles n'en éprouvent aucune altération, aucune diminution. Elles s'agglutinent, & ne peuvent entrer en fufion que par l'intermède d'une matière alkaline. Il en faut moins que pour les terres calcaires. Les pierres vitrifiables ont une dureté capable de faire feu contre l'acier, excepté le fpath fufible, & la pierre ponce. Les fables ont la même dureté, étant de même nature. On les employe à polir, à nettoyer les corps durs. On met dans la claffe des terres vitrifiables, l'argille & l'alun.

De l'Argille.

L'argille eft une terre fupérieurement divifée, unie à l'acide vitriolique; il entre dans fa compofition plus de terre que d'acide. On peut la regarder comme une felenite à bafe de terre vitrifiable , peu diffoluble dans l'eau, qui par la furabondance de la

terre qui forme fa combinaison, s'éloigne de l'état falin: qui contient un fable très - fin qui n'en eft féparable que par des moyens chymiques, qui varie infiniment pour fes couleurs, pour la quantité d'acide vitriolique qui eft jointe, & qui lorfqu'elle fe trouve combinée à parties égales de terre & d'acide, devient plus diffoluble dans l'eau, & donne des cristaux qui font de l'alun.

L'argille fe délaye dans l'eau; elle est visqueuse, tenace, formée de particules graffes au toucher; elle s'attache à la langue, se tourne aifément à la roue, fe durcit au feu plutôt ou plus tard felon fa qualité. Lorfqu'elle eft humectée elle fe gonfle au feu violent fans éclater, mais lorsqu'elle eft parfaitement féche, le même coup de feu la fait éclater avec explosion, & la réduit en pouffière. Lorfqu'elle eft pure le feu le plus actif ne peut la faire entrer en fufion; dans fon état de pureté elle eft inattaquable par les acides, autrement elle s'y diffout en partie. Les argilles les plus blanches font les plus pures de toutes.

La couleur de l'argille eft indéterminée. Il en eft de noire. Cette couleur lui vient de l'émanation des fucs végétaux & animaux décompofés, qui font une matière phlogistique. Telle eft celle de Montereau. Celle des environs de Rheims eft verte relativement au cuivre, au verd de gris qui s'y trouve diffous. Les terres nommées Bols d'Arménie font des argilles colorées par le fer. Il en eft de blanches, de rouges, de jaunes, de bleues, de grifes, de colorées comme le marbre; toutes contiennent plus ou moins d'acide vitriolique. Les argilles colorées pour l'ordinaire font mêlées de pyrites entières, ou dans un état d'efflorefcence. Les différentes couleurs de l'argille lui font étran

gères; elles font l'effet des matières animales, végétales ou métalliques, réduites au dernier degré de divifion.

Les argilles colorées blanchiffent à un léger coup de feu mais le degré néceffaire à leur cuiffon ranime les couleurs qui avaient difparu, & quelquefois en ajoute de nouvelles. Les argilles blanches font moins liantes que les colorées, leurs parties étant moins divifées, & fe trouvant ordinairement mêlées avec du talc ou du mica. La violence du feu n'anéantit point l'existence totale de l'acide qui entre dans leur compofition; phénomène prouvé, démontré par les obfervations & les expériences multipliées.

De l'Alun.

L'alun eft une félénite vitrifiable. C'est une terre argilleufe très-déliée, combinée, à parties égales avec l'acide vitriolique, & qui diffère par fa base de la félénite calcaire. La faturation de l'acide & de la terre n'est pas parfaite dans la compofition de l'alun. Il a une faveur douceâtre, aftringente. Il se diffout dans l'eau froide, & en plus grande quantité dans l'eau chaude. Il peut fe criftallifer par évaporation & par réfroidiffement. Il retient en fe criftallifant prefque la moitié de fon poids d'eau.

L'alun eft naturel, ou artificiel, puifqu'on peut en former dans les laboratoires d'auffi parfaits que celui que donne la nature. Sa décompofition est facile. Elle s'opère par l'intermède de toute fubftance qui a une plus grande affinité avec l'acide vitriolique que l'alun, cet acide n'étant que faiblement combiné avec lui. L'alun naturel eft connu fous les noms d'alun de glace ou de roche, d'alun de plume, & d'alun de Rome.

L'alun de glace, ou de roche, noms confondus dans le commerce, eft celui que l'on retire des travaux des pyrites. Rarement il eft pur, à cause des matières vitriolifées qui fe rencontrent dans les pyrites.

L'alun de plume porte ce nom d'après fa cristallifation, il eft fort rare. C'eft une matière faline tirée des eaux minérales alumineuses, qui fe trouve criftallifée naturellement dans les grottes où elle paffe, & qui foumife à la diffolution comme l'alun fe criftallife dans l'eau en façon de barbe de plume. L'alun de Rome eft ainfi nommé du territoire qui le fournit. Il est commun: on l'obtient d'une pierre dure que l'on trouve à quarante-deux milles de Rome. Il est très-pur, il n'eft point en masse volumineuse comme l'alun de roche. On le trouve en morceaux de groffeur proportionnelle entre celle de l'amande & de l'œuf. Cet alun eft le plus cher & le plus recherché. L'alun en général est fort employé dans différens arts. Il eft l'ame de la teinture, & fon ufage eft indifpenfable pour donner de la folidité à toutes les couleurs, dans les fubftances gommeufes, extractives.

Dénomination des Terres vitrifiables & argilleuses. Les terres vitrifiables & argilleufes font:

1o. La terre à potier. Elle n'eft point mêlée de fable; elle eft groffière; elle varie dans fes couleurs, & la différence des parties qui la compofent la rendent plus ou moins réfractaire à la violence du feu, avant que d'entrer en fufion.

2o. La glaife. Elle eft groffière, mêlée de fer & de fable.

3°. Les bols, les terres figillées : ce font des argilles colorées.

« AnteriorContinuar »