TRAITÉ

DE CHYMIE.

INTRODUCTION.

Définitic de la Chymie.

A CHYMIE n'eft point une science conjecturale, l'expérience en démontre la vérité. Elle a pour objet l'analyse, la combinaison de tous les corps pour en former de nouveaux compofés.

Divifibilité de la matière.

La matière eft divisible, & indivisible à l'infini. Métaphyfiquement, elle eft divifible; phyfiquement, elle eft indivifible.

Nombre d'expériences prouvent la divifibilité nétaphyfique de la matière, & fon infini. Faites dffoudre un grain de cuivre rouge avec du fel anmoniac, verfez cette diffolution dans trois livres deux onces d'eau. La diffolution donne une teinture à toute l'eau qui préfente 10500 pouces cubiques ou environ. Chaque pouce cubique

donne 216 millions de parties vifibles. Donc un feul grain de cuivre fe trouve divifé en autant de parties aqueufes, multipliées l'une par l'autre, puifqu'il donne une teinture à toute la maffe.

Quelques gouttes d'huile effentielle de rofes parfument plufieurs pintes d'efprit de vin, & leur donnent une odeur fenfible.

Ces phenomènes font peu de chofes, comparés avec la matière divifée qui s'échappe des corps odoriférans. Les odeurs qui s'exhalent d'un parterre garni de fleurs, fe répandent au loin, parfument un air libre, & qui fe renouvelle fans ceffe. Une once de mufc fans rien perdre de fon poids, exhale pendant des années entières une odeur très-fortes. Ces corpufcules odoriférans rempliffent de vaftes efpaces, & communiquent en fe divifant leur parfum à un air qui circule, & fe renouvelle continuellement. Cette divifibilité eft au-deffus de tout calcul.

La divifion méchanique ne peut approcher de ces phénomènes, elle ne peut décompofer les corps en les divifant. Suppofez une maffe de différens métaux également, intimément combinés enfemble, une maffe terreufe dans le même état réduifez l'une ou l'autre en poudre impalpable, dernier degré de la divifion méchanique, chaque parcelle de la maffe métallique ou terreufe fera toujours un corps mixte, compofé des différentes fubftances qui formaient le total. Donc cette di vifion méchanique eft infuffifante pour le but que fe propofe le Chymifte. On a eu recours à des inftrumens plus déliés, & l'on doit l'analyfe, la décompofition des corps aux élémens ou principes dont ils font conftitués.

Union & compofition des corps.

Tous les corps de la nature font fimples ou compofés. Ils font fimples, lorfque plufieurs molécules d'une même nature, d'une même qualité, d'une même espèce, forment par leur jonction une maffe plus ou moins volumineuse, à raison de la quantité de ces molécules.

Les corps font compofés, lorfque des molécules de deux ou plufieurs natures différentes entr'elles concourent par leur union à la formation d'un corps qui participe des principes différens qui conftituent fon exiftence. Les premiers corps fe nomment aggrégats, ou aggrégés; les feconds, compofés ou mixtes.

A parler ftrictement, il n'eft dans la nature de corps fimple que les élémens, encore confidérés dans leur plus grand état de pureté. On pourrait mettre encore au rang des fubftances fimples un acide bien concentré, un métal parfait exactement purifié. Cette opinion fur les métaux ne peut être combattue que par l'expérience de l'analyse. Les métaux parfaits font indeftructibles. On ignore complétement ce qui peut concourir à les former dans le laboratoire de la nature, & jufqu'à ce jour, ils peuvent être regardés comme un affemblage de principes primitifs d'une même nature, principes inaltérables, & qui ne peuvent être décomposés. Le temps, la progreffion des connaissances donneront peut-être un jour des notions totalement contraires à ce fyftême.

Les parties qui forment un corps fimple fe nomment homogènes; celles d'un corps compofé, hétérogènes.

TRAITÉ DE CHYMIE.

Les parties hétérogènes fe nomment parties conftituantes, qu'il ne faut pas confondre avec les parties intégrantes. Ces dernières font les molécules d'un corps divifé méchaniquement, au point de ne pouvoir plus l'être fans le fe ́cours de l'analyse.

Il eft effentiel de connaître les termes confacrés à une Science quelconque, & d'entendre leur définition. Sans cette notion préliminaire on feroit arrêté à chaque pas.

A.

ACETEUX. On donne ce nom à toute substance qui participe des propriétés du vinaigre.

ACIDE. Ceft un des premiers agens de la nature, & l'un des plus actifs. C'est la fubftance faline la plus fimple. On les obtient des trois règnes.

ACIDULE. Qualité de certaines eaux miné

rales.

AFFAIBLI. Se dit d'un acide quelconque rendu moins actif par fon mêlange avec l'efprit de vin, l'eau, ou telle autre liqueur. L'eau forte eft l'acide nitreux affaibli par l'eau. Les Ethers font des acides affaiblis par l'efprit de vin.

AFFINAGE, terme de monnaie. Opération par laquelle on purifie les métaux parfaits.