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D. Quel eft le remede qu'il faut propofer aux ames qui fe trouveroient coupables de cette negligence?

R. C'eft 1. De faire une ferme refolution de s'inftruire à l'avenir en détail des Com→ mandemens de Dieu, & de fes devoirs.

2. D'apprendre à s'examiner fur tous les pechez qu'on peut avoir commis.

3. De faire une Confeffion generale de toute fa vie, la plus exacte qu'il fera poffible, à une perfonne intelligente & éclairée.

4. De faire à l'avenir le principal de fes foins de s'inftruire des regles qu'on doit gar der dans la conduite de fa vie,

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CHAPITRE III.

Comment on doit regarder les Commandemens de Dieu, & avec quelles difpofitions il faut recevoir les inftructions qu'on nous en donne.

D.

C

Omment faut-il regarder les Com mandemens de Dieu ?

R. Il les faut regarder en premier lieu, comme l'unique voye de la vie, felon qu'il est dit: a Si vous voulez marcher dans le chemin de la vie, gardez les Commandemens. Car hors de l'obfervation des Loix de Dieu, toute autre voye fe termine à la mort éternelle & à l'en fer.

Si vis ad vitam ingredi, ferva mandata, Matth. 19. 172

,

Secondement, il les faut regarder comme Etant éternels & inflexibles, comme l'Ecriture les appelle a Mandata aterna; parce que, comme dit Jesus-Christ: b Le Ciel la Terre pafferont, mais fes paroles ne pafferons point. Dieu étant immuable, fes Loix qui ne font autre chofe que fa volonté, le font auffi; ainfi il ne faut point prétendre accommoder fes Loix à nos volontez, mais il faut confor mer nos volontez à fes Loix.

Troifiémement, il les faut regarder comme notre juge. Car c'eft felon ces Loix que Jefus-Chrift jugera les hommes dans fon Jugement. Ainsi, pour s'exciter à fe foumettre & à executer quelque Loy de Dieu, il fe faut dire à foy-meme: Voila fur quoy je feray, jugé.

Quatrièmement, il les faut regarder comme un adverfaire, avec qui il faut que nous nous accordions en cette vie;car quiconque ne fe fera pas accordé en cette vie avec les Loix de Dieu, en les obfervant, les aura pour en nemies dans toute l'éternité. Ces Loix, qui dans l'autre vie luy feront prefentées, luy reprocheront continuellement fes crimes fans qu'il puiffe jamais fe délivrer de ce terrible tourment.

D. Comment faut-il donc recevoir les inftructions qu'on nous fait touchant les

a Fccli 1. 5.

b Cm & terra tranfibunt, verba autem mea non præteri❤ bunt. Matth. 4. 35

1

Commandemens de Dieu ?

R. 1. Il les faut recevoir avec une fincere reconnoiffance de la mifericorde que Dieu nous fait, en procurant que nous en foyons inftruits, & de la preference qu'il a fait de nous à tant de peuples, à qui les Commandemens de Dieu n'ont point été annoncez felon qu'il eft dit dans l'Ecriture: a Il n'a' pas traite de la forte toutes les Nations, & ne leur a pas annonce fes Loix, comme à nous.

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2. Il les faut recevoir avec crainte & avec refpect; car ces Loix font des ordres de Dieu, des declarations de fa volonté fouveraine; & quand on nous annonce un Commandement de Dieu, c'eft comme fi on nous difoit: Voila l'Arreft fouverain de Dieu fur

vous.

3. Il les faut recevoir avec un aveu de notre impuiffance pour les obferver, fi Dicu ne nous les grave dans le cœur par son esprit ; c'eft pourquoy il faut en même-temps offrir fon cœur à Dieu, afin qu'il les y imprime.

a Non fecit taliter omni nationi, & judicia fua non manifefta. vit eis. Pfal. 147. v. ult.

CHAPITRE

CHAPITRE IV.

Qu'il faut aimer la Loy de Dieu, pour l'observer. Differens motifs qui y peuvent porter.

A feule connoiffance de la Loy de

D. Dieu ne fuffit-elle pas pour l'obfer

'ver?

R. Non; il faut encore que Dieu nous la faffe aimer, en répandant fon Esprit dans notre cœur, afin de furmonter par la force de cet Efprit la concupifcence qui eft en nous, & qui nous follicite fans ceffe à violer cette Loy; c'eft pourquoy l'inftruction que l'on nous donne fur les Commandemens de Dieu, nous doit être un avertiffement continuel de prier Dieu, & d'implorer fon fecours, avec un humble aveu de notre foibleffe, en luy difant avec le Prophete Roy: Seigneur, ayez pitié de moy, parce que je fuis foible a Miferere mei, Domine, quoniam infirmus fum. D. L'amour de la Loy de Dieu eft-il la même chofe que l'amour de Dieu ?

R. Ouy; parce que la Loy de Dieu n'eft autre chofe que la volonté de Dieu toute jufte, & sa justice même. Ainfi, qui aime cette juftice & cette volonté de Dieu, aime Dieu.

D. Comment faut-il exciter les personnes qu'on inftruit à aimer la Loy de Dieu ?

4 Pfal. 6.

Decal. Tome I.

B.

,

R. 1. a En leur faifant confiderer fa beauté, fa pureté, fa fainteté, fa juftice, l'ordre qu'elle met dans toutes chofes, le défordre & la confufion qui naiffent du violement de cette Loy; la paix qu'elle donne à l'ame qui l'aime. En effet, qu'y a-t-il de plus heureux qu'une focieté où l'on aime Dieu, & où l'on s'entr'aime, où chacun traite fon prochain comme foy-même, où l'on cft fincere, fidéle, jufte, charitable; qui eft compoíce de Rois fans orgueil, de Sujets fidéles, d'enfans obéillans de freres qui s'entrecheriflent de maris & femmes unis, & par une fidelité inviolable, & par un amour pur fans alteration; où regnent la juftice & la paix; d'où les diffentions, les envies, les haines & les murmures font bannis? Qu'y a-t-il au contraire de plus horrible, qu'une focieté où l'on eft ingrat & infidéle envers Dieu, & envers les hommes; où chacun n'aime que foy, & hait les autres; où l'on ne cherche que fon plaifir, fon interêt & fa grandeur; où l'on eft pret de dépouiller les autres de ce qu'ils ont; & enfin, où l'on fe plonge en toutes fortes de defordres? C'est l'amour de la Loy de Dieu qui forme la premiere focieté, & c'est le mépris de cette Loy qui fait la feconde.

2. b En leur faisant comprendre que ce qui end certaines perfonnes aimables, c'eft la

a ride S. Aug. de mor. Eccl. Cath. c. 30.
Fide Aug. 1. 8.6. g.

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