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conformité avec cette Loy. Car pourquoy aime-t-on une perfonne fidéle & chafte ? C'est qu'elle eft conforme à la Loy de la fidelité & de la temperance que l'on connoît par la lumiere que Dieu nous donne : cette Loy étant fi aimable en elle-même, qu'elle nous fait aimer ceux qui s'y conforment.

3. En leur faifant concevoir combien il eft juite que Dieu regne fur nos volontez, & qu'elles foient foumifes à fes Loix. Helas! des hommes accablez de leurs propres mife res,prétendent bien que leurs volontez foient fuivies par ceux qui leur font foûmis, quoyque le domaine qu'un homme a fur un autre homme, ne foit qu'un effet du hazard; combien eft-il plus jufte que les hommes foient ailujettis à Dieu, eux qui font effentiellement fes efclaves en qualité de fes créatures, & qui de plus ont été rachetez du prix de fon fang? Quelle infolence y auroit-il donc à de viles créatures de vouloir plûtôt fuivre leurs defirs que les volontez de Dieu, qui nous font marquées par fes Loix? Que chacun dife donc à fon ame: O mon ame! ne ferastu pas foumife à ton Dieu ? Préfereras-tu ta volonté, toute corrompue qu'elle eft, à la fienne, qui eft toute fainte? Toutes les créatures inanimées gardent exactement fes Loix, tout plie fous fes Commandemens dans le ciel, qui es-tu, pour luy refifter, & pour luy, défobéir ?

4. En leur faifant voir que l'obéiffance aux

Loix de Dieu, eft non-feulement notre devoir, mais notre bonheur: car Dieu ne nous commande que ce qui nous rend heureux. Il nous commande de l'aimer, & fon amour fait notre bonheur ; il nous commande d'étre juftes, & la juftice eft notre felicité ; au contraire, il ne nous défend rien que ce qui nous rend malheureux; que ce qui avilit notre naen l'attachant à de bafles créatures que ce qui la défigure, & luy fait perdre fon excellence & fa beauté.

ture,

CHAPITRE V.

Que l'amour de Dieu eft neceffaire pour garder ses. Commandemens. Que le motif d'une crainte purement fervile ne fuffit pas.

D.E

St-il neceffaire, pour plaire à Dieu que le motif qui nous fait garder les Commandemens, foit l'amour de Dieu ?

R. Il n'eft pas neceflaire de joindre à l'obfervation de tous les Commandemens de Dieu un acte d'amour de Dieu formel & exprès; il faut néanmoins que l'obfervation des Commandemens ait en nous l'amour de Dieu pour principe.

D. Y a-t-il donc un autre amour qui puiffe être le principe de cette obfervation des Commandemens, que celuy qui confifte en actes formels ?

R. Ouy; car outre l'amour actuel, il y en aun qu'on appelle virtuel, qui confifte dans une impreffion, qui étant née de l'amour actuel, continue, lors même que l'ame eft appliquée à d'autres objets.

D. Faites-nous entendre la difference de ces deux amours?

R. Si quelqu'un forme le deffein d'un voyage, il faut qu'il ait en le formant, le defir & l'amour actuel du lieu où il veut aller, & c'eft ce defir qui le porte à fe mettre en chemin : mais dans la fuite du chemin, il ne penfe pas toûjours au lieu où il tend, quoyqu'il continue toûjours d'avancer vers ce terme où il prétend aller. Ainfi, la penfée de ce lieu fera paffée; mais l'impreffion du defir qu'il a d'y aller, fubfifte; parce que c'eft cette impreffion qui le fait marcher, & c'eft cette impreffion en quoy confifte l'amour virtuel : de forte que pour obferver les Commandemens de Dieu d'une maniere qui luy foit agréable, & exempte de peché; il faut que Dieu voye dans notre cœur, que ce qui nous y porte, eft le defir de luy obéir & de luy plaire.

D. Suffiroit-il pas d'offrir à Dieu le matin toutes nos actions, pour faire qu'enfuite elles luy fuffent toutes confacrées & faites pour luy?

R. Non; car cette oblation n'eft pas ce qui nous détermine à faire telle & telle action puifqu'elle les comprend toutes, telles qu'ch les foient,

D. Sur quoy eft fondée la neceffité d'observer les Commandemens par principe d'amour de Dieu ?

R. Sur la neceffité de rapporter toutes fes actions à Dieu, comme nous dirons dans la fuite.

D. Celuy qui obferve quelque Commandement de Dieu par un autre motif, que par celuy de l'amour de Dieu, peche-t-il? Par exemple, celuy qui s'abitient de voler par vanité, peche-t-il contre le Commandement qui défend le vol?

R. Il eft peu important de fçavoir contre quel Commandement il peche, pourvû qu'on fçache qu'il y a du défaut dans fon action. On peut dire pourtant qu'il ne peche pas contre le Commandement de ne point voler, puifqu'il ne vole pas: mais il peche contre le Commandement d'aimer Dieu, qui oblige de Juy rapporter toutes les actions.

INSTRUCTIONS THEOLOGIQUES

ET MORALES SUR LE PREMIER COMMANDE MENT

DU

DECALOGUE.

CHAPITRE PREMIER.

Explication des paroles du premier Commandement.

D.

Ue contient le premier Comman dement ?

R. Il contient les premiers & les principaux devoirs de l'homme envers Dieu, qui font la Foy, l'Esperance, la Charité, Adoration, la Fidelité, l'Obéiffance, la Crainte, la Gratitude, la Conformité à la Juftice & à la Verité de Dieu, & condamne tous les pechez oppofez à ces devoirs.

D. En quels termes eft-il exprimé dans l'E critur ?

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