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R. Toutes ces mauvaises manicres étant préjudiciables à la verité, on ne doit point douter qu'elles ne foient contraires à l'amour que nous luy devons, & l'on peut dire en general qu'on bleffe la verité par tout ce qui étant mauvais en foy ou indifferent, ne lae pas d'en éloigner les hommes. Car fi nous l'aimions autant que nous le devrions, nous aurions foin d'éviter tout ce qui peut l'empêcher d'etre reçûë.

,

D. Que doit-on obferver dans fes paroles?

R. Comme nos paroles ne marquent pas feulement les chofes, mais auffi nos affections, & qu'on ne doit pas feulement à la verité la créance, mais auffi l'amour & le reípect; ce n'eft pas bien propofer la verité,fi l'on ic contente de ne rien dire que de vray,fi l'on ne marque encore que l'on l'aime, qu'on P'honore, & fi l'on n'infpire fes fentimens à ceux à qui on l'annonce; & par confequent c'eft bleffer notablement la verité, de l'environner d'affections déreglées, & de les infpirer aux autres, en la propofant, tels que peuvent être des fentimens de vanité, d'aigreur, & de mépris pour les autres.

CHAPITRE

VIII.

Des pechez qu'on commet contre ce que l'on doit

D.

Q

à la verité.

Uels font les pechez par lefquels on bleffe la verité?

R. Il n'y a qu'à recueillir les devoirs envers la verité , qui ont été expliquez cydeffus.

Ainfi, comme le premier de ces devoirs. eft de l'aimer; le premier & le plus grand .peché eft de la hair, de s'y oppofer, de la combattre par fes paroles, ou par fes écrits, & de décrier ceux qui la foutiennent. De s'aveugler volontairement, pour ne la pas voir; de ne prendre pas le temps & les. moyens pour s'en inftruire, par une crainte fecrete d'en être convaincu; de n'écouter point la verité au fond de fon cœur, de fuir à y penfer, de fe répandre au dehors, pour éviter fes reproches; de fe charger tellement d'affaires exterieures, que l'on foit incapable de la difcerner, & de l'écouter dans le fecret de fon cœur.

D. Quels font les autres défauts où l'on peat tomber dans la conduite de fon efprit à f'égard de la verité ?

R. C'eft de ne fuivre pas la regle de la ve lite dans la recherche des veritez, aufqueiles

on s'applique ; c'est-à-dire, de fe regler dans cette recherche par fes caprices, par le plaifir & par la vanité, & non par le befoin que nous en avons, ce qui s'appelle curiofité, & qui comprend toute application mal reglée aux chofes dont on s'informe, comme de nouvelles & autres veritez éloignées de notre profeffion,

De faire un mauvais ufage de fon esprit, en choififfant des opinions en quelque matiere que ce foit, par d'autres raifons que par celles de la verité.

De laiffer remplir fon efprit de fauffes idées fur les objets de nos paffions qui le gâtent, & l'engagent enfuite dans de mauvaises actions.

De recevoir fans difcernement de méchantes regles de morale, par l'indifference qu'on la verité, ou à caufe de la commodité que l'on trouve dans les maximes relâchées.

a pour

De former des jugemens témeraires fur la conduite de fon prochain, en le condamnant fur des actions qui pouvoient être prifes en un bon fens,

De fe précipiter dans fes jugemens par indifference pour la verité.

De s'appliquer inutilement à confiderer les actions du prochain dont on n'est point chargé.

D'entrer dans des foupçons fans fondement à l'égard du prochain.

De conduire fa vie par de fauffes regles de morale, parce qu'elles font conformes à la corruption de fon cœur.

D'attacher fon affection aux biens du monde, en leur donnant une fauffe grandeur & une fauffe folidité.

D'agir fouvent au hazard, & fans avoir foin de confulter la verité, & de s'éclaircir de fes doutes.

De parler par paffion, par humeur, sans fçavoir fi ce qu'on dit ett vray ou faux.

De bleffer ouvertement la verité de fes раroles, en difant le contraire de la pensée. De porter la compiaifance jufqu'à approuver au delà de fon veritable fentiment.

D'ufer de déguisement pour donner aux autres l'idée de quelque vertu ou de quelque qualité que l'on n'a pas.

De ne pas manifefter la verité au prochain, lorfqu'on y eft obligé par quelque devoir de Justice ou de Charité. ·

De ne pas travailler à lever les empêchemens, lorfqu'il y a, ou en foy ou dans les autres, quelque défaut qui empêche que la verité ne foit goûtée.

Le ne la défendre pas quand elle est attaquée, & que Dieu demande de nous que nous la défendions.

De la produire imprudemment, lorsqu'il n'y a aucune apparence qu'elle puifle être reçûë.

De la produire d'une maniere odieuse, & qui luy attire de la haine.

De n'avoir pas foin de retrancher en nous ce qui empêche l'effet de nos paroles.

De deshonorer la verité, ou par notre vie, ou par des actions peu reglées.

HEHEHE RE HEUE SECTION SECONDE.

De l'amour de Dieu, comme Juftice, ou comme Loy éternelle.

CHAPITRE PREMIER.

Que Dieu eft la Justice & la Loy éternelle. Qu'on eft obligé de l'aimer fous cette confideration.

D.

Q

Ue veut-on dire quand on dit que
Dieu eft la Justice?

R. Le mot de Justice fe prend ou en general pour rectitude, droiture, équité: ou en particulier, pour la volonté de rendre à chacun ce qui luy eft dû. Or Dieu eft la Juftice en tous les deux fens.

D. Comment Dicu eft-il la Justice dans le premier fens?

R. Il l'eft, parce que fa volonté est non

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