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ve de cette connoiffance: mais elle n'excufe dans les chofes de droit naturel; parce pas. que cette ignorance vient de la dépravation de la volonté, & que l'on la pourroit furmonter au moins la lumiere de Dieu, qu'il auroit accordée à nos prieres, fi elles euffent été telles, qu'elles devroient être. On peut dire néanmoins que quoyque Pignorance n'excufe pas tout-à-fait en ces fortes de chofes, elle diminuë néanmoins notablement le peché. C'eft pourquoy Jefus-Chrift dit dans J'Evangile: a Que le ferviteur qui peche contre la volonte de fon maitre, fans la connoitre, fera legerement châtié.

D. Quels font les remedes contre les furprifes de l'ignorance?

R. C'eft I. De purifier fans ceffe fon cœur, en reprimant en foy tous les mouvemens contraires à ce que l'on connoît des Loix de Dieu; car cette fidelité à pratiquer ce qu'on connoit de fes devoirs, obtient de Dieu qu'il nous éclaire fur les devoirs que nous ne connoiffons pas aflez.

2. De demander avec inftance à Dieu fa lumiere, & des guides fidéles duire.

pour nous con

3. De difcerner par les marques que 'Evangile donne, ceux que l'on doit con fulter.

4. De choifir entre les differens avis, celuy

a Qui sutem non cognovit, & fecit digna plagis, vapulabic paucis. Luc. 12. 48.

qui eft le plus für, lorfque la verité ne paroit pas clairement.

D. Quelle cft la volonté de Dieu, lorfqu'on fe fent agité interieurement par des paffions contraires à quelques Loix de Dieu ?

R. C'eft que l'on les reprime, & que l'on n'en faffe rien paroitre au dehors, parce que les paffions demeurant fans effet, deviennent moins violentes : & de plus, parce que l'on ne fcandalife point par la le prochain.

D. Mais n'eft-ce point une hypocrifie de paroître tranquille au dehors, lorfque tout eft en trouble au dedans ?

R. Ce n'eft point hypocrifie de faire ce que l'on peut & ce que l'on doit. Or celuy qui compofe fon exterieur, fait ce qu'il doit, car on ne doit pas fcandalifer le prochain; & il fait ce qu'il peut, puifque n'étant pas maître de n'avoir point de mouvemens interieurs, il reprime au moins les exterieurs, qui font dépendans de fa volonté.

D. Quels pechez commet-on contre ce devoir ?

R. Tous les pechez font en quelque forte contre ce devoir, puifque Saint Augustin dit a que le peché eft une action, ou une paro le, ou un defir contre la Loy éternelle.

a Peccatum eft dictum, vel fa&tum, vel concupitum aliquid Contra æternam legem. S. Aug. L. 22. contra Fauft. c. 27

ment,

Mais on y peut rapporter particuliere1. La duplicité de cœur, qui fait qu'on ne la confulte pas, & qu'on ne s'approche pas de fa lumiere, parce qu'on ne l'aime pas, felon qu'il eft dit dans l'Evangile: a Que celuy qui fait mul, hait la lumiere, & ne s'en approche point.

2. Tous les déguisemens dont on fe fert pour couvrir fes défauts, pour s'empêcher de les voir, & pour s'en juftifier devant les

hommes.

3. Toutes les negligences à s'inftruire de la verité: car cela vient de ce qu'on ne l'aime pas.

4. Le mauvais choix des Directeurs, qui vient de ce qu'on veut être flatté & approuvé dans fes paffions.

S. II.

De l'obeiffance que nous devons à la Loy de

Diew.

D. Quelle difference y a-t-il entre l'obéïffance & la conformité à la volonté de Dieu, confiderée comme Loy?

R. Il y a tant de rapport entre ces vertus qu'on les peut confiderer plûtôt comme differens regards d'une même vertu, que comme des vertus diftinguées. Car en fe conformant

a Omnis qui malè agit, odit lucem, & non venit ad lucem. Joan. 3. 20.

a la volonté de Dieu, on y obéit, & en y -obéiffant interieurement, on s'y conforme; la diverfité des regards que l'on y peut néanmoins remarquer, eft, que la conformité de notre volonté à celle de Dieu, peut venir du feul regard & du feul amour de la rectitude de cette volonté : mais l'obéïffance enferme un regard pofitif vers Dieu, comme Maître, comme Souverain & comme Seigneur ; elle renferme auffi un amour de la justice de - cette dépendance qui nous affujettit à ses Loix, & nous fait préferer fa volonté à la nôtre.

C'est pourquoy Saint Auguftin enseigne a que l'obéillance eft la vertu propre à la créature raifonnable , parce qu'elle comprend le devoir naturel de la créature, en tant que créature; & afin de montrer, continue ce Pere, combien étoit grand le bien qu'elle renferme, Dieu a voulu exercer

4 Placet illa fententia, non fuiffe illam arborem cibo noxiam : neque enim qui fecerat omnia bona valde in Paradifo inftituerat aliquid mali, fed malum faiffe homini tranfgreffionem præcepti. Oportebat autem ut homo fub Domino Deo pofitus alicunde probiberetur, ut ei promerendi Dominum fuum virtus effet ipfa obedientia, quam poffum veriffime dicere folam effe virtutem omni creatura rationair, agenti fub Dei poteftate.... arbor itaque illa non erat mala, fed appellata eft fcientiæ dignofcendi bonum & malum; quia fi poft prohibitionem ex illa homo ederer, in illa erat præcepti futura tranfgreffio, in qua homo per experimentum pœnæ difceret, quid intereffet inter cbedientiæ bonum, & inobedientia malum. S Aug. de Gen. ad lit. L. 2. c. 6.

Nunquid vult Dominus holocaufta & victimas & non porius ut obediatur voci Domini ? Melior eft enim obedientia quàm vi&tima, & aufcultare magis quam offerre adipem arietum: quoniam quak peccatum ariolandi repugnare, & quafi fcelus idololatriæ nolle acquiefcere, 1. Reg. 15. 2256 23.

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l'homme à l'obéiffance, luy défendre une chofe qui n'étoit pas mauvaise par elle-même;, de plus, l'Ecriture décide absolument que l'obéiffance eft préferable aux facrifices; qu'il vaut mieux ne luy en pas offrir, que de luy défobéir, & que la defobéiflance eft un peché aufli grand que l'idolatrie.

D. Quel doit être l'objet de l'obéiffance? R. Toutes les volontez de Dieu, telles qu'elles foient.

D. Suffit-il de faire exterieurement l'œuvre que Dieu commande

Non; car Dieu ne commande pas feulement les œuvres, mais auffi l'efprit avec lequel elles doivent être faites: Dieu a des volontez pour l'un & pour l'autre, & il faut également obéir à toutes fes volontez.

D. Quel eft l'efprit avec lequel nous devons obéir à Dieu ?

R. C'eft d'aimer & de reverer la juftice du droit que Dieu a de nous commander, & de hair plus que l'Enfer le déreglement d'une volonté & d'un amour propre, qui fe soustrait aux Loix de fon Créateur, pour s'attacher à elle-même.

D. Quel eft le plus grand modele de l'obéifiance?

R. a Jefus-Chrift homme,dont toute la vie

a Hoc fentite in vobis, quòd & in Chrifto Jefu, qui cùm in forma Dei effet, non rapinam arbitratus eft effe fe æqualem Deo, fed femetipfum exinanivit formam fervi accipiens, in fimilitudisem hominum factus, & habitų inventus ut homo. Humiliavic fe

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