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R. En ceux-cy: a Je fuis le Seigneur votre Dieu, qui vous ay tirez de la terre d'Egypte ; vous n'aurez point d'autre Dieu devant moy ; vous ne vous ferez point d'image taillée, ni aucune figure des chofes qui font au Ciel, fur la Terre dans les Eaux ; vous ne les adorerez, ni ne les fervirezD. Comment exprime-t-on ordinairement ce Commandement ?

R. Afin de ne charger pas la memoire de ceux que l'on veut inftruire, on réduit d'ordinaire les termes de ce premier Commandement en abregé, en l'exprimant ainfi : Un feul, Dieu tu adoreras, & aimeras parfaitement ; ou felon une autre verfion plus recente : N'adore que Dieu feul, ne fers que le Seigneur mais : de quelque maniere qu'on l'exprime, il faut toûjours concevoir que Dieu nous y commande les premiers devoirs envers luy, & qu'on nous y défend les pechez qui y font contraires; & comme il eft plus facile de tirer ces devoirs & ces pechez des termes dont l'Ecriture l'a exprimé, il vaut mieux le confiderer de cette maniere.

D. Pourquoy le Decalogue commence-t-il par ces paroles: Je fuis, le Seigneur votre Dieu, qui vous ay tirez de la terre d'Egypte ?

R. C'est que Dieu pour faire voir le droit qu'il a de nous donner des Loix, & l'obliga

a Ego fum Dominus Deus tuus, qui eduxi te de rerra Egypti, & de domo fervi utis;non habebis Deos alienos coram me: un facies tibi fculptile, neque omnem fimilitudinem,quæ eft in celo defuper, &quæ in terra deorfum,nec eorum quæ funt in aquis fub terra,non adorabis ea neque coles. Exod. 20. v.2.& feq.

tion que nous avons d'y obéir, a voulu nous propofer d'abord ce qu'il étoit à notre égard, & il l'a fait en des termes qui comprennent en abregé tout ce qu'il eft; fçavoir, le mot de Dieu : il nous propofe enfuite ce qu'il a fait pour nous, en difant que c'eft luy qu nous a tirez de la terre d'Egypte ; c'est-à-dire, de la captivité des tenebres, de l'ignoran ce & du peché.

D. Qu'y a-t-il de renfermé fous le nom de Dieu ?

R. Tous fes divins attributs y font renfer mez, & c'eft comme s'il avoit dit plus en détail: Je fuis la Juftice fouveraine, la verité incréée, la fageffe éternelle : Je fuis le ToutPuiflant, le Créateur de tout, je fuis le bien infini, je fuis la fin de l'homme, & de toutes chofes: Je fuis le principe de tout: Je fuis celuy qui connoît tout, celuy dans lequel vous vivez & par qui vous fubfiftez. Par ce mot Je fuis le Seigneur votre Dieu, il nous propofe tout cela.

D. Ces paroles ne contiennent-elles aucun Commandement ?

R. Bien loin de n'en contenir aucun, elles les contiennent tous, mais en abregé & en forme de principe, où toutes les conclufions font renfermées, Car Dieu nous difant qu'il eft notre Seigneur & notre Dieu, nous oblige de le reconnoître pour tel. Or on ne fçauroit le reconnoître pour Dieu & pourSeigneur, qu'en croyant en luy, en efperant

en luy, en l'aimant, en l'adorant, en fe conformant à fes volontez, en s'aflujetiffant à luy, en lui étant fidéles, en reglant fes penfées & fes paroles felon la verité, qui eft luymême. Car c'eft par ces actions qu'on reconnoît qu'il eft Dieu, & qu'on le prend pour Dieu;& au contraire,on défavouë en quelque forte qu'il eft notre Dieu par des actions contraires. Ainfi, tous les autres Commandemens ne font que des conclufions contenuës dans ce principe.

23

PREMIERE

INSTRUCTION,

DE LA Γ Ο Υ.

CHAPITRE PREMIER.

Qu'on eft obligé d'avoir la Foy. Sa definition. Des differentes fortes de Foy.

D.

P

Ourquoy eft-on obligé de croire

en Dieu ?

R. Parce que Dieu a eu la bonté de manifefter aux hommes fes grandeurs invifibles, fa divinité, & fa puiffance d'une maniere fi claire, qu'il n'y a que la corruption de leur cœur qui les puiffe empêcher de se rendre à ces lumieres. C'eft pourquoy dans les faintes Ecritures, il eft dit à Pégard des cœurs purs que les témoignages & les preuves de Dieu leur paroiffent infiniment croyables: a Teftimonia tua credibilia facta funt nimis. D. Qu'est-ce donc que la Foy?

R. C'est une conviction de l'ame, par laquelle en s'appuyant fur la verité de Dieu, a Pfal. 92.

elle fe foûmet avec refpect & avec amour a tout ce que Dieu nous à revelé de luy-même, de fes mysteres, de fes œuvres & de ses volontez.

D. Pourquoy renfermez-vous dans la Foy, une foûmiffion de refpe&t & d'amour ?`

R. Ceft pour diftinguer la Foy Chrétienne, dont l'Ecriture parle, & qui nous eft commandée ; 1. De la Foy des Démons, qui croyent, étant forcez par l'évidence des preuves. 2. De la perfuafion qui pourroit naître dans les hommes de la clarté des mêmes preuves. 3. de la Foy de fantaisie; car on fe peut rendre aux veritez de la Foy par de faufles preuves, comme on feroit à la Religion de Mahomet. 4. De la Foy que Dieu pourroit donner à des hommes par une feule Jumiere de l'entendement, telle qu'eft celle qui, felon quelques Theologiens, refte dans les Heretiques à l'égard des articles qu'ils croyent avec l'Eglife.

D. Il y a donc toûjours quelque amour renfermé dans toute Foy Chrétienne, même informe?

R. Quy. Il y a toujours quelque forte d'amour dans la Foy, lors meme qu'elle n'eft pas jointe à l'amour de Dieu fur toutes chofes, & à la juftification qui s'appelle la Foy formée mais alors ce n'eft qu'un amour commencé, un amour imparfait, un amour non juftifiant, & qui feul ne fuffiroit nullement pour nous fauver, fi nous n'obtenions

de

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