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Dieu a voulu fuppléer à l'imperfection & à la foibleffe de notre gratitude, en rendant le facrifice du corps & du fang de fon Fils, qui s'offre tous les jours à Dieu dans fon Eglife par le miniftere des Prêtres, un facrifice d'action-de-graces, pour donner ainfi moyen à tous les Chrétiens de s'acquitter de ce devoir, en luy prefentant l'oblation du corps de Jefus-Chrift, en action-de-graces de fes bienfaits.

D. Comment le devoir de la gratitude & de l'action-de-graces eft-il compris dans l'amour de la justice?

R. Il y eft compris, parce qu'il n'y a rien de plus jufte que d'être reconnoiffant envers Dieu, & de luy rendre graces de fes bienfaits, ni rien de plus injufte, que d'en être ingrat.

D. En quoy confifte la gratitude envers Dieu ?

R. Elle confifte à reconnoîte les bienfaits de Dieu : A reconnoître qu'on en eft indigne: A regarder ces bienfaits, lors même qu'on les poffede, comme étant à luy, & comme luy appartenans: A aimer la bonté de Dieu, qui eft la fource de ces bienfaits : Enfin à defirer ardemment de témoigner à Dieu fa reconnoiffance par des actions réelles, dont la principale eft de n'ufer de fes bienfaits, que dans les fins pour lefquelles il nous les a accordez.

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Divers moyens d'acquerir de pratiquer la reconnoiffance.

D. Quel eft le principal moyen d'acquerir la vertu de gratitude envers Dieu ?

R. C'est de la bien demander à Dieu : car fans fa grace, non-feulement nous ne fçaurions être reconnoiffans des bienfaits de Dieu, mais nous ne fçaurions même les connoitre. a C'eft pourquoy Saint Paul attribuë à l'efprit de Dieu de nous faire reconnoître ce que nous avons reçû de Dieu; b & le Sage témoigne que c'eft un effet de la fagefle, de fçavoir de qui on a reçû le don de conti

nence.

D. Quelles font les pratiques utiles pour entrer dans l'efprit de reconnoiffance?

R. C'eft de s'entretenir fouvent des bienfaits de Dieu, & de tâcher de les connoître dans leur fource leur multitude & leur grandeur.

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D. Quelle eft la fource de ces bienfaits? R. L'amour éternel, & toujours agiffant que Dieu a eu pour nous. Car tout ce qu'il nous donne dans le temps, il a eu de toute

a Que Dei funt, nemo cognovit, nifi Spiritus Dei : nos aurem non fpiritum hujus mundi accepimus, fed fpiritum qui ex Deo eft, ut fciamus quæ à Deo donata funt nobis. 1. Cor. 2. 12. Dedit illi virtutem continendi, Sap. 10, 2›

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éternité la volonté de nous le donner & cette volonté eft un acte perpetuel: Dieu n'ayant jamais ceffé de penfer à nous, de nous vouloir le bien qu'il nous fait dans le temps.

D. Quelles confiderations font propres pour en faire connoître la grandeur ?

R. C'eft de penser que lors même que ces faveurs font communes à plufieurs, Dieu nous les deftine à chacun de nous en particulier, comme fi nous étions feuls au monde ; qu'ainfi il eft vrai de dire qu'il a créé le monde pour nous, & qu'il nous a eus en vûë dans tout ce qu'il a fait pour le reparer; que tout cela eft fait pour nous, par une diftinction expreffe & particuliere de Dieu.

D. Qu'est-ce qui nous peut fervir à concevoir la multitude des bienfaits de Dieu ?

R. Premierement, c'eft de penfer que nous ne recevons aucun bien des créatures, qui ne nous vienne d'une volonté expreffe & formelle que Dieu a euë de nous faire ce bien; cette confideration nous oblige de le remercier de tout le bien que nous recevons par les

creatures.

Secondement, que dans tous les évenemens paffez, & dans tout ce que Dieu a fait dès le commencement du monde, foit à l'égard des chofes temporelles, foit à l'égard de la Religion; tous les avantages. aufquels nous avons quelque part, nous ont

été appliquez par uné deftination expreffe de la Providence de Dieu.

Troifiémement, que notre corruption interieure étant capable de produire une infinité de pechez, fi elle n'étoit arrêtée par des obftacles exterieurs, & fi elle étoit fecondée par les objets du dehors; nous en avons été preservez par une multitude innombrable de protections, dont aucune n'eft un effet du hazard, mais qui partent toutes d'un deffein formel de Dieu fur nous.

C'est enfin de fe representer souvent la multitude des graces que Dieu nous a faites ou offertes, en nous faisant Chrétiens & en nous donnant fes lumieres, & en nous diftinguant de tous ceux qu'il a moins favorifez que nous.

D. Que doit-on faire pour empêcher que tout cela ne s'efface de notre efprit?

R. 1. C'est de commencer toûjours nos prieres par un regard de reconnoiffance vers la mifericorde de Dieu.

2. De fe rendre foigneux de remercier Dieu plufieurs fois le jour, & principalement quand nous recevons quelque nouveau bienfait, foit immediatement de Dieu, foit pár l'entremise des créatures.

3. De fe fervir de diverses inventions faintes pour témoigner à Dieu fa reconnoiflance; comme de faire des efpeces de Fêtes - particulieres en divers jours de l'année, pour

celebrer certains bienfaits, dont nous avons été plus touchez. Ainfi les perfonnes Religieufes ont accoûtumé de celebrer le jour de leur profeffion; d'autres celebrent celuy de leur converfion, celuy de leur batême, &c.

R. Quelle est la difpofition d'une ame vraiment reconnoiffante?

R. C'eft de fe tenir dans fon néant, de rendre à Dieu toutes fes graces, en ne les regardant que comme venant de luy, & étant à luy; de ne fe glorifier de rien, & de faire retourner à Dieu la gloire de tous fes dons. D. Où doit-on pratiquer particulierement l'action de graces?

R. Dans le Sacrifice de la Meffe, qui eft particulierement deftiné à cet ufage, quoyque ce Sacrifice tienne auffi la place, & qu'il rempliffe la verité de toutes les fins des autres Sacrifices de l'ancienne Loy.

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