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& des armoiries; de ne point fouffrir des louanges, de témoigner du dédain pour les flatteurs, & de les éloigner d'eux. Ils doivent enfin aimer ceux qui les avertiffènt de leurs devoirs, & qui par la fincerité de leurs exhortations, les remettent dans la voye du falut, & les conduisent à l'amour de Dieu & de fa Juftice.

D. Quelle eft l'humilité qui doit être tiquée par les Riches ?

pra

R. Ils doivent être interieurement convaincus de l'inftabilité des richeffes, & de leur inutilité, pour remedier aux miferes effectives, qui font celles de l'ame. Ils doivent confiderer leurs richeffes comme n'étant pas à eux, puifqu'ils ne les emporteront pas dans l'autre vie, & qu'ils feront obligez de rendre compte de l'ufage qu'ils en auront fait.

. D. Quelle eft l'humilité qu'on doit pratiquer quand Dieu nous favorise de fes gra

ces ?

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R. On doit s'humilier devant Dieu par la pensée 1. Que ces graces ne font point de nous, mais de Dieu. z. Que nous n'en fçavons pas la mefure; & que ce qui nous paroît grand, n'eft pas toûjours tel devant Dieu. 3. Que nous ne fçavons point fi nous n'en avons point abufé, & fi elles n'ont point ainfi fervi à augmenter notre pauvreté spiri

tuelle.

On doit confiderer que ces graces nous ont

mis dans l'obligation d'en faire ufage par nos actions, & d'en témoigner à Dieu notre gratitude, & qu'autrement elles ne nous font pas utiles; qu'ainfi, ne fçachant pas comment nous nous acquittons de ces deux devoirs, nous ne fçavons point fi ces graces ne font point un fardeau qui nous accable.

D. Comment doit-on pratiquer l'humilité dans les bonnes actions, & dans les affiftances qu'on rend au prochain?

R. Ii la faut pratiquer en croyant fincerement, que c'eft une grande mifericorde de Dieu de permettre que les créatures le fervent à affifter fes enfans, & que neur dont nous fommes indignes.

c'eft un hon

En fecond lieu, il faut être fortement perfuadez que nous ne faifons que notre devoir en fervant nos freres, & que nous fommes encore bien éloignez de leur rendre ce que nous leur devons, puifqu'ils nous tiennent lieu de Jefus-Chrift.

Troisièmement, il faut pratiquer l'humilité, en fe retirant fi-tôt que l'on a accompli fon miniftere envers les hommes, pour évi→ ter d'en recevoir une vaine recompenfe, & pour fe défendre de la vaine complaifance qui en nait ordinairement.

Quatrièmement, il faut rapporter à Dieu toutes nos actions d'humilité, en luy en rendant tout l'honneur, & en reconnoiflant qu'on n'y a part, qu'en ce qu'elles ont de dé fectueux,

D. Comment fe faut-il conduire lorfque Dieu retire fes graces, & nous prive de fêntiment de devotion?

R. 1. a Il faut, felon Saint Bernard, être perfuadé que cette privation a fa caufé dans notre orgucil, & par confequent s'en humilier.

2. Il faut reconnoître en même temps que Dieu nous fait beaucoup de graces de ne nous pas abandonner tout-à-fait.

3. Il faut tâcher de s'humilier en tout ce que l'on peut pour seconder les desseins de Dieu.

D. Comment peut-on allier l'humilité avec le defir d'avancer dans les fciences, & de réuffir dans ce que l'on entreprend?

R. C'eft qu'en confiderant la volonté de Dieu comme regle, on doit juger qu'il eft jufte que lorfque Dieu nous applique à quelque étude ou à quelque entreprife, nous faffions du mieux que nous pouvons pour y réuflir, puifqu'il eft écrit: b Que maudit eft celuy qui fait l'œuvre de Dieu negligemment s mais fi Dieu permet que fans notre faute, nous ne réufliffions pas dans ce que nous entreprenons, il faut agréer cet ordre de Dieu, & recevoir avec joye cette humilia

Time ergo fubtra&â gratiâ .... nec dubites in caufa effe fuperbiam.. nunquid qui humilibus dar graciam, humili apferret dram? Ergo argumentum fuperbia, privatio gratia. S Bn. fer. 55. in Cant.

bferem. 48. 10.

tion, comme étant jufte en elle-même, & de plus nous étant utile.

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D. Doit-on faire paroître l'humilité à l'exterieur ?

R. On n'en doit jamais faire paroître pour s'attirer la gloire de l'humilité; mais on en peut faire paroître pour plufieurs autres raifons.

1. Parce que c'est une charité qu'on doit au prochain, que de luy donner des exemples d'humilité; & qu'on luy doit toûjours celle de ne luy faire jamais paroître d'orgueil.

2. Parce que l'humilité exterieure eft un moyen d'acquerir l'humilité interieure.

3. Parce qu'on eft obligé d'éviter tout orgueil exterieur, & tous les mouvemens qui portent l'idée d'orgueil dans l'efprit des autres. Or on ne le fçauroit faire que par une exacte modeftie, qui fait la plus grande partie de l'humilité exterieure.

D. Pourquoy dites - vous la plus grande partie ?

R. Parce que la modeftie ne confifte que dans le retranchement de ce qui porte dans les autres des idées d'orgueil : Or l'hu

-milité,

milité exterieure a plus d'étendue, & elle comprend auffi la pratique de diverfes actions d'humilité, dont l'omiffion ne porteroit point l'idée d'orgueil dans l'efprit des

autres.

D. Quelles font les actions & les mouvemens qui portent l'idée d'orgueil & de vanité dans l'esprit des autres ?

R. Ce font premierement, les paroles de hauteur & de fierté.

2. Tous les difcours qui tendent directement & indirectement à attirer des louanges, & à nous élever dans l'efprit des autres.

3. Tous les geftes & mouvemens qui marquent, ou qu'on se met au deffus des autres ou qu'on les méprise.

4. Tous les habits ou meubles, qui marquent qu'on veut paffer dans l'efprit des hommes comme grand & magnifique.

5. Toutes les plaintes & murmures qui marquent qu'on s'eftime, & qu'on eft plein de foy-même.

D. En quoy confifte l'humilité qu'on doit pratiquer dans les habits & les meubles ?

R. A fe reduire dans un état qui n'attire ni les difcours, ni l'eftime des hommes: Ainfi les vetemens les plus humbles font ceux dont on parle le moins. Il y a néanmoins certai nes occafions, où le luxe étant pafié en coûtume, on ne fçauroit s'en éloigner fans fe faire remarquer mais alors il eft meilleur de faire parler les hommes, que d'imiter les

Decal. Tome I.

A a

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