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D. Les regles des mœurs font-elles partie de la Foy, auffi-bien que les dogmes touchant les myfteres?

R. Quy, fans doute, puifqu'elles font éta-' blies fur la même autorité divine. a Ainfi c'eft un article de Foy, que les Fornicateurs les Impurs, les Avares, n'auront point de part au Royaume de Dieu : Et de même toutes ces autres veritez de l'Evangile : 6 Que celuy qui voudra fauver fon ame, la perdra

Que celuy qui ne prend pas fur foy fa croix pour fuivre Jefus-Chrift, n'eft pas digne de luy d Que celuy qui ne fe rendra pas petit enfant, n'entrera point dans le Royaume des Cicux: e Que ceux qui n'auront pas une juftice plus pleine & plus abondante que celle des Pharifiens, n'y entreront point non plus : & generalement tous les préceptes des mœurs contenus dans les faintes Ecritures, font autant d'articles de Foy, dans le fens auquel ils font entendus par l'Eglife.

D. Eft-on obligé de fçavoir ces Veritez Evangeliques?

R. On eft obligé de les fçavoir ou en dé

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a Hoc autem feitote intelligentes, quòd omnis fornicator, aue immundus, aut avarus, quod eft idolorum fervitus, non haber hæreditatem in Regno Chrifti & Dei Ephef. 5. v.

b Qui voluerit animam fuam falvam facere, per et eam Matth.

16. V. 25.

c Qui non accipit crucem fuam, & fequitür me, non eft me dig

nus Matt. 10. V. 28

d Nifi convera fueritis, & efciamini ficut parvuli, biris in Regnum Catorum. Matt S. 3.

non intra

e Nf abundaverit juftitia eftra plufquam Scribarum & Pharifæorum, non intrabitis in Regnum Cælonim. Matth. 3. v. 200

fail, ou dans les principes d'où elles font tirées, parce qu'on eft obligé de les fuivre dans fes actions; ce que l'on ne fçauroit faire, G on ne les connoît.

CHAPITRE III.

Du foin que l'on doit avoir de conferver & d'aug menter fa Foy.

D. N quelle maniere la Foy peut-elle être augmentée ?

R. La Foy peut être augmentée premierement en étendue, en devenant plus developpée & plus diftin&te à l'égard d'un plus grand nombre d'articles que l'on ne connoifloit auparavant que confufément. Secondement, en clarté, en devenant plus claire, plus vive & plus prefente à l'efprit. Troifiémement, en fermeté, en devenant plus immobile & moins capable d'être ébraniée.

D. Eft-on obligé de travailler à augmenter fa Foy en toutes ces trois manieres? R. Ouy, & par plufieurs raifons.

1. On eft obligé de travailler à l'augmen ter en étendue, parce que la connoiffance diftincte des myíteres de la Foy contribue beaucoup à entretenir l'ame dans la pieté, à fuivre l'efprit de l'Eglife le long de l'année, à tirer du fruit de fes ceremonies & de fes pricres, à fe nourrir des mysteres & des veri

tez de l'Evangile or chacun eft obligé de travailler à s'avancer dans la pieté, & à pro fiter des moyens que l'Eglife employe pour la fanctification de fes enfans. De plus,commeles veritez qui regardent les mœurs font partie de cette étendue; il eft clair que chacun étant obligé de les fuivre dans la conduite de fa vie, eft auffi obligé par confequent de s'en inftruire le plus exactement qu'il luy eft pof fible.

2. On eft obligé d'augmenter fa Foy en clarté & en fermeté, afin d'être plus en état de refifter aux mauvaises maximes du Monde, contraires aux Veritez Evangeliques; & de plus, afin que cette lumiere étant plus claire, elle nous conduife plus fürement dans notre chemin.

D. Quels font les moyens principaux qu'il faut employer pour augmenter fa Foy?

R. 1. Comme la Foy dans fon commence-. ment & dans fon progrès eft un don de Dieu; le meilleur moyen d'augmenter fa Foy, eft de demander à Dieu cet accroiffement, comme les Apôtres le demanderent à Jefus-Chrift, en luy difant: a Seigneur, augmentez-nous la Foy & comme l'Eglife le demande par l'Oraifon, dans laquelle elle prie Dieu d'augmenter notre Foy, notre Esperance & notre Charité : Da nobis Fidei Spei »

a Dixernnt Apoftoli Domino: Adauge nobis fidem. Luc. 1.7% Dom. XIII. poft Pentecoftens

Charitatis augmentum.

2. La lecture des bons livres faite avec pieté, la meditation de la parole de Dieu, &l'application aux inftructions des Pasteurs font de tres-bons moyens, & peuvent contribuer tres-utilement à l'accroiffement de la Foy.

3. On y peut joindre l'exercice de la Foymême ; c'eft-à-dire, l'ufage des lumieres de la Foy pour la conduite de fa vie, & pour la pratique de fes devoirs envers Dieu, envers le Prochain & envers foy-même.

D. Eft-ce un grand peché que de ne travailler pas à l'accroiffement de fa Foy?

R. Si la Foy eft un grand don de Dieu, c'eft un grand peché de la laiffer perdre ou affoiblir. Or en negligeant de travailler à l'accroiffement de la Foy, il arrive neceflairement qu'elle s'affoiblit & s'éteint peu-àpeu: car lorfque les veritez de l'Evangile font connues foiblement, & qu'elles font peu prefentes à l'efprit, les fauffes maximes du Monde s'en emparent facilement, & alors on fe remplit l'efprit d'erreurs & d'impreffions contraires à la Foy, & à ce que Dieu nous a revelé dans l'Evangile. Par exemple, un homme qui ne fonge point à s'imprimer fortement dans l'efprit a combien ceux qui font pauvres d'efprit font heureux, fe remplit facilement des idées que l'on a dans le Monde Beati pauperes fpiritu, S. Matth. §• V• ân

du bonheur des riches,& du malheur des pau vres. Or ces idées du Monde font directement contraires à l'Evangile:& ces fauffes maximes difpofent le cœur à aimer les richesses, les recherchef, & à éviter la pauvreté, aux dépens méme de la confcience.

à

D. Dites-nous encore quelques autres raifons pour montrer que c'eft un peché de ne pas travailler à augmenter la Foy?

R. Les veritez de la Foy font la nourriture: de l'ame, lorfqu'elle fe trouve dans l'hyver & dans la difette de la grace. a Il en faut faire provifion, dit Saint Auguftin, comme on fait provifion de bled durant l'Eté pour fe nouri ir l'Hyver. Ainfi, comme ce feroit un grand peché de ne vouloir rien recueillir l'Eté, & fe mettre par-là en danger de mourir de faim pendant l'Hyver; c'eft de meme un peché confiderable de ne pas remplir fon efprit des veritez, pour nourrir & fortifier l'ame dans les befoins qui luy arrivent. Ce feroit fans doute une grande faute à un Soldat qui pourroit être fupris à tout moment par l'ennemi, de ne préparer pas les armes qui luy font necellanes pour fe défendre, & de fe mettre en danger par-là d'en étre furmonté,

4 Cùm res funt tranquille, tunc home fibi colligere deber verbum Dei, & recondere in intimis cordis fui, quemadmodum formica abfcondit in cavernofis penetralibus labores æftatis. Per æftatem enim vacat hoc agere: venit autem hyems, id eft fuper venit tribulatio & nifi intus invenerit quod edat, necede eft ut fame difpereat. S. Aug. in Pf. 36,

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