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peuvent mettre fa Foy en danger : mais fi le cœur n'eft pas veritablement touché de l'amour de Dieu & de celuy de fon Eglife, l'efprit fera facilement ébranlé.

CHAPITRE VIII.

Des pechez contre la Foy.

Omment faut-il s'examiner fur les

DC pechez contre la Foy?

R. Il faut d'abord confiderer certains pechez contre la Foy, qui font plus groffiers & plus connus, & enfuite il faut s'examiner fur ceux qui font moins connus.

D. Quels font les pechez contre la Foy, qui font plus connus?

R. C'eft 1. D'adherer à quelque penfée de doute ou d'infidelité contre la Foy de quelque myftere.

2. D'abandonner actuellement la Foy de l'Eglife, ce qui s'appelle apoftafie.

3. De lire des livres, & de s'engager en des entretiens & des examens qui mettent la Foy en danger.

4. De n'avoir pas foin de s'inftruire des ve ritez néceflaires au falut.

3 5. De manquer à confeffer Jefus-Chrift & à faire profeflion de la Foy, lorfque l'on eft juridiquement interrogé de fa Religion.

6. De proferer des blafphemes contra

Dieu, ou d'y adherer interieurement. D. Quels font les pechez contre la Foy qui font le moins connus ?

R. C'eft 1. De n'avoir pas foin d'augmenter la Foy des myfteres, & l'intelligence de tout ce qui appartient à la Foy, comme des ceremonies de l'Eglife, afin de tirer plus de fruit des inftructions des Pasteurs & des folemnitez de l'Eglife.

2. a De s'occuper peu des veritez de Foy, & de donner prefque tout fon efprit aux chofes du monde; ce qui fait qu'il n'a point d'ouverture à comprendre les myfteres & les veritez de l'Evangile, en quoy confifte le peché que Saint Thomas appelle pefanteur d'efprit, & aveuglement: Hebetudo mentis,

cæcitas mentis.

3. De remplir fon efprit des mauvaises.maximes du monde, ce qui obfcurcit la Foy des maximes de l'Evangile, & la rend foible, languiffante, fans clarté & fansaction....

4. De n'avoir pas foin de s'inftruire des veritez de morale neceffaires à notre conduite.

5. De n'avoir pas foin d'entretenir & de fortifier, fa Foy par la meditation de la Loy de Dieu, & par de frequens Actes de Foy, d'où il arrive qu'elle s'affoiblit &.s'obscurcit.

a Sic ergo hebetudo fensûs circa intelligentiam, importat quan dam debilitatem mentis circa confiderationem fpiritualium bonorum: cecitas mentis in quantum fcilicet eft voluntaria, ut pater in eo qui affectus circa carnalia de fpiritualibus fubtiliter difcutere faftidit, vel negligit. S. Thom, 2. 2. quæft. ss. art. 2.

6. De manquer à faire profeffion des veritez de la Foy & des maximés de l'Evangile, toutes les fois que l'honneur de Dieu & l'uti lité du prochain le demandent.

7. De fouffrir qu'on avance en notre prefence de méchantes maximes contre l'Evangile, lorfque l'on a quelque autorité & quelque moyen pour l'empêcher.

8. De faire femblant par complaifance d'être plus déreglé que l'on n'eft, pour plaire. aux hommes déréglez, & fembler ne pas blâmer leur conduite.

pas

9. De n'éviter les lieux, les compagnies, & les livres qui affoibliffent la Foy des maximes de l'Evangile.

10. D'être negligent de demander à Dieu la confervation & l'augmentation de fa Foy. D. Les erreurs font-elles criminelles dans les perfonnes charnelles & groffieres?

R. Saint Auguftin répond a que le Saint Efprit qui habite en eux, perfectionnera dans l'autre vie ce qui leur manque d'intelligence, pourvû qu'ils n'ayent pas fait des dogmes felon leurs pensées, & qu'ils foient demeurez dans la foumiffion: mais cela ne fe doit entendre que des penfées charnelles, qui n'ôtent pas la connoiffance des chofes neceflaires au falut.

a Preficiet in iilis habitator illorum, quidquid intelligentiæ mi¬ Bus habuerunt. Aug. Ep. 17.

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SECONDE

INSTRUCTION

DE L'ESPERANCE.

CHAPITRE PREMIER.

Ce que c'est que l'Esperance. Qu'on eft obligé d'avoir cette Vertu.

D.

U'eft-ce que l'Esperance Chrétienne?

-R.C'eft un defir des biens éternels, joint avec une confiance de les obtenir par la grace & par le secours de Dieu.

D. Où cette vertu eft-elle commandée ?

R. Elle nous eft commandée en plufieurs endroits de l'Ecriture, comme lorfqu'elle nous dit: a Que toute l'assemblée de fon peuple efpere en luy mais on peut dire que le Commandement de l'Esperance eft principalement contenu dans ces premieres paroles du Decalogue: Je fuis le Seigneur votre Dieu; car

Sperate in eo omnis congregatio populi. Pf. 51.2. ga

1

en nous difant qu'il eft notre Dieu, il nous
dit par confequent qu'il eft notre bien, notre
fin, notre beatitude; & par-là, il nous obli-

ge
de le defirer & de tendre à luy, Il nous dit
de plus par le mot de Diens qu'il eft plein de
mifericorde & de bonté, & qu'il eft fidele,
dans fes, promeffes, ce qui contient le fon-
dement de l'Esperance Chrétienne; car il
faut defirer Dieu, parce qu'il eft notre fou-
verain bien il faut avoir la confiance que
l'on l'obtiendra ? parce que Dieu est une
fource inépuifable de bonté, & qu'il a pro-
mis fon fecours à ceux qui le luy demandent
D. Qu'est-ce que defirer de poffeder Dicu -
& le bien fouverain ?

R. C'eft defirer la parfaite juftice, la par-
faite fainteté, la parfaite foumiffion aux vo-
lontez de Dieu, le parfait oubli de foy-mê-
me, le parfait anéantiflement, le regne par
fait de Dieu fur nous, qui ne fe peut obtenir
qu'en le
voyant clairement, & Paimant
faitement.

par

D. Le defir de la béatitude eft-il effentiel à la vie Chrétienne?

R. 4 Ouy, parce que c'eft par ce defir que

a...Vitam futuram ubi laudabimus Deum poft captivitatem vitæ præfentis, ubi erit innovatio civitatis illius magnæ JerufaJem; unde peregrini fufpiramus, captivati adhuc fub onere & farcina corporis mortalis; unde adirac gemimus in peregrinatione, exultabimus autem in parria. Qui autem non gemit peregrinus non gaudebit civis, quia defiderium non eft in illo.... Non vobis placeat amor Babylone, ne oblivifcamini civitatem Jerufalem. Et fi corpus verum adhuc in Babylonia tenetur y cor veftrum ad Jerufalem præmittatur. S. Ang in Pf. 148.

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