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D. Mais la difficulté de la vie Chrétienne n'eft-elle pas un fujet de defefperer de pouvoir arriver au falut, au moins à l'égard de quelques perfonnes?

Ra Non; car Jefus-Chrift n'eft pas feulement une voye, mais c'est une voye qui nous porte comme une riviere: il nous conduit dans luy, parce qu'il eft la voye; & nous conduit par luy, parce qu'il eft la verité; il nous conduit à luy, parce qu'il eft la vie.

D. La grandeur des pechez paffez n'eft-elle pas une raifon de desespoir?

R. Non; & Dieu nous en a voulu donner une marque, en ce qu'il a rendu fa mort le remede du crime des Juifs qui l'avoient crucifié.'

D. Eft-il croyable qu'un pecheur foit deftiné à un fi grand bonheur ? R. Ce que Dieu a déja fait pour nous, eft plus incroyable que ce qui luy refte à faire. Car il eft plus incroyable que l'Eternel foit mort pour des hommes mortels, que non pas que l'homme mortel foit rendu immortel.

D. Que doit-on dire à ceux qui font trop troublez de leurs pechez?

R. b Il leur faut dire que ce trouble cft in

a Via nobis factus eft Chriftus, & defperamus nos perventuros? Aug. ferm 7. de verb. Ap.

Ego fum, inquit, via, veritas & vita, tanquam diceret : Quâ vis ire? Ego fum via Quò vis ire? Ego fun veritas. Ubi vis permanere? Ego fum vita. Id. de verb. Evang. ferm. 142.

Erigar fe humana fragilitas, non defperer, non fe collidar... banca prece the dilectio. Plus eft jam quod fecit, quàm quod Promifit, Quid fecit ? Mortuus et pro:e. Quid promifit? ut vivas

juricux

jurieux, au Sang de Jefus-Chrift, & que ces pechez ayant été prefens à Jefus-Chrift mourant, ce n'est pas avoir affez de confiance en fa mort que de s'en inquieter.

D. Comment doit-on confiderer les penfées de défiance?

R. Comme de tres-dangereuses tentations, puifqu'elles portent au defefpoir, qui eft le plus grand crime de la Loy nouvelle, & un peché contre le Saint Efprit. Il faut donc avoir horreur de ces penfées, comme de cèl→ les qui attaquent la Foy ou la pureté.

D. D'où doit-on tirer des motifs de con fiance ?

R. De la bonté & de la mifericorde de Dieu en general, & des preuves que nous en avons particulier. C'eft, par exemple, un grand fujet de confiance, s'il nous a tirez de Paffoupiflement où les autres languiffent: s'il a rompu les chaînes de nos pechez, ce font des effets de fon amour, & cet amour eft le fondement de notre cfperance; la crainte même eft un fujet d'efperance, car c'est une marque du regard de Dieu.

cum illo. Incredibilius eft quòd mortuus eft Æternus, quàm ut in æternum vivac mortalis. Jam quod incredibilius eft tenemus. Si propter hominem mortuus eft Deus, non eft victurus homo cum Deo ? Non eft victurus mortalis in æternum,propter quem mortuus eft qui vivit in æternum. Idem in Pf. 148.

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CHAPITRE IV.

De l'obligation des moyens de nourrir & d'aug▲ menter fon Efperance.

D. St-on obligé de conferver en soy l'Es

perance?

R. L'Efperance eft neceffaire au salut, & l'un des plus grands dons de Dieu; ainsi, il eft fans doute neceffaire de la conferver.

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D. Dites-nous encore d'autres raifons?

R. C'est que fans l'Efperance, on ne pourroit fouffrir les maux de la vie, ni s'empêcher de s'attacher au bien prefent; 4 car c'eft par l'Esperance qu'il faut fe confoler de la inort de ceux qu'on aime, afin de n'étre pas femblables à ceux dont parle Saint Paul, qui n'ont point d'efperance de revoir leurs amis après leur mort. C'eft l'Esperance qui nous fait méprifer les afflictions & les maux de cette vie, parce qu'elle nous remplit de l'attente des biens ineffables qui font destinez aux Elûs dans l'autre; c'eft l'Efperance qui nous fait compter pour peu de chofe la felicité de la vie prefente, parce qu'elle n'a aucune proportion avec celle de l'autre vie, vers laquelle l'Elperance nous fait foupirer; ainfi, étant necefiaire pour nous foutenir

at non contriftemini, ficut & cæteri qui fpem non habent. 1. Thall. +.12.

contre l'adverfité & contre la profperité nous devons avoir grand foin de la nourrir, & même de l'augmenter.

D. Comment faut-il entretenir & augmenter l'Esperance?

R. Il la faut augmenter. 1. En s'entretenant fouvent de la bonté de Dieu, de fon amour éternel, de la force du fang & de l'interceffion de Jefus-Chrift auprès de fon Pere, en fe jettant avec amour entre les bras de Dieu.

2. En confiderant fouvent combien il eft injuste de mettre fon efperance dans les hommes, qui ont & fi peu de pouvoir & fi p peu de volonté de nous affifter; & d'efperer fi peu en Dieu, qui eft fi plein de bonté pour nous, & de qui nous avons tout reçû.

3. En s'appliquant les promeffes de Dieu, & en concevant que ce n'eft pas feulement aux hommes en general, mais que c'est à nous en particulier que ces promeffes font faites.

Il faut nourrir fon Efperance, en s'entretenant fouvent des pensées qui peuvent exciter dans le cœur le dégoût de la vie presente & l'amour de la vie du Ciel.

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CHAPITRE V.

De la haine de la cie prefente.

D. St-il utile de se representer les misere,

de cette vie?

R. Ouy; parce que la pente de la cupidité eft de nous y attacher, en nous les cachant ; & qu'une des fins de Dieu en rempliflant cette vie de tant de miferes, eft de nous en dé tacher..

D. Quelles miferes y faut-il confiderer? R. Les miferes exterieures ; c'est-a-dire, celles du corps; & les miferes interieures & fpirituelles, qui font celles de l'ame.

D. Quelles font ces miferes exterieures ? R. Tous les maux aufquels on eft expofé depuis l'enfance jufqu'à la vieilleffe. L'état de foibleffe & de folie où les enfans naiffent, les peines qu'ils ont à en fortir, les maladies infinies aufquelles on eft fujet dans le cours de la vie, les travaux, les fatigues, les neceffitez dont on ne peut s'exempter, les pertes, les accidens & les violences aufquelles on eft en butte, l'effort continuel contre la mort auquel on eft obligé, les guerres, les troubles, la confufion où l'on eft enveloppé,l'instabilité de tout ce qu'on peut poffeder de bien, &c. D. Quelles font les miferes interieures de cette vie ?

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