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tiens. Car tous ceux qui fervent Dieu d'une maniere mercenaire, & pour dés biens temporels, ou qui violent fes Loix en les connoiffant, font encore dans un état judaïque, & ils ne commencent d'être vraiment Chrétiens, que lorfqu'ils commencent à observer les Loix de Dieu, & à les observer par l'a mour de Dieu.

D. Cette Loy écrite comprend-elle tous les 'devoirs naturels de l'homme envers Dieu & envers le prochain, & tous les preceptes que Dieu a donnez aux hommes dans le refte des Ecritures du Vieil & du Nouveau Teitament?

néan

R. Elle ne les comprend pas en termes ex près, & tout le monde n'eft pas même сара ble de les en tirer: mais on les y peut moins réduire, ou comme principes des de voirs qui y font marquez, ou comme des fuites & des confequences de ces devoirs; c'eft pourquoy nous avons appellé le Decalogue, l'abregé des Loix de Dieu.

D. Faut-il faire plus d'état des Commandemens de Dieu, qui font contenus expreffément dans le Decalogue, que de ceux qui n'y font pas contenus expreffément ?

R. Les deux principaux Commandemens, qui font le Commandement de l'amour de Dieu, & celuy de l'amour du prochain, n'étant pas contenus en termes exprès dans le Decalogue, font voir qu'il ne faut pas juger précisément de l'importance d'un'Comman

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dement, parce qu'il y eft ou n'y eft pas con tenu en termes exprès, mais par le jugement que l'Ecriture nous apprend à en porter; ainfi, il ne faut pas faire moins d'état des préceptes qui ne font que réduits au Decalogue que de ceux qu'il contient expreflément & en termes formels. Il faut au contraire embraffer generalement tout ce que Dieu nous commande dans toutes fes Ecritures, foit qu'il foit, ou ne foit pas expreflément contenu dans le Decalogue.

CHAPITRE II.

De la neceffité de s'inftruire de la Loy de Dien Peril de ceux qui negligent de s'en inftruire.

D. Tous les Chrétiens font-ils obligez de fçavoir le Decalogue?

K. Ils font obligez de fçavoir non seule ment le Decalogue, mais generalement toutes les Loix de Dieu, dont ils ont besoin pour la conduite de leur vie, & qui leur doivent fervir de regles dans toutes leurs actions, ce qui renferme la connoiffance de plufieurs préceptes, qui ne font que réduits au Decalogue, & qui n'y font pas expreffément contenus.

D. Il ne fuffit donc pas de fçavoir par cœur les dix Commandemens de Dieu ?

R. Non; il en faut penetrer le fens & l'é

tendue, & y renfermer toutes les autres Loix de Dieu, que l'on -y réduit, & qui font des regles de nos actions.

D. Y a-t-il grand nombre de Chrétiens qui manquent de ces connoiffances, entre ceux qui fçavent le Decalogue ?

R. On peut dire que la plupart des Chré tiens en manquent, parce qu'il y en a peu qui foient inftruits de leurs obligations & de F'étendue des préceptes de Dieu.

D. D'où vient donc cette ignorance fi generale ?

R. Elle vient en partie des Pafteurs qui n'ont pas foin d'expliquer aux Peuples leurs devoirs en détail, en partie de la negligence des particuliers, qui ne cherchent pas à s'en inftruire avec le foin neceflaire; mais qui aiment mieux marcher au hazard & fans lumiere, dans la conduite de leur vie.

ce?

D. Quelle eft la fource de cette negligen

R. C'eft le défaut d'amour pour Dieu & pour leur falut; car s'ils aimoient Dieu, ils. craindroient de violer fes Commandemens faute de les connoître; & s'ils defiroient comme il faut, leur falut, ils apprehenderoient de fe perdre en s'engageant dans des crimes faute de lumiere, & cette crainte les porteroit à chercher à s'en inftruire pleine

ment.

Comme ils peuvent pecher dans toutes leurs actions, & que toutes leurs actions ont

leurs regles; ils s'informeroient de ces regles, ils les repafferoient dans leur efprit après les avoir apprifes, ils s'en occuperoient, ils les approfondiroient.

D. L'ignorance des Loix de Dieu excufet-elle les Chrétiens?

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R. Elle n'excufe pas même les Païens parce qu'elle eft toûjours un effet de leur negligence, & de l'obftacle qu'ils mettent par leur malice volontaire aux lumieres de Dieu. D. De quelles raifons fe faut-il fervir pour faire concevoir aux ames le peril de cette negligence?

R. Il faut tâcher de leur donner une vive idée de leur imprudence, en la leur reprefentant fous cette image. Elles doivent fe regarder dans le monde, comme fi elles avoient à marcher dans une grande campagne remplie d'abîmes profonds, de précipices affreux, de pieges fans nombre, & qui fût couverte de tenebres fi épaifles, que l'on n'y vit pas à fe conduire ; que le feul moyen d'éviter ces précipices, ces abimes & ces pieges, fût de fe pourvoir de lumieres & de Hambeaux, que des gens offriroient liberalement à ceux qui les leur demanderoient, ou que l'on pourroit acquerir avec peu de foin. Enfuite il leur faut demander, fi ce ne feroit pas le comble e imprudence & de la folie, que de s'engager à courir au hazard dans cette campagne, fans fe mettre en peine de faire provifion de ces lumieres. Voilà néanmoins

te que la plufpart du monde fait. Il y a mille tentations, mille perils & mille occafions de se perdre dans la vie, parce qu'on y peut pe cher chaque jour en une infinité de manieres. On ne peut éviter ces pechez, que par la lu→ miere des Commandemens de Dieu; qui tiennent lieu, felon l'Ecriture, d'une lampe allumée dans le monde, qui eft un lieu obfcur & tenebreux. Cependant fans fe mettre en peine de fe pourvoir de cette lampe pour s'éclairer, on s'engage au hazard à marcher & à courir dans la vie, à agir, à parler, à converfer, à faire des deffeins, à contracter des engagemens, en ne fuivane que son caprice & la fantaifie. Se doit-on étonner après cela, fi la plupart des hommes fe font mille playes mortelles à leurs ames, s'ils fe préci pitent d'abîmes en abimes? Le mal eft, que ces playes font infenfibles dans cette vie, & ne fe découvrent fouvent à l'ame que dans l'autre vie.

D. Que doit craindre une ame qui fe trouve coupable de cette negligence, & qui ne fçait pas les Commandemens de Dieu, ou qui les fçait d'une maniere imparfaite ?

R. Elle doit craindre 1. Que cette negligence ne foit une marque qu'elle n'a point aimé Dieu durant toute la vie, & qu'elle a toûjours été en mauvais état. 2. Qu'elle n'ait commis une infinité de pechez, fans les connoitre, qui ne laifleront pas de luy être im purez par la Justice de Dieu,

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