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phie ancienne, s'explique en ces termes : » (4) Perfonne n'a pû découvrir encore où étoient ces Arboriques, que Procope » dit avoir été Sujets de l'Empire Romain en des tems anté»rieurs à ceux dont il écrivoit l'Hiftoire. Ce qui eft certain, » ajoûte notre Géographe, c'est que Procope entend parler » dans cet endroit de fon Livre, de quelque Peuple des Gau» les. « Si Cluvier n'a pas porté plus loin fes recherches fur les Arboriques, c'eft qu'il ne faifoit point la defcription de la Gaule dans celui de ces Ouvrages, où il dit ce qu'on vient de lire, mais bien la defcription de la Germanie.

Le Pere Daniel, il eft vrai, affigne à fes Arboriques un territoire dans la Gaule, & il les place entre la Meufe, l'Ocean, & l'Efcault, dans la Carte Géographique qu'il a mife à la tête de fon Hiftoire. Mais cette polition n'eft pas foutenable. Nous avons huit ou dix Notices ou recenfemens des Gaules, compofées fous les derniers Empereurs. Quoiqu'il y foit fait un dénombrement assez exact des Peuples qui habitoient la feconde Belgique, où devoit être le Pays que le Pere Daniel affigne aux Arboriques pour leur demeure, il n'y eft fait aucune mention de ces Arboriques, qui devoient néanmoins être un Peuple nombreux. Enfin, fi dans le cours du cinquième fiecle il fe fût établi dans les Gaules quelque Peuple étranger appellé Arborique, & qui eût été auffi puiffant que l'étoient les Armoriques lorsqu'ils s'affocierent avec les Francs fous le regne de Clovis: Pourquoi Sidonius Apollinaris n'en auroit-il point parlé, lui qui s'eft plû tant de fois à faire, foit en profe, foit en vers, l'énumération de tous les Barbares qui fe cantonnoient dans cette grande Province ? Pourquoi n'en trouveroit-on rien dans Salvien, ni dans Avitus, ni dans aucun autre Auteur que Procope? Enfin, pourquoi fi les Arboriques euffent été placés à l'extrémité de la feconde Belgique, leur affociation avec les Francs, auroit-elle mis dans la néceffité de capituler avec Clovis, les troupes Romaines poftées fur la Loire qui étoit la frontiere du territoire de l'Empire du côté où il confinoit au Pays tenu par les Ariens, c'est-à-dire, par les Vifigots & par les Bourguignons. Auffi voyons-nous que les Auteurs étrangers ou François qui 1 parut en ont écrit depuis que le Pere Daniel a eu publié le premier Votume de fon Histoire, & qui ont cu occafion de parler des Arbo

696.

(a) Arborichi ifti qui fuerint quos ex antiquo ait Procopius fuiffe fub Romanorum Imperio, nemo hactenus difpexit. Galli

cam aliquam gentem cum intelligere certum eft.

Germ. Cluverii, lib. 2. cap. 20. pag. 226. ques

riques, n'ont pas laiffé de fuivre la correction prefque géneralement reçûë, & qu'ils ont écrit les Armoriques.

L'illuftre M. Leibnits dit dans fon Traité fur l'origine des Francs. Les Arboriques, qui comme nous l'apprenons de » Procope fe foumirent aux (4) Francs, n'étoient point une » Nation particuliere, quoique le Pere Daniel & d'autres Ecri» vains l'ayent cru. Ces Arboriques étoient les Peuples des Gau» les lefquels habitoient fur la rive droite de la Loire & fur la » côte de la mer dans laquelle fe jette ce Fleuve, & qui avoient » vécu autrefois fous la domination des Romains. A cet égard, je fuis du fentiment de M. de Valois, d'ailleurs Zofime tran» che la difficulté, lorfque dans fon fixiéme Livre, il défigne » par le nom d'Armoriques, les Peuples dont il s'agit. C'eft là » probablement que Procope a pris fon nom d'Arboriques, en » alterant un peu celui d'Armoriques.

دو

Monfieur Hertius (b) un des Jurifconfultes du Droit Public les plus eftimés en Allemagne, dit pofitivement dans fa Notice de l'ancien Royaume des Francs, qui fut publiée par fon fils en mil fept cens treize, qu'il eft de l'avis de M. de Valois & qu'il faut lire dans Procope, les Armoriques.

Un autre Sçavant de la même Nation, M. Eccard qui nous donna en mil fept cens vingt, une nouvelle édition de la Loi Salique & de la Loi des Ripuaires, les deux Loix fuivant lefquelles la Nation des Francs a été gouvernée fous les deux premieres Races de nos Rois, dit à propos d'une faute du Pere Daniel, qui fait venir les Ripuaires des Arboriques. (c) Les Arboriques ont été fans aucun doute, le même Peuple que » Ecrivains de l'antiquité nomment les Armoriques, dont le » Pays étoit le long de la Loire, & s'étendoit jufqu'à l'Ocean. » Si le Pere Daniel qui a tant de lumiere avoit lû Procope avec

(a) Arborichos Procopio dictos, qui fe Francis fubmifere, non peculiares fuiffe Populos, ut vir celeberrimus Danielius cum multis arbitratur, fed Aremoricos, Gallos nempe cis Ligerim, mari vicinos, Romanis antea parentes, Valefio affentior. Et rem conficit Zozimus qui libro fexto, Armoricos vocat: Ut fufpicer Procopium ex ipfo fuos Arborichos corrupto paululum vocabulo haufiffe.

Leibnitz, de orig. Franc. par. 38.

(b) Ubi qui Populus Arborichi & quæ corum fedes fuerit, inter eruditos non congenit....... Nobis affentiri libet Adria

Tome II.

les

Page feizié

me.

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plus d'attention, & s'il eût enfuite conferé ce qu'écrit l'Histo » rien Grec, avec ce qui fe trouve dans Gregoire de Tours, » n'auroit pas manqué d'appercevoir la verité.

Le Pere Lobineau dit dans le fecond Volume de fon Histoi

re de Bretagne imprimé en mil fept cens fept. » Il y aura peut» être bien des gens qui ne voudront pas fe perfuader que les Arboriques de Procope foient les mêmes que les Armoriques, » mais en verité la difference des noms n'eft point affez grande » pour imaginer fur un fondement fi leger je ne fçais quelle » Nation d'Arboriques ou d'Arbouches dans l'Allemagne & » dans le Brabant. Ce que dit Procope, que ces Arboriques » étoient à l'extrémité des Gaules, qu'ils étoient Chrétiens, qu'ils étoient à craindre aux Francs, & qu'il y avoit auprès » d'eux des Ariens, ne peut convenir à aucune Nation du Bra"bant & de l'Allemagne, & convient parfaitement aux Armoriques. Il reste à répondre fur la difference des noms, mais quand elle feroit plus grande, l'éloignement des lieux, la » diverfité des Langues, & peut-être un peu de manque d'exactitude, ont pû faire tomber Procope dans cette furprise. Au "refte ce changement de l'M en B, eft fort naturel comme on » peut le voir par ce paffage d'Aefchile, &c.

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Je ne crois pas néanmoins que Procope ait écrit lui-même Arborici pour Armorici, & je penfe que cette faute doit être imputée à quelque Copiste, qui l'aura commife d'autant plus aifément que les lettres courantes, dont les Grecs fe font fervis long-tems encore après Procope, pour l'm & pour le b, étoient deux caracteres qui fe reffembloient fi fort qu'il étoit facile de s'y tromper & de prendre l'un pour l'autre dans le manufcrit que l'on tranfcrivoit. On peut voir dans la Paléographie Grecque du Sçavant Dom Bernard de Montfaucon, que I'm ne differoit du b, figuré à peu près comme un #, que parce qu'elle avoit un jambage. Un Copifte preffé aura omis ce jambage, & il aura fait d'Armorici, Arborici. C'est donc à l'aide d'un changement fi leger qu'il mérite à peine le titre de correction qu'on rend très-clair le paffage de Procope, qui ne fçauroit être bien expliqué autrement. Nous fçavons par ce moyen quelle fut la fin de cette République des Armoriques, dont Zofime nous a raconté l'origine, dont Salvien nous parle comme d'un Etat fubfiftant encore en quatre cens cinquante, dont l'Auteur de la Vie de Saint Germain-l'Auxerrois, nous apprend les malheurs, & dont Sidonius & Profper difent auffi quelque chose. Enfin ce

paffage de Procope entendu, comme on vient de l'expliquer, nous met au fait de ce qu'ont voulu dire l'Auteur des Geftes & Hincmar, lorfqu'immédiatement après avoir parlé du mariage de Clovis, fait vers l'année quatre cens quatre-vingt-treize, ils ont écrit l'un & l'autre. (4) » Dans ce tems-là Clovis » étendit fon Royaume jufques à la Seine, mais ce ne fut que » dans les tems pofterieurs qu'il l'étendit jufques à la Loire. «< En effet, Clovis dont le pouvoir avoit été reconnu par les Provinces Obéiffantes dès quatre cens quatre-vingt-treize, comme nous l'avons expofé, ne foumit qu'après fon Baptême, fuivant Procope, & les Armoriques & les Soldats Romains qui gardoient contre les Vifigots plufieurs pays voifins de la Loire. Ainfi ce ne fut qu'en quatre cens quatre-vingt-dix-fept qu'il étendit fon Royaume jufques à ce Fleuve.

Il me reste encore une chose à dire en faveur de notre correction, fi petite quant au changement qu'elle fait dans la leçon de Procope, & d'une fi grande importance quant à notre Hiftoire, c'est qu'il fe trouve dans le Texte de cet Hiftorien beaucoup d'autres noms propres mal écrits, & qu'il eft néceffaire du confentement de tout le monde, de rétablir. Nous n'irons pas bien loin pour en chercher des preuves. Dans le même paffage dont il eft ici question, on lit le Po, où certainement Procope avoit mis le Rhône. Cet Auteur qui avoit été long-tems en Italie fçavoit trop bien que le Po étoit un Fleuve de ce pays-là, & non point un Fleuve des Gaules. Si la faute de mettre Arborici pour Armorici, eft faite plus d'une fois dans notre paffage, celle d'avoir écrit Eridani. pour Rhodani, & d'avoir ainsi fait du Rhône le Po, s'y trouve auffi repetée plufieurs fois.

Nous parlerons encore dans la fuite de cet Ouvrage, d'autres noms propres défigurés par les Copistes de Procope. Čes Copistes Grecs ayant vécu dans les derniers tems de l'Empire de Conftantinople, il n'eft pas étonnant qu'ils ayent eu affez peu de connoiffance de la Géographie des Gaules, pour eftropier le nom des Villes, des Fleuves & des Nations de cette vaste Contrée. Je finirai ce Chapitre par une conjecture que Vigner fait fur la réduction des Armoriques à l'obéiffance de Clovis. La voici: Ils avoient été incités par leurs

(a) In illis diebus dilatavit Chlodoveus amplificans regnum fuum ufque Sequaaam. Sequenti tempore ufque Ligere fluvio Occupavit.

Geft. Franc. cap. decimo quarto.

Evêques à fe ranger fous la loi

In diebus illis dilatavit Rex Chlodovicus

regnum fuum ufque Sequanam. Sequenti tempore ufque Ligerim fluvium occupavit, Hincm. in Vit. Remigii.

Ancien Etat des François plûtôt que des Vifigots par les causes alleguées cide la petite » deffus. En confirmation de quoi plufieurs ont écrit que S. MéBret. pag. 95. » laine Evêque de Rennes fut fort familier, voire un des Confeillers, du Roi Clovis, ce qui ne pouvoit être vrai s'il avoit

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» été Sujet d'un autre Roi & non de lui. « Il feroit bien inutile après tout ce que j'ai dit des Armoriques, d'avertir le Lecteur qu'il ne faut point les confondre comme l'ont fait quelques Au-· teurs modernes, avec les Bretons Infulaires qui vinrent s'établir dans les Gaules, un petit nombre d'années après la réduction des premiers à l'obéiffance deClovis. Nous parlerons plus au long de ces Bretons Infulaires, qui n'ont rien cu de commun avec les Armoriques, fi ce n'eft d'avoir occupé une portion de la Patrie

des derniers.

CHAPITRE I X.

Des établissemens que Clovis aura pû faire dans les Gaules après la réduction des Armoriques, & de la jaloufie que les Vifigots concurent contre lui. De l'époque tirée de l'année de la mort de Saint Martin.

Es deux évenemens importans dont nous venons de faire l'histoire, & qui rendirent Clovis maître de tous les Pays qui font entre la Seine & la Loire, ainsi que du Berri & des autres Contrées que pouvoient encore tenir les troupes Romaines qui capitulerent avec lui, le rendirent en même-tems un Prince puiffant, & en état de faire beaucoup de graces à ceux qui s'attacheroient à lui. En effet les revenus de tant de riches Provin ces donnoient au Roi de la Tribu des Saliens le moyen de faire toucher régulierement une groffe folde à fes troupes & le moyen de pourvoir avantageufement les Soldats mariés ou ceux qui vou droient fe retirer. Ainfi l'on croira fans peine que dès-lors plufieurs Francs des autres Tribus s'en féparerent pour s'incorporer dans celle des Saliens, & même que des Tribus entieres s'atta cherent à Clovis, afin d'obtenir de ce Prince qu'il leur donnât dans les Gaules des quartiers tels que les Romains y en avoient donné dans les tems précedens aux Confédérés. C'est apparemment ce que fit alors la Tribu qui avoit pour fon Chef Regno