AURO I,

SIRE,

POUVOIS-JE choisir une circonftance plus heureufe que celle où VOTRE MAJESTÉ, ranime d'un regard

favorable les Sciences & les Lettres, & verfe fur elles fes bienfaits, pour vous préfenter un Ouvrage que je confacre à leur foutien, à leur gloire & au maintien des Maurs. Quand j'ofe vous en offrir l'hommage, qu'il m'est doux de me rappeler, avec la reconnoissance la plus respectueuse, la bonté avec laquelle feu MONSEIGNEUR LE DAUPHIN, votre Augufte Père, accueillit mes premiers Effais! Honoré pendant long-temps, SIRE, de la protection particulière de cet EXCELLENT PRINCE, que m'avoit procurée un illuftre & fage Prélat (*), dans lequel il avoit mis fa confiance & fon

(*) Feu M. de Nicolaï, Évêque de Verdun.

amitié; j'ai tâché de la mériter par des travaux utiles. Heureux fi VOTRE MAJESTÉ daigne prendre fous fa

protection, ce dernier fruit peut-être

de mes veilles

& permettre qu'il

paroiffe fous fes aufpices.

Je fuis avec le plus profond refpect,

SIRE,

DE VOTRE MAJESTÉ,

Le très-humble, très-obéiffant ferviteur

& très-fidèle fujet,

RIGOLEY DE JUVIGNY.

DE LA DÉCADENCE

DES LETTRES

ET DES MŒURS,

DEPUIS LES GRECS ET LES ROMAINS JUSQU'A NOS JOURS.

MALGRÉ le titre fuperbe de SIECLE De LUMIÈRES, dont notre Siécle fe décore, nous n'avons jamais été plus fondés à nous plaindre non-feulement de la décadence des Lettres & du Goût, mais même de la corruption des Mœurs. A quoi devonsnous en attribuer la caufe, fi ce n'eft au vice de notre Éducation, à la foibleffe

A