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ajoûte-t-il, qu'il nous a paru le dernier des homme, un hommes de douleurs : Noviffimum virorum, virum dolorum. Puis faifant parler le Sauveur: J'ai li vré mon corps à ceux qui me frappoient; je n'ai point detourné mon vilage de ceux qui m'outrageoient, & qui me couvroient de crachats. Reprenant enfuite la parole lui-même: il a pris fur lui, dit-il, nos propres miferes, il s'eft chargé volontairement de nos iniquitez: Ipfe vulneratus eft propter iniquitates noftras : il a été couvert de playes pour nos pechez, il en a voulu fubir toure la peine; mais auffi ce n'est que par fon fang répandu que nous avons été gueris: Cujus livore fanati fumus. Au refte, continue le Prophete, s'il a été immolé pour nous, c'est bien parce qu'il l'a voulu Oblatus eft quia ipfe voluit rien n'a été plus libre que fon facrifice, Auffi n'a-t-il pas même ouvert la bouche pour se plaindre; il fera mené à la mort comme une brebis qu'on va égorger, gardant un profond filen ce, femblable à un agneau muet devant celui qui le tond: Et quafi agnus coram tondente fe obmutefcet. Mais comme malgré les iniquitez d'autrui dont il a bien voulu fe charger, & dont il eft in

nocent, il eft Saint, il eft jufte par excellence: il justifiera par la mort ce grand nombre de criminels: Juftificabit ipfe juftus multos; & parce qu'il s'est livré à la mort pour l'expiation des pechez, & qu'il a prié pour ceux mêmes. qui lui ôtoient la vie, il verra une nombreufe pofterité, il regnera dans tout l'univers, & au-delà de tous les fiecles: fi pofuerit pro peccato animam fuam, videbit femen longavum. Qui ne reconnoît le vrai portrait de JESUS-CHRIST mourant dans cette peinture allegorique?

Tous les autres Prophetes n'ont en vûë que JESUS-CHRIST. Il eft le principal objet de cette multitude de prédictions, qui étalent les traits les plus marquez de fa vie. Nul des Prophetes qui ne foit comme le Heraut de cet Homme Dieu, dont ils publient la fainteté, & la divinité en même tems qu'ils prédifent le tems de fa venue. C'eft lui qui eft nôtre Dieu, dit le Prophete Baruch, & nul autre ne fubfiftera devant lui: Hic eft Deus nofter,& non eftimabitur alius adversùs eum. C'eft lui qui a trouvé les voyes de la vraye fcience, & qui l'a donnée à Jacob fon ferviteur, & à Ifraël fon bien-aimé. Après cela il a été v fur la terre, & il a converfé avec

les hommes: Poft hac in terris vifus eft, &cum hominibus converfatus eft. C'està-dire, ce Dieu dont la bonté eft incompréhensible, & la mifericorde infinie, après avoir inftruit & preparé fon peuple dans l'école des Prophetes, & l'avoir rendu par ces tableaux allegoriques, & ces prédictions multipliées, capable d'un Mystere fi au-deffùs de la portée de l'efprit humain, il s'eft rendu vifible fur la terre par fon Incarnation & s'étanr fait Homme, il a daigné converfer familierement avec les hommes, & fe faire femblable à eux.

On peut dire que tout le vieux Te tament est une perpetuelle allegorie des mysteres contenus dans le Nouveau, & fingulierement de celui de l'Incarnation du Verbe, fous les noms figuratifs de CHRIST, ou Oingt du Seigneur de Liberateur, de Chef, de Roi, d'Envoyé, de Conducteur, de Meffie, de Sauveur. C'est par ces peintures allegoriques que l'Elprit Saint a voulu apprivoifer, pour ainfi dire, l'efprit humain à une verité, contre laquelle toute la raifon naturellement fe revolte; & le rendre capable peu-à-peu de la foi d'un Myftere fi fort au-deffus des fens & de la raifon,

Philip.

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Autres prédic

§. III.

Comme ce n'étoit pas feulement tions pour les Juifs que le Verbe Divin tou- devoit fe faire homme, mais encola venue re pour les Gentils; Dieu a voulu ce du Sau- femble, faire trouver auffi au milieu mê

chant

Yeux.

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me de la Gentilité, des Oracles qui pré-
difent l'Incarnation du Verbe, la ve-
nuë du Fils de Dieu, & les principales
actions de fa vie. Telles font les pré-
dictions des Sybilles, citées par les an-
ciens Peres de l'Eglife, lefquelles an-
nonçoient auffi la naiffance de Jesus-
CHRIST d'une Mere Vierge; fa paffion,
fa mort, fa Refurrection miraculeufe
& le jugement univerfel, qui font les
Myfteres les plus frappans, & les plus
au-deffus de la portée de l'efprit de
l'homme. Comme le don de Prophetie
eft un pur don de Dieu, indépendant
du merite, ou de l'indignité du fujet
comme il paroît dans Balaam, & dans
Saül au milieu des Prophetes, il n'eft
pas poffible que Dieu ait communi-
quá ce don à quelques-uns des Gentils
felon les deffeins adorables de fa Provi-
dence.

Saint Augustin ce grand genie fupe

Civit.

rieur à tant d'autres, rapporte lui-même dans fon dix-huitiéme livre de la Cité de Dieu, la prédiction qu'avoit Aug. 1. faite de Jesus-CHRIST, la Sybille Ery- 18 de thrée environ douze cens ans avant la Dei cap. naiffance du Sauveur. Ce faint Doc- 3. teur rapporte la defcription vive & energique que cette Propheteffe fait du jugement dernier

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dernier, en vers acroftiches fur ces mots : Jefus Chriftus, Dei Filius, faluator La peinture qu'elle fait enfuite de la Paffion du Sauveur, n'est pas moins frappante. Voici fes paroles, comme les rapporte faint Auguftin après Lactance & Eufebe de Cefarée qui cite vingt-fept vers de cette même Sibylle, qui prédifent la premiere venue du Fils de Dieu pour s'unir à notre nature; & la feconde pour juger le monde.

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Il fera livré,dit-elle, entre les mains “ impies de ceux qui n'ont pas voulu le «< reconnoître, (c'eft de Jesus-CHRIST " qu'elle parle.) Ce Dieu fera fouffleté « par des mains facrileges, & couvert " de crachats empoifonnez, que ces " bouches impures vomiront fur lui.“ Son dos innocent fera dechiré par une " grêle de coups de foüers, & tout fon " corps fera meurtri de coups, fans qu'il “

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