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Matt. 6.

Ainfi quand vous faites l'aumône, que vôtre main gauche ne fçache pas ce que fait vôtre main droite: Dieu n'agrée, Dieu ne récompenfe que ce qu'on fait pour l'amour de lui.

Fuyez toute oftentation dans vos bonnes œuvres on fait mal, dès qu'on fait parade du bien. Ne faites rien pour être vû & eftimé des hommes; l'hypocrifie eft une double impieté. Aimez la priere, mais priez avec humilité, avec confiance, avec ferveur, & avec respect. Ses Apôtres lui ayant demandé qu'il leur apprêt à prier, ainfi que Jean l'avoit appris à fes difciples; il leur dit : quand vous avez à prier, voici la priere que vous devez faire.

Nôtre Pere qui êtes dans le Ciel, que vôtre nom foit fanctifié, que vôtre regue arrive que vôtre volonté fe falle fur la terre comme dans le Ciel : donnez-nous aujourd'nui le pain neceffaire à nôtre fubfiftance : & remettez-nous nos dettes, comme nous le faisons nousmêines à nos debiteurs; & ne nous expofez pas à la tentation, mais délivreznous du mal. Ainfi foit-il. Au reste, lorfque vous priez, n'imitez point les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les Synagogues, & aux carrefours,

afin d'être vûs des hommes. Je vous le dis en verité, ils ont reçû leur récompense. Pour vous, lorsque vous aurez à prier: entrez dans votre chambre ; & fermant la porte fur vous, priez vôtre Pere secretement ; & vôtre Pere qui voit ce qui eft fecret, vous en récompenfera.

Que la priere foit accompagnéedu jeûne, c'eft-à-dire, de la mortification, & elle fera efficace. Mais dans vôtre mortification, n'imitez point les hypocrites qui affectent de paroître pâles & défaits par l'abftinence. Ayez toûjours un vifage gai & ferein quand vous jeûnez, afin que Dieu foit feul témoin de vôtre penitence. N'ambitionnez point la condition des riches, & des heureux du fiecle la convoitife eft la racine de toute forte de maux. Ne vous amaffez point des trefors fur la terre, où la roüille & les vers confument tout, & où les voleurs creusent & dérobent; & quand même vous mettriez vos trefors à couvert des accidens & de la pillerie, qu'en emporterez- vous dans le tombeau ? amaffez-vous des trefors dans le Ciel; car là où eft vôtre trefor, là eft auffi vôtre cœur. Soyez riches en vertus, en bonnes œuvres; toutes les richeffés de

Suite de la

Chrift.

ce monde ne font proprement que des épines qui piquent ; la vertu feule eft le véritable trefor.

§. XXIV.

Servez Dieu avec ferveur & avec fimorale delité ; & ne vous mettez point en peide refus- ne de plaire ou de déplaire au monde : vous n'avez rien à attendre de lui. Nul ne peut fervir deux Maîtres; & fouvenez-vous que vous n'avez point d'autre fouverain maître que Dieu. Servez le avec confiance ; & soyez fûrs que celui qui nourrit les oiseaux du Ciel, & qui fait croître les lys de la campagne, ne vous oubliera pas dans vos befoins. Cherchez avant toutes chofes le Royaume de Dieu, & fa juftice, & tout le refte vous fera donné comme par fur. croit,

Excufez vos freres, ayez pour eux de l'indulgence, fi vous voulez qu'on en ait pour vous. Chofe étrange, celui qui ne voit point une poutre, pour ainfi dire, dans fon œil, voit fouvent une paille dans celui de fon frere. On éplu-. che fcrupuleufement les moindres imperfections du prochain; on releve: jufqu'aux moindres défauts, on voisi

jufqu'aux moindres atomes on a un zele ardent & quelquefois inquiet, on crie éternelleinent à la reforme : & l'on fe palle tranquillement à foi-même les plus groffiers défauts. Hypocrite, ôtez Matth7. premierement la poutre de vôtre cil; & après vous fongerez à ôter la paille de l'œil de vôtre frere. Que vôtre zele commence toûjours par la réformation de vos mœurs.

Au refte, n'oubliez jamais que de la même mesure dont vous vous ferez fervi pour les autres, on s'en fervira pour vous. Tout ce que vous voulez donc que les hommes faffent pour vous, faites le de même pour eux, Gardez-vous bien de vous défier jamais de la bonté de vôtre Pere Celefte, addreffez-vous fans ceffe à lui avec confiance. Ne craignez point que vôtre importunité le rebute; au contraire, il ne differe fouvent d'accorder ce qu'on lui demande, que pour avoir le plaifir d'être importuné. Demandez, & on vous donnera; cherchez, & vous trouverez; heurtez, & on vous ouvrira. Que fi on ne vous accorde pas toûjours ce que vous demandez, c'eft que vous demandez fou vent ce qui doit vous être nuifible, un bon pere ne donnera jamais une pier

re à un enfant qui lui demande du pain.

Je n'ignore pas, ajoûta-t-il, que dans la pratique de ces maximes fi falutaires, vous trouverez des difficultez ; je fuis bien aife de vous en avertir; & de vous donner en même - tems les moyens de les vaincre. La premiere, c'est l'exemple du plus grand nombre de ceux qui fe difant mes difciples, ne fuivront rien moins que mes maximes, & mes loix. Mais que le grand nombre ne foit jamais vôtre regle; car la porte eft large, & le chemin fpatieux qui mene à la perdition ; & voilà le chemin que fuit le plus grand nombre. Au contraire, le chemin qui mene à la vie eft étroit, & je n'oferois vous dire combien petit fera le nombre de ceux qui prendront cette route. Qu'étroite eft la. porte, & étroit eft le chemin qui mene à la vie ; & qu'il y a peu de gens qui en trouvent l'entrée ! vous comprenez affez que c'est de la loi Evangelique dont je viens de vous expliquer en abregé la morale, & les maximes, que je veux parler. J'ai beau affurer que mon joug eft doux, & mon fardeau leger; mes maximes ne feront pas du goût des mondains; & bien des gens trouveront

Matt. 7.

Matt.

11.

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