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ma morale trop auftere : cependant if n'y a point d'autre voye qui mene au Ciel, toute autre route plus aifée, plus large, égare; & voilà pourquoi le nombre des Elus de Dieu eft fi petit. Sur cela quelqu'un lui ayant dit: Seigneur, Luc. 13. a-t-il fi peu de gens qui fe fauvent?

y

:

le Sauveur éluda de répondre, de peur ce femble de les effrayer; il fe contenta de lui dire efforcez-vous d'entrer par la porte étroite; car je vous le dis, plufieurs chercheront à entrer, mais ils ne le pourront pour s'être trop égarez.

L'autre danger que vous devez éviter, & contre quoi vous devez être en garde, ce font les faux Prophétes, ces hypocrites; gardez - vous de ces loups raviffans, déguifez en brebis, qui fous un exterieur modefte & compofé qui ne refpire que la fimplicité & la douceur, tendront des pieges à vôtre fimplicité, & à vôtre innocence. Les uns flattant la cupidité, & l'amour propre s'efforceront de juftifier la voye large par l'exemple de la multitude, & par de faux raifonnemens, pour vous y faire entrer; les autres faifant parade d'un faux zele, & vous impofant par des dehors féduifans & mortifiez, s'efforceront de retrecir encore la voye

Matthe

étroite, & rendre le falut plus difficile qu'il n'eft; & par là rebuter bien des gens, en liant des fardeaux pefans & qui ne fe peuvent porter, & les mettant fur les épaules des autres, tandis que ces hypocrites ne veulent pas même les pouffer du doigt. Cependant quelque déguifez qu'ils foient, vous les connoîtrez à leurs œuvres. Un mechant arbre ne fçauroit porter de bons fruits. Souvenez-vous que ceux qui me difent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le Royaume des Cieux. Je ne jugerai point les hommes felon leur fyfteme, mais felon le mien ; je ne reconnoîtrai pour miens que ceux qui auront fait la volonté de mon Pere, en vivant felon mes maximes, & mon efprit. Le joug du jugement demalquera tous ces faux Prophêtes, hypocrites. Je fça que bien des gens me diront en ce jour là: Seigneur Seigneur, n'avons-nous pas prophetifé en vôtre nom ? n'avons-nous pas chaffé les demons en vôtre nom n'est-ce pas en vôtre nom que nous avons prêché avec fuccès, dirigé avec fruit, enfeigné avec éclat n'est-ce pas en vôtre nom que nous avons fait de fi éclatantes converfions, un fi grand nombre de

tous ces

.

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Vous avez

bonnes œuvres, & de miracles ? & alors je leur dirai ouvertement: je ne vous ai jamais connus pour mes véritables disciples: retirez-vous de moi, vous qui faites des œuvres d'iniquité, vous avezcherché vôtre gloire dans vos meilleures actions, & nullement la gloire de mon Pere; vous avez prêché plûtôt vôtre doctrine, que la mienne dementi par vôtre conduite, la fainteté de la morale que vous étaliez avec fafte. A la verité, j'ai tiré ma gloire de vos travaux ; mais comme ce n'a pas été pour moi que vous avez travaillé, ce n'eft pas de moi que vous devez attendre la récompenfe. Vous avez travaillé à pure perte, dèslors que vous n'avez cherché que vôtre interêt, que vous n'avez fuivi que vôtre inclination & que vous n'avez fait que vôtre propre volonté dans vôtre miniftere.

Tel fut cette admirable fermon, que Jefus fit fur la montagne & ailleurs & qu'on a crû devoir réunir ici pour abreger cette hiftoire. C'est là le précis de cette divine doctrine du Sauveur, inconnue jufqu'alors à tous les hommes. Ni Patriarches anciens, ni Prophetes fi éclairez n'avoient pû faire cette découverte; leur vûë étoit trop bornée pour

monter fhaut. Il n'y avoit que celui qui l'avoit puifée dans le fein de Dieu même, qui pût la rendre intelligible. Une morale fi fainte, fi pure, fi parfaite, fi fublime, ne pouvoit s'apprendre qu'à l'école du Fils de Dieu. Il faudroit tranfcrire mot å mot tout l'Evangile, fi l'on vouloit raporter ici toute la doctrine facrée de Jefus Chrift; de même que fi l'on vouloit raporter toutes les merveilles que Jesus-Chrift a faites durant fa vie mortelle; les livres qu'il en faudroit écrire, comme dit faint Jean, ne sçauroient être contenus dans tout le monde entier.

§. XXV.

Autres Le Sauveur étant décendu de la miracles de Jefus montagne où il venoit d'inftruire fes Chrift. Difciples, & tout le peuple qui s'y étoit affemblé ; un lepreux vint fe jetter à fes pieds. Jefus lui dit de fe lever: & il fe leve net de fa lepre. Enfuite comme il entroit à Capharnaum, il fut prié par les principaux Juifs de la Ville de guerir un malade qui étoit à l'extrêmité. C'étoit le valet d'un Centurion c'est-à-dire, d'un Officier Romain qui commandoit à cent foldats. Il étoit

Gentil, mais il aimoit les Juifs, & il leur avoit même fait bâtir une Synagogue. Jefus fe mit en chemin pour Luc. 7. aller chez lui; mais l'Officier vint luimême au devant de Jefus, & lui dit : Seigneur, ne vous incommodez point; car je ne merite pas que vous entriez chez moi ; auffi ne me luis-je pas même jugé digne d'aller vous trouver; mais dites un mot, & mon valet fera gueri. Cette vive foi plût au Sauveur, & le tournant vers le peuple qui le fuivoit : En verité, leur dit-il, je n'ai point trouvé tant de foi en Ifraël. Helas! ajoûtat-il, combien d'étrangers auront part à l'heritage Celeste, dont ceux qui devoient être les premiers heritiers en qualité d'enfans, feront privez ! puis s'adreffant au Centurion: allez, lui ditil; & qu'il vous foit fait felon que vous avez crû ; & à l'heure même,on vint dire à l'Officier, que fon valet jouilloit d'une fanté parfaite.

Quelques-uns des Difciples de JeanBaptifte lui ayant demandé pourquoi fes Difciples ne jeûnoient point, pendant qu'eux paffoient leur vie dans le jeûne voudriez-vous, leur dit-il, que les amis de l'Epoux foient dans l'affliction, tandis que l'Epoux eft avec eux ?

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