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prétens vous donner pour nourriture, eft une chair unie fubftantiellement à la Divinité; auffi doit-elle être la nourriture de l'ame, à laquelle elle donne la vie éternelle. Mais pour qu'elle nourriffe l'ame & lui donne la vie, il ne faut la feparer de l'efprit qui vivifie, c'est-àdire, de la foi. Les Juifs de Capharnaüm qui étoient fcandalifez du Myftere de l'Euchariftie, regardoient Jefus Christ comme un pur homme; & ils ne regardoient point le Myftere de l'Euchariftie avec les yeux fpirituels de la foi. Le Fils de Dieu leur dit donc, que ce qu'il leur avoit dit, étoit efprit & vie; & qu'ils ne devoient pas l'entendre d'une maniere groffiere & charnelle, comme ils fe l'étoient d'abord imaginé. Que c'étoit de l'ame que chair unie à la Divinité devoit être la

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nourriture fpirituelle, & non pas du corps; & que quoique fa chair dût être réellement & véritablement donnée pour être mangée, ce feroit cependant d'une maniere toute miraculeufe fous les apparences du pain. En forte. que cette manducation n'auroit rien qui rebutât les hommes ; mais qu'elle ne profiteroit qu'à ceux qui auroient une foi vive, & un cœur pur.

Le Myftere de

§. XXX.

Cet éclairciffement cependant n'emEucha pêcha point que quelques-uns de ceux riftie re- qui avoient été jufques-là les Disciples bure du Sauveur, ne trouvaffent encore cetquelques Difci- te doctrine, & cette verité trop dure. ples de Comme ils ne comprenoient point que Chrift, Jefus-Chrift fût. Fils de Dieu, & qu'ils & ils de- ne le regardoient que comme un pur vien- homme; ils ne voulurent jamais croire Apof- qu'il pût faire ce qu'il difoit.

Jefus

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tats,

Quelque zele qu'eût le Sauveur pour leur falut, il n'eut garde de modifier en rien fa doctrine fur ce Myftere ; fçachant bien qu'il n'avoit rien dit que de vrai. Il fe contenta de dire en gemissant fur leur incrédulité, qu'il n'ignoroit point qu'il y en avoit parmi eux qui ne croyoient point. Car il avoit toûjours eu connoiffance, ajoûte faint Jean, de ceux qui ne croyoient point, & de celui en particulier qui le livreroit. Il parloit du traître Judas, qui manquoit de foi, & qu'on peut regardes comme le chef & le pere de tous les heretiques qui nient la presence réelle de Jefus-Chrift dans le Sacrement adorable de la divine Eucharif

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tie. C'eft pour cela que Jefus ajoûta: que perfonne ne pouvoit venir à lui s'il ne lui avoit été donné par fon Pere. La foi eft une grace; mais c'est une verité de foi qu'on peut resister à la grace, & c'eft ce que ne prouve que trop l'exemple du malheureux Judas, & de ces incredules Difciples qui fe retirerent, & ne fuivirent plus le Sauveur. Cette desertion des Difciples après même l'éclairciffement que JesusChrift venoit de leur donner, eft une preuve évidente qu'ils prirent toûjours fes paroles pour une promeffe de leur donner réellement fon corps à manger, & fon fang à boire. Si les chofes n'euffent dû fe paffer qu'en figure dans ce Myftere, la bonté & même la juftice du Sauveur demandoient, comme on a déja dit, qu'il les détrompât; puifque leur erreur, & leur crime n'eût été que de prendre les paroles de leur Maître dans le fens qu'elles devoient naturellement avoir. Ne le pas faire, c'étoit leur tendre un piege, dans lequel tout homme de bon fens, tout homme fage devoit donner. Quelle impieté de croire Jefus-Chrift capable d'une telle malice ce bon Pafteur qui court après les brebis qui fe font égarées, qui les

charge fur les épaules, pour les ramener dans la bergerie; eut-il pû les en faire fortir lui même, en les trompant volontairement ?

Cette desertion de plufieurs de fes Difciples affligea fenfiblement ce divin Sauveur. Il témoigna affez, lorfque s'addreffant à fes Apôtres & aux autres Difciples qui étoient demeurez fidéles il leur dit: Ne voulez-vous point auffi Joan. 6. vous retirer vous autres? Numquid & vos vultis abire ? alors Simon Pierre prenant la parole pour tous ; & jugeant de la difpofition interieure des autres par la fienne à qui irons-nous ? lui dit-il, vous avez les paroles de la vie éternelle; c'est-à-dire, vous ne nous enfeignez rien, vous ne nous dites rien qui ne foit vrai, quelque furprenant, quelque incroyable, quelque incompréhenfible qu'il paroifle; vous êtes le Tout-puiffant, & la verité même ; & vôtre doctrine feule peut nous procurer la vie éternelle, le falut éternel.

Quelques jours après, Jefus allant du côté de Tyr & de Sidon avec fes Apôtres, trouva fur le chemin une femme Cananéenne qui venoit à lui en criant Seigneur Fils de David, ayez pitié de moi, ma fille eft maltraité du

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demon. Les Juifs donnoient le nom de Mat, I f Cananéens, & de Pheniciens à ceux de Tyr & de Sidon; & parce qu'ils defcendoient des anciens Cananéens, & parce que ces deux villes étoient dans la Phenicie, Jefus faifant femblant de ne la pas entendre, ne lui répondit rien. Cependant elle ne ceffoit point de crier. Les Apôtres fatiguez de fes cris, dirent au Seigneur Maître, renvoyez cette femme, qui crie fans ceffe après nous & nous importune. Je ne fuis envoyé qu'aux brebis égarées de la Maifon d'Ifraël qui font perduës, leur répond le Sauveur; & elle étant payenne, n'est pas de ma bergerie. Cette femme fans fe rebuter, s'avance & fe jettant aux pieds de Jefus Chrift: Seigneur, lui dit-elle, ayez pitié de moi. Jefus lui répondit d'un ton un peu fec: il n'est pas raisonnable de prendre le pain des enfans, & de le jetter aux chiens. Il est vrai, repliqua-t-elle : mais du moins ne refuse-t-on pas aux chiens les mietes qui tombent de la table de leur Maître. Alors le Sauveur charmé de la foi & de la perfeverance de cette femme étran

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lui dit: femme vôtre foi eft grangere de; que ce que vous fouhaitez s'accompliffe ; & dès ce moment fa fille

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