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Jefus

à

prendre la comparaison non pas de la petitelle d'un grain de fenevé, mais de la force, & de la vertu de cette graine qui quoique petite en volume, devient pourtant un arbre. Si donc, dit le Sauveur, vôtre foi égaloit feulement un grain de fenevé, vous n'auriez qu'à dire à cette montagne (il parloit du Thabor) passez d'ici là, & elle y pafferoit ; & rien ne vous feroit impoffible.

§. XXXIII.

Cependant le Sauveur preparoit fes Chrift Difciples au fcandale que devoit leur Port caufer fa mort dont le tems approchoit predit fa fes Dif- & faifillant toutes les occafions qui fe ciples.& leur fait prefentoient de les prevenir fur tout ce une im- qu'il devoit fouffrir à Jerufalem, il leur portante en faifoit des peintures bien vives. Le leçon d'humi- Fils de l'Homme, leur disoit-il, fera lité. livré entre les mains des hommes; on

Marc. 9.

le fera mourir ; & après avoir été mis à mort, il reffufcitera le troifiéme jour : mais ils ne comprenoient pas ce qu'il disoit, ajoûte l'Evangelifte, prenant fans doute cette prediction dans le fens figuré, & pour une metaphore: car ils ne pouvoient pas s'imaginer, que ce que Jefus-Chrift leur difoit de fa Pas

sion, de sa Mort ignominieufe, & de fa Refurrection, pût jamais arriver dans la réalité. Ils craignoient même de l'interroger, craignant peut-être auffi, qu'il ne leur en dît trop pour leur rendre certain un évenement qui les auroit trop affligeź, & dont la feule penfée

leur caufoit des allarmes.

Erant arrivez à Capharnaum, il demanda à fes Disciples, dequoi ils s'é❤ toient entretenu en chemin. Personne n'ofa repondre, parce qu'ils avoient difputé qui d'entr'eux étoit le plus grand, c'est-à-dire, qui occuperoit la premiere place dans le regne du Meffie, ne pouvant fe defaire de ces idées toutes terreftres dont les Juifs fe repaiffoient, croyant toûjours que le regne du Meffie feroit fur la terre dans l'abondance, dans la fplendeur, & dans l'éclat ; mais le Sauveur voulut bien avec fa bonté & fa douceur ordinaire, corriger leurs fauffes idées, & leur dit : Marc. 9. Si quelqu'un veut être le premier dans mon Royaume, qu'il foit le dernier de tous, & le ferviteur de tous. Le plus grand titre de grandeur chez moi, c'eft l'humilité la plus profonde; plus on eft humble, plus on fera grand, Puis prenant un petit enfant, il le mit au mi

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lieu d'eux, & après l'avoir embraffé Matth. pour montrer fa tendresse pour les ames humbles, il leur dit : Si vous ne changez, c'est-à-dire, fi vous ne prenez des fentimens bas & humbles de vousmêmes, bien differens de ceux que vous avez eu jusqu'ici; & fi vous ne devenez comme des enfans, vous n'entrerez point dans le Royaume des Cieux. Quiconque donc fe fera petit comme cet enfant, celui-là fera le plus grand dans le Royaume celefte.

Jefus-Chrift allant enfuite à Jerufalem pour la fête de la Pentecôte, qui étoit fort celebre parmi les Juifs; ainfi nommée, parce que c'étoit le cinquantiéme jour après Pâques, (en memoire du cinquantiéme jour depuis la fortie d'Egypte, auquel la Loi leur fut donnée fur le Mont Sinaï.) Les Samaritains chez qui le Sauveur paffoit avec fes Difciples, lui refuferent l'entrée d'une de leurs villes. Jean & Jacques fils de Zebedée choquez de ce refus, prierent Jefus-Chrift, de leur permettre de faire defcendre le feu du ciel fur cette ville, comme avoit fait autrefois Elie en un cas pareil: mais le Sauveur les reprit de leur zele trop amer, leur difant que la douceur devoit toûjours accompagner le zele.

§. XXXIV.

Chrift

Cependant Jefus ne ceffoit d'inftrui- Jefus re fes Difciples en particulier, & le inftruit peuple en public, leur expliquant d'u2 fes Difne maniere aifée & familiere les Myste ciples par plu res de la Religion, & les principaux fieurs points de fa morale; & cela tantôt par parabodes expofitions fimples & naturelles des grandes veritez; tantôt par des comparaifons familieres à la portée de chacun, & plus fouvent par des paraboles.

Voulant leur faire entendre qu'il faut toûjours être en garde contre les furprises de la mort, & qu'il faut toûjours veiller, toûjours être alerte; enfin qu'il faut être toujours prêts à aller paroître devant Dieu, parce que l'heure de la mort eft incertaine; il leur fit la Parabole du ferviteur vigilant, qui eft toûjours prêt d'ouvrir à fon Maître à quelque heure qu'il vienne; celle du pere de famille, qui eft toûjours en gar de contre les artifices & les furprises des voleurs ; & celle des dix Vierges dont cinq trop indolentes, ne s'avifant de pourvoir à l'huile de leurs lampes qu'à l'arrivée de l'Epoux, font rejettées pour n'avoir pas été plus diligentes;

les.

tandis que les cinq autres plus fages ayant de bonne heure pourvû à tout, fe trouvent en état de recevoir l'Epoux à quelque heure qu'il vienne.

Voulant leur faire fentir combien une vie pauvre, humiliée, & souffrante, est preferable à une vie molle, délicieufe, & enyvrée des profperitez; il leur propofa l'exemple de Lazare & du mauvais riche. Voulant confondre ceux qui préfument d'eux-mêmes, comme s'ils étoient des Saints; il leur reprefente deux hommes qui montent en même tems au Temple pour prier: l'un PhaLuc. 18. rifien,& l'autre Publicain; celui-là se te,

nant debout avec fierté, au lieu de prier Dieu humblement, lui fait un grand étalage de fes prétendues bonnes œu vres, dont il fait parade ; & a même une compaffion infultante de ce pauvre Pu blicain, qu'il regarde comme indigne de paroître devant Dieu, & qu'il effi, me au-deffous de lui de cent coudées; àu lieu que ce même Publicain fe regardant comme le plus grand des pecheurs, frappe fa poitrine, n'ofant pas même lever les yeux au Ciel, fe contente de dire: mon Dieu, foyez propice à un pecheur comme moi. Auffi celuici qui entrant dans le Temple, étoit

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