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peut-être plus grand pecheur que le Pharifien, en fort juftifié; au lieu que le Pharifien qui étoit entré plus innocent que le Publicain, en fort plus criminel & plus coupable.

La parabole du ferviteur qui devoit dix mille talens, & n'ayant pas dequoi payer, trouve un Maître, qui par pitié Matth. lui remet gratuitement la dette ; tandis 18. que ce méchant ferviteur traite avec la derniere cruauté un de ceux qui fervoient avec lui, lequel ne lui devoit que cent deniers d'argent cette parabole, dis-je, condamne bien visiblement la dureté qu'on a pour fes freres, tandis qu'on exige toute l'indulgence des autres pour foi; & pour faire voir qu'on peut par la ferveur, meriter autant en peu de tems auprès de Dieu, que ceux qui ont vieilli à fon fervice: il leur propofa la parabole des ouvriers qui n'étant venus au travail qu'à la derniere heure, reçoivent le même falaire que ceux qui avoient travaillé dès la pointe du jour. La parabole des talens que les deux ferviteurs fidéles & induftrieux avoient fi bien fait valoir; & que le troifiéme ferviteur timide & faineant avoit enfouï, montroit affez combien il importe de ne rendre pas-inuti

Matth.

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les les talens que Dieu nous a donnez, & les graces qu'il nous a faites par fa mifericorde. Enfin,celle du figuier qu'on veut couper, parce qu'il ne porte point de fruit, eft une figure bien fenfible d'une vie fterile en bonnes oruvres ; & fait affez voir à quoi on doit s'attendre quand on ne porte que des feuilles fans fruit.

Mais comme le tems de fa Paffion approchoit, le Sauveur avoit foin de leur faire en paraboles le portrait du crime énorme que commetttoient ceux qui par la plus horrible impieté, lui preparoient le plus ignominieux, & le plus cruel de tous les fupplices, qui devoit auffi attirer la plus horrible vengeance de Dieu fur toute la nation.

Un pere de famille, leur dit-il, loüa fa vigne à des vignerons. Le tems de cueillir les fruits étant venu, il envoya fes ferviteurs aux vignerons pour pren dre des fruits de fa vigne; mais les vignerons s'en étant faifi, battirent l'un tuerent l'autre, & en affommerent à coups de pierre plufieurs. Il envoya encore d'autres en plus grand nombre que les premiers, qui ne furent pas mieux traitez. Enfin, il leur envoya fon propre fils, difant : ils auront du

moins du refpect pour mon fils uniques mais les vignerons voyant le fils dirent entr'eux celui-ci eft l'heritier; vehez tuons-le, & nous aurons fon héritage; alors s'en étant faifis, ils le chafferent de la vigne, & le firent mourir. Quand le Maître de la vigne viendra, ajoûta L-il, que fera-t-il à ces miferables vi gnerons illes fera périr miferable. ment, & il loiiera fa vigne à d'autres vignerons, qui lui en rendront bon compte. Les Pharifiens, qui étoient pres fens, comprirent bien que cette Parabole regardoir toute la nation; ils comprirent que les chefs du peuple : Scribes, Pharifiens, Prêtres, c'étoient. ces mechans vignerons, à qui le Seigneur avoit donné le foin de fa vigne; que les ferviteurs, que le pere de famille avoit envoyé en differens tems, étoient Jes Prophétés qu'ils avoient fait mourir la plupart; & que le fils du Pere de famille étoit Jefus lui-même, dont ils avoient déja juré la perte Loin de profiter de cette leçon allegorique, ils cher cherent à fe faifir de lui; mais ils crai gnirent le peuple, qui le regardoit du moins comme le plus grand des Prophé tes. Ils n'oublierent rien dèslors pour Jui tendre des pieges. Ils lui demande

M. 22. rent à deffein,s'il étoit permis de payer le tribut à Cefar. Jefus voyant leur méchanceté: Hypocrites, leur dit-il, pourquoi cherchez-vous à me furpren dre montrez-moi une piece de mon noye? Jefus leur demanda de qui étoit la figure, & le nom écrit au-dessus ; de Cefar, lui dirent-ils. Alors il leur dit; rendez donc à Cefar ce qui appartient à Cefar, & à Dieu ce qui appartient à Dieu; & par là vous accomplirez les loix de la justice,

La dou

ceur de gefusChrift

§. XXXV,

Ce piege ayant échoué,ils lui en tens dirent un autre. Leur deffein étoit de le rendre odieux, & de le convaincre à l'éd'ambition, en l'engageant malicieuse, gard de la fem- ment à faire un acte d'autorité & de ju me adul- rifdiction, qui en revoltant tout le la mali- Sanhedrin, ou Grand Confeil des Juifs, en auroit fait felon eux un criminel pour le d'état; ce qui n'auroit pas manqué de rendre lui attirer l'indignation du peuple, Toan, S. Jefus étant dans le parvis du Temple

tere, &

ce des

Juifs

odieux.

les Scribes de concert avec les Pharifiens, lui amenerent une femme qu'on avoit surprise en adultere; & l'ayant mife au milieu de l'affemblée: Maître,

dirent-ils au Sauveur, on vient de furprendre cette femme en adultere. Or Moïse, comme vous fçavez, nous a ordonné dans la loi de lapider ces fortes de femmes que dites-vous là-deffus ? c'étoit pour le fonder qu'ils difoient cela, afin de pouvoir l'accufer, ajoûte l'Evangelifte. Mais Jefus au lieu de répondre, fe courbant, écrivoit fur la terre avec le doigt. On croit que ce que le Sauveur écrivoit fur le fable, infinuoit aux accufateurs de la femme adultere ce qui devoit les faire rougir, & dequoi ils étoient eux-mêmes coupables. Comme ils infiftoient, demandant toujours une réponse: Jefus fe redreffa, & leur dit ; que celui de vous qui eft fans peché, jette le premier la pierre contre elle, & fe courbant encore, il continuoit d'écrire fur le fable. Ils n'eurent garde de répliquer ; mais tout honteux, en voyant fans doute ce que Jefus écrivoit, & confondus par les remords de leur propre confcience, fans dire mot, ils s'en allerent tous, l'un après l'autre. De forte qu'il ne refta que Jefus, & la femme, qui étoit au milieu du peuple, Alors Jefus fe redreffant, lui dit : Femme, où font les gens qui vous accufoient? perfonne ne vous a-t-il condam

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