Imágenes de páginas
PDF
EPUB

c'étoit un forcier & un magicien, & que ce n'étoit que par la vertu de Belzebut, qu'il chaffoit les demons, & qu'il avoit fait tous les autres miracles: ce faux bruit qu'on avoit eu grand foin de repandre depuis le foir precedent, & qu'on avoit foin de fortifier par toutes fortes de fauffetez & de calomnies; ce bruit, dis-je, fit une étrange impref fion fur tous les efprits. Toute la bonne opinion, & la veneration que le peuple avoit eue jufques-là pour lui, fe changea en horreur, en execration, & en rage; & voilà ce qui fit crier, Tolle par ceux-mêmes qui avoient crié Hofanna trois jours auparavant,

Pilate ayant vu Jefus en forme de criminel, fort fur fon perron, pour demander aux Juifs, pour quel crime on lui demandoit la mort de cet homme, Ils lui repondent en general, que s'il n'étoit pas un mechant homme, ils ne lui demanderoient pas fa mort, Jugez, le donc vous-même, leur dit le Gouverneur, felon vos loix, & vos coûtumes. Mais ils repartirent, qu'il ne leur étoit pas permis de faire mourir perfonne. Tout ceci n'étoit que l'accompliffement de ce que Jefus avoit predit A les Apôtres; qu'il feroit livré aux Gen

tils, pour être crucifié. Pilate ne se contentant pas de ces accufations vagues, leur demanda de quel crime en particulier étoit coupable celui, dont ils lui demandoient la mort. C'est un feditieux, dirent ils, qui fouleve le peuple; qui veut empêcher de payer le tribut à Cefar; & qui fe dit encore le Roi des Juifs, & le Meffie.

Pilate ayant ouï ces trois chefs d'ac cufation fans preuves, connut bien que ce n'étoit içi qu'une querelle de pure jaloufie, & de paffion; la modeftie, la douceur, & la ferenité qui brilloient fur le vifage de Jefus - Christ jointes à fa tranquillité, étoient des preuves vifibles de fon innocence, Il rentre donc dans fa falle, fait approcher l'accufé; l'interroge fur ces trois chefs d'accufation : mais le Sauveur garde un filence muet, refolu de ne rien dire pour fa défense. Ce Gouverneur étonné: eh quoi ! lui dit-il, vous ne repondez point? n'entendez-vous point ce qu'on dit ici contre vous? Jefus ne repondant rien Pilate ne douta point qu'il n'y eût du myftere dans ce filence. Eft-il vrai, lui dit-il, que vous êtes le Roi des Juifs? Jefus lui dit alors avec la douceur, & fa modestie ordi

[ocr errors]

Joan.

[S.

naire: dites-vous cela de vôtre chef, & à deffein de connoître la verité; ou fi c'est parce que les Juifs vous ont fait accroire que je pretendois ufurper le Royaume de Judée ? eft-ce que je fuis Juif, repart Pilate, pour fçavoir ce que c'eft que ce Roi des Juifs, & ce Meffie; ce font ceux de vôtre nation qui vous ont mis entre mes mains, Qu'avez-vous donc fait ? & quel fujet leur avez vous donné de croire que vous afpirez à la Royauté, Alors Jefus lui dit nettement, mon Royaume n'est pas de ce monde. Je ne fuis pas defcen, du du Ciel pour me faire Roi de la terre; pour exercer ici bas une puisfance temporelle; pour y établir un empire pareil à celui du Prince que vous fervez, c'est-à-dire, pour y impofes des tributs, lever des armées, for, tifier des places, & donner des Gouvernemens. Si ma Royauté étoit de cet, te nature: mes foldats & mes Officiers feroient venus à mon fecours, & ils auroient bien fçû me tirer des mains de ceux qui en veulent à ma vie ; mais mon Royaume, comme je vous ai deja dit, n'eft pas d'ici bas. Vous êtes donc Roi repart Pilate ? ouï je le fuis comme vous le dites, repond Jefus :

mais c'eft dans le fens que je vous l'ai dit; c'est pour rendre temoignage à la que je fuis né & venu au monde; quiconque eft pour la verité, écou

verité

te ma voix.

[ocr errors]

Pilate tout payen qu'il étoit, reconnut quelque chofe de divin dans cet homme ; il lui demanda : qu'est-ce que. la verité mais comme s'il eût craint de l'aprendre, fans attendre fa repon: se, il revint aux Juifs, & leur dit : je ne vois pas en quoi cet homme peut être coupable; je ne trouve en lui au cun fujet de condamnation.

Dans ce tems là la femme de Pilate

lui envoya dire de ne fe point mêler de ce qui regardoit ce faint Homme; car elle avoit beaucoup fouffert à fon fujet dans un fonge qu'elle avoit eu pendant la nuit. Plufieurs Saints Peres attribuent ce fonge au demon, qui commençoit à craindre que Jefus - Chrift ne fut veritablement Fils de Dieu, & par confequent le Meffie; & que fa mort ne fût la redemption du Genre humain. Quoiqu'il en foit, Pilate convaincu de fon innocence étoit refolu de le renvoyer pleinement abfous. Les Grands: Prêtres, & les Anciens s'en apperçu-. rent; ce qui leur fit demander la mort

[ocr errors]

Jefus-
Chrift

de, &

que per

l'inno

avec plus d'inftance & d'empreffement. Il doit être condamné à mort, crioientils, comme un perturbateur du repos public, qui depuis trois ans ne ceffe de debiter de pernicieuses maximes, depuis la Galilée jusqu'à Jerufalem: ces prétendues pernicieuses maximes, c'étoient la pure loi de Dieu, qui démafquant leur hypocrifie, & condamnant la corruption de leurs moeurs, leur paroiffoient des maximes pernicieuses; C'eft-à-dire, incommodes à leur amour propre, & à leur orgücil,

6. LV I.

Pilate entendant parler de Galilée, envoyé crût avoir trouvé une défaite pour fe à Hero- tirer d'intrigue, & n'avoir point de part renvoyé au jugement de cet Homme innocent; à Pilate, il demanda aux Juifs fi Jefus étoit fujet: qui quoi d'Herode Tetrarque, c'est-à-dire, du fuadé de Gouverneur en chef de Galilée, qui fe cence du trouvoit alors à Jerufalem, Ayant appris Sauveur, que Jefus paffoit pour Galiléen, il rencruelle voya & l'accufé, & les accufateurs à ce ment Prince. Herode fut trés aise de voir cefoüeter. lui de qui il avoit entendu raconter tant de merveilles; efperant de lui voir faire en fa prefence quelque miracle éclatant. Mais ce Tyran qui avoit en

le fait

« AnteriorContinuar »