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tois, lui difoient quelques-uns, de rebâtir en trois jours le Temple de Dieu, s'il eût été detruit ; que ne fais-tu à prefent un miracle pour te fauver la vie? qu'il defcende maintenant de la Croix, difoient quelques autres ; & nous croirons en lui, Il avoit tant de confiance en Dieu, difoient ceux-ci; que Dieu le delivre maintenant, s'il lui veut du bien, Il a dit lui-même, difoient les au tres, qu'il étoit Fils de Dieu : que fon Pere s'il le reconnoit pour fien, lui fauve la vię,

Il n'y avoit pas même jusqu'à un des deux criminels attachez à leurs croix à fes côtez, qui ne l'outrageât de paroles: fi tu es le CHRIST, lui difoit ce fcelerat, fauve-toi la vie à toi-même & à nous auffi. Il eft vrai que l'autre plus fage, prenant la parole lui fit la reprimande quoi, lui dit-il, tu n'as point de crainte de Dieu ? Quoique nous foyions tous trois condamnez au même fupplice, ignore-tu que fi nous fouffrons, nous portons juftement la peine dûe à nos crimes; mais lui quel mal a-t-il fait ? puis s'addreffant à Jefus, il lui dit d'un cœur humble & contrit: Seigneur, fouvenez-vous de moi, lorfque vous ferez dans vôtre Royaume.

Le bon Larron parle à Jefus Chrift comme au vrai Meffie; auffi peut - on dire que fa foi l'a fauvé. Il ne doute pas que le Sauveur après fa mort ne reffufcite; il ne lui demande pas les premieres places dans fon Royaume; il fe contente de le prier de fe fouvenir de lui, après la mort. Auffi Jefus lui repondit: Je vous le dis en verité, dès aujourd'hui vous ferez avec moi, dans le Paradis, c'eft-à-dire dans la felici. té des Saints, dans le fein d'Abraham > où repofoient les Saints Patriarches, Saint Auguftin, faint Chryfoftome, & faint Jerome croyent que le bon Larron entra le jour même dans le Ciel où Jefus-Chrift comme Dieu ne ceffoit jamais d'être, Cet heureux predef tiné dont l'Eglife célebre la memoire fut baptifé dans fon propre fang, & immediatement après la mort, jouit de la beatitude éternelle, Quelle differen ce de fort entre ces deux pecheurs, qui meurent à côté de Jefus Chrift dans le grand jour de fes mifericordes! un feulement le convertit, & l'autre meurt dans l'impenitence. Que cet exemple prouve vifiblement combien les converfions à l'heure de la mort font rares! De deux pecheurs qui meurent fous les

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yeux de Jefus Chrift, à fes côtez & arrofez de çe Sang precieux qui étoit répandu pour tous les, hommes, afin que les pechez foient remis, un feulement fe convertit, & l'autre meurt dans l'impenitence finale comptez après cela fur les converfions renvoyées à l'heure de la mort,

La Sainte Vierge avoit trop de part au facrifice de fon cher Fils, pour n'y être pas prefente, & pour y être oubliée. Elle ne s'étoit point donnée de mouvement durant fa paffion par fes follicitations auprès des Juges pour le délivrer, & pour défendre fon innocence, Inftruite de tout le Myftere de nôtre redemption, elle n'avoit garde de vouloir empêcher un facrifice, auquel elle avoit confenti, & dont elle avoit offert ellemême la victime. Mais elle voulut fe trouver fur le Calvaire, & au pied de la croix pour confommer avec lui le fanglant facrifice. On peut s'imaginer quelle fut fa douleur, & de quel glaive fon ame fut percée. Jean ce Difciple bien-aimé, aimoit lui-même trop ardemment fon divin Maître, pour l'abandonner à fa mort, il fe trouva aussi au pied de la croix, auprès de la fainte Vierge. Jefus voyant fa Mere, lui dit

d'un

d'un ton mourant & affectueux: Femme, voilà vôtre fils, en parlant de faint Jean, Puis il dit à Jean; & vous, voilà déformais vôtre Mere; parlant de la fainte Vierge, & dés-lors ce cher Difciple ne la regarda plus que comme fa chere Mere; & fe comporta envers elle comme fon propre fils.

§. LX.

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expire

croix.

Magdelaine aimoit trop ardemment Jefus le Sauveur, pour être auffi timide, & Chrift auffi fâche que les autres Difciples. Elle tur la fe trouva fur le Calvaire, & ne bougea point du pied de la croix, fans craindre ni le mépris que faifoient d'elle les foldats, ni leurs outrages. Il étoit midi lorfque Jefus fut attaché à la croix ; & quoique le Ciel fat ferein, fans qu'il parût ni nuages, ni brouillards; depuis midi jufqu'à trois heures que Jefus expira; toute la terre fut miraculeusement couverte d'épaiffes tenebres. Le foleil s'éclipfa; & quoique la lune fût dans fon plein; l'éclipfe fut totale durant trois heures aprés midi, que les Juifs nommoient la neuviéme heure comme ils appelloient midi la fixiéme: Jefus voulant accomplir toutes les Propheties, dit: J'ai faif; fçachant bien

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qu'on ne lui prelenteroit à boire que du vinaigre, felon ce qui étoit écrit de Pfal. 68. lui dans le Pleaume 68. Et in fiti mea potaverunt me aceto: Mes ennemis m'ont offert du vinaigre pour étancher ma foif. En effet, les foldats ayant trempé une éponge dans un vafe plein de vinaigre, ils la mirent autour d'une branche d'hyfope, & la lui presenterent à la bouche. Jefus ayant pris de ce vinaigre, dit tout eft accompli. Enfuite voulant nous faire comprendre, combien nôtre falut lui coutoir, & à quel prix il nous rachetoit, il s'écria en Hebreu, ou en Syriaque, Eli, Eli Lammafabalthani, ce qui fignifie : mon Dieu, mon Dieu, pourquoi n'avezvous délaiffé? cette plainte n'étoit ni l'effet de la défiacce, ni du regret, & du chagrin; mais feulement un témoignage amoureux de douleur ; comme Mattk. s'il eût dit? mon Dieu, vous voulez que

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je fouffre jufqu'au dernier foupir, toute la rigueur de votre colere contre les pecheurs, de l'iniquité defquels je me Tuis bien voulu charger, pour fatisfaire pleinement à votre juftice; & vous voulez que je faffe cette fatisfaction douloureufe, fans le moindre adouciffement; que votre volonté s'acomplitfe.

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