rin, où il est gardé depuis avec beaucoup de véneration dans l'Eglife Metropolitaine.

,

Quelque obfcure, quelque peu certaine même que puiffe être la véritable époque de l'acquifition de cette fainte Relique dans la Franche-Comté, & dans les Etats du Duc de Savoye, on ne fçauroit qu'être mal édifié de la licentieufe critique de quelques modernes Ecrivains, qui par on ne fçait quel chagrin, toujours peu favorables aux plus faintes Reliques, ne femblent s'étadier qu'à détruire ou du moins à affoiblir la devotion des peuples envers ce dépôt sacré, malgré le témoignage de la plus vénerable Tradition, malgré l'authenticité des miracles dont Dieu femble fe fervir tous les jours, pour confirmer la dévotion des peuples, & leur pieufe crédulité; malgré la pieté des plus illuftres perfonnages diftin guez par leur merite & par leur fainteté; malgré enfin l'opinion fi fage des plus grands & des plus fçavans Prélats, & même des Souverains Pontifes, touchant cette infigne Relique.

L'Evangelifte faint Jean finit l'hiftoire de la Vie de Jefus Christ, en nous difant que le Sauveur a fait bien

d'autres merveilles que celles qui font écrites. Il y a encore beaucoup d'autres Fo chofes que Jefus a faites, dit-il, & fi on les rapportoit chacune en particu lier, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livres qu'il en faudroit écrire: Nec ipfum arbitror mundum capere poffe eos, qui fcribendi funt libros. L'Evangelifte veur marquer par cette expreffion, qu'il n'étoit pas pof fible de rapporter tout le détail des actions, des miracles, & des paroles de Jefus Chrift. Ce qu'on en a rapporté cependant peut bien fuffire pour conNaincre tout efprit en qui il refte la moindre lueur de bon fens, la moindre étincelle de raifon; & pour faire fentir aux genies les plus bornez, aux efprits les plus épais, aux hommes les plus abrutis, & les plus fauvages, ce carac tere de fageflè infinie, de fainteté fans alliage, & de toute - puiffance qui brille dans toute la vie de Jefus Chrift, & qui fait fon vrai portrait. Nul trait qui ne démontre invinciblement la Divini. té, même aux plus incrédules, quelque libertins qu'ils foient. En effet, qui ne voit visiblement par les feuls faits inconteftables, que Jesus Christ est venu au monde précisément dans le tems

marqué par les Prophétes, & dans toutes les circonftances qui devoient caracterifer, pour ainfi dire, la naissance du Meffic, & l'époque celebre de fon àvenement. Tout l'ancien Teftament eft plein des figures Prophetiques de ce divin liberateur. Qu'on en trouve une feule que Jefus - Chrift n'ait pas remplie quel trait de fa vie, de fa Paffion & de la Mort, qui ne foit d'après le tableau que les Prophetes en avoient fait plus de mille ans auparavant ? il a affuré pofitivement lui-même, qu'il étoit Fils de Dieu, le Meffie promis; & il la prouvé, demontré par combien de miracles : & le plus frappant, le plus perfuafif de tous ces miracles, fe lon le fentiment de tous les Saints Peres, ne fubfifte-t-il pas encore, ne le voyons - nous pas de nos propres yeux, dans la defaite entiere & l'entiere deftruction du Paganisme, depuis la naiffance de Jefus Chrift; & dans l'établiffement miraculeux du Chriftianif me par tout l'Univers, fur les ruïnes de 1. Joann. l'idolatrie. Hac eft victoria que vincit mundum fides noftra. Cette victoire que la foi a remportée par tout le monde, en le purgeant de toutes les fuperftitions payennes, est un miracle visible, & per

manent.

Il faut avouer que la Toute-puiflance, & la Divinité de Jefus - Chrift fe manifeftent d'une maniere fenfible dans la converfion de tout l'Univers. C'eft ici une de ces veritez palpables du premier ordre, fi évidente, que les fens mêmes, pour ainfi dire, font contraints de fe prêter à fon infaillibilité. Le déreglement des mœurs peut bien obscurcir cette évidence, mais ce n'eft qu'en affoibliffant, en éteignant les lumieres les plus communes de la raifon ; & nul homme tant foit peu raifonnable qui ait la moindre teinture de nôtre Religion, qui ne doive s'écrier avec Marthe Oui Seigneur, vous êtes le Christ Joann. 1. Fils du Dieu vivant; & l'on peut dire que le manque de foi fur cet article vient plûtôt de la corruption du cœur, que de la foibleffe de l'efprit des hom

mes.

Toute la vie de Jefus Chrift n'eft qu'un tiffu de miracles fi extraordinaires, & fi frappans, que par tout fa Divinité s'y rend fenfible; & quand on voit avec quelle docilité toute la nature obéït à la volonté, & à fes ordres, on ne peut fe défendre d'avouer avec le Centurion, que cet Homme étoit véritablement Fils de Dieu Verè Filius

Matth.

27.

Dei erat ifte. Mais ces merveilles n'ont pas ceflé avec la prefence vifible fur la terre; nous avons encore devant les yeux des miracles plus decififs, & plus frappans que ceux qui ont converti tant de peuples; & ces miracles font l'établiffement merveilleux du Chriftianif me par toute la terre; & la deftruction entiere de l'Empire du demon dans tout l'Univers.

La cef

des O

Naiffan

Jefus

Chrift.

§. LXXIII.

Perfonne n'ignore avec quelle fureur fation l'idolâtrie s'étoit répandue comme en racles torrent chez prefque toutes les nations des la depuis le premier âge du monde ; & ce de avec quelle autorité elle regnoit par tour. Un petit coin du monde confervoit feul la notion du vrai Dieu : Notus in Judaa Deus: & parmi ces Juifs mêmes combien peu de vrais Fidéles! Le Paganifine n'étoit pas feulement la Religion dominante, c'étoit à proprement parler, aux Juifs près, la feule Religion. Le demon fier de la victoire qu'il avoit remportée fur le premier homme, tenoit, pour ainsi dire, dans fes fers tous fes defcendans. Maître des cœurs la diffolution, il l'étoit encore des

par