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qu'il eût été conçû dans le fein de fa Mere; Nom augufte, qui renferme en abregé tous les Myfteres de nôtre Redemption; Nom divin, qui ne remplit toute fa véritable fignification, que dans la perfonne adorable du Sauveur du monde; Nom au deffus de tout nom, auquel tout ce qu'il y a dans le Ciel, fur. la terre & dans les enfers doit flechir le genou; Nom tout-puiffant, en vertu duquel fe font faits, & fe font les miracles les plus éclatans; Nom incomparable; puisqu'il n'y en a point d'autre fous le Ciel, en vertu duquel nous devions être fauvez. C'eft le premier de Janvier que ce Sauveur du monde fe foumit à la foi de la Circoncifion, qu'on peut appeller le grand Myftere de fes humiliations, le gage primitif de nôtre falut, la confommation de l'ancienne loi, & comme les arrhes & le fceau de la nouvelle Alliance.

Cependant le bruit de la naiffance du Meffic ne s'étant répandu fourdement qu'autour de Bethléem,par tout ce qu'en avoient publié les Bergers; il n'avoit pas fait grande impreffion fur l'efprit même du fimple peuple; lorfqu'on vit arriver à Jerufalem les Mages. C'étoient felon l'opinion la plus commune, & la

plus univerfellement reçûë dans l'Eglife, des petits Souverains, dont les Etats étoient fituez vers l'Orient à l'égard de la Judée. Le peuple de leurs païs les refpectoit infiniment, & les confideroit comme les dépofitaires de la Religion, & des fciences; ils s'appliquoient fur tout à l'Aftronomie. Il eft vrai-femblable qu'ils vinrent de l'Arabie heureufe, qui avoit été habitée par les enfans qu'Abraham avoit eu de Cetura fa seconde femme ; & qu'ils defcendoient de Jecthan pere de Saba, & de Madian pero d'Epha; en quoi s'accomplit ce qu'avoit prédit le Roi Prophete, lors. Pfal. 72ẻ que parlant du Meffie, il dit que les Rois d'Arabie & de Saba viendroient lai offrir des prefens pour gage de leur fidelité; & le Prophete Ifaie avoit prédit la même chofe, en difant qu'on viendroit de Madian, d'Epha, & de Saba fur des chameaux, pour rendre hommage au Meffie, en lui offrant de l'or, de la mirrhe, & de l'encens.

§. VII.

Au moment donc que le Sauveur vint Les au monde, au moment que les Anges Mages amonçoient fa naiffance aux Bergers, adore

viennent

une nouvelle étoile paroiffant miracu leufement dans les Cieux, l'annonçoit aux Rois Mages. Ces Princes habiles dans l'Aftronomie, & inftruits des prédictions du Prophete Balaam, duquel on croit que descendoient ces Mages, voyant ce nouveau Phenomene, plus éclairez d'ailleurs par une lumiere interieure, que par celle qui brilloit à leurs yeux, ils ne douterent point que cette étoile miraculeufe ne fût celle que Balaam affuroit devoir paroître à la naiffance de ce divin Roi des Juifs, qui devoit naître pour le falut des hommes. Comme ils étoient voifins, trois s'étant communiquez mutuellement ce qu'ils penfoient du nouveau Phenomene qui paroiffoit; ils convinrent de partir tous; trois ensemble fans délai, & d'aller rendre au nouveau Roi des Juifs leurs. hommages. Ils ne fe furent pas plûtôt. mis en chemin, qu'ils s'apperçurent que l'étoile leur fervoit de guide. En, effet, elle les conduifit droit à Jerufalem; mais ils furent bien furpris de voir difparoître l'étoile à leurs yeux, dès qu'ils furent arrivez à cette Capitale. Ils fe rendent au Palais, & demandent où étoit le nouveau Roi des Juifs qu'ils venoient adorer, & dont ils avoient vû

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l'étoile. Herode ayant appris de leur bouche cette avanture, en fut allarmé ; mais diffimulant fa frayeur, il mande chez lui fur l'heure même les Prêtres, & les plus qualifiez des Docteurs de la loi; & ne doutant point qu'un Roi dont le Ciel annonçoit la naiffance, ne dût être le Meffie promis, d'autant mieux qu'on fçavoit bien que le tems de fa venuë, felon la fupputation des Propheties, étoit arrivé: Herode demanda d'abord aux Docteurs affemblez, où devoit naître le M:ffie. Tous répondirent que ce devoit être à Bethléem, felon la prédiction du Prophete Michée. Cependant ce Prince fe défiant de la vifion de ces étrangers, & craignant que s'il fe joignoit à eux pour aller rendre fes devoirs à un Enfant, dont il étoit encore incertain fi ce feroit le vrai Meffie, il ne s'exposât à la rifée du public; il fe contenta de dire aux Mages, que felon leurs Ecritures le Meffie devoit naître dans la petite ville de Bethléem,qui n'étoit qu'à deux lieuës de Jerufalem; & qu'il leur confeilloit de s'y rendre au plûtôt, & de lui en donner inceffamment des nouvelles. Mais avant que de les laiffer partir, ce Prince fourbe & auffi cruel qu'ambitieux, qui avoit déja formé le deffein

impie de fe défaire de ce divin Enfant qui devoit être Roi, s'il étoit le Meffie: tire les Mages à part, leur fait plufieurs queftions; les prie fur tout de lui dire en quel tems précisément l'étoile avoit commencé de paroître, & feignant un grand empreffement lui-même, pour être für de la naiffance du grand Liberateur fi attendu des Juifs; Allez, leur dit-il à Bethléem, informez-vous felon vôtre fageffe de tout ce qui regarde cet Enfant, & revenez au plûtôt, je vous prie, pour m'en donner des nouvelles, afin que je lui aille moi-même rendre mes hommages avec toute ma Cour.

Dès que les Mages eurent pris congé de ce Prince diffimulé, & qu'ils fe furent remis en cheinin, Dieu leur rendit leur. premier guide. L'étoile qui avoit difparu à leurs yeux dès qu'ils alloient entrer à Jerufalem, leur apparut de nouveau au moment qu'ils en fortirent, & elle les conduifit droit à Bethléem. Il elt aifé de comprendre quelle fut leur joïe, quand ils revirent l'étoile, qui ne s'arrêta que fur la pauvre maifon où étoit celui qu'ils cherchoient. Ils y entrent, & ils y trouent celui que le Ciel leur avoit annon. L'Enfant Jesus étoit entre les bras fa Mere; il n'avoit rien au dehors

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