du Ver sa liberté, & encouru pour lui & pour l'Incar toute fa pofterité, la difgrace de Dieu nation par fa défobeillance, avoit perdu pour be Di lui & pour fes defcendans, tous les vin. droits que la juftice originelle leur donnoit à la felicité; il étoit devenu l'efclave du demon; il s'étoit plongé dans ce fond inépuifable de miferes, qui font les triftes effets du peché originel; & s'étoit attiré ce deluge de maux qui a inondé toute la terre. Dieu qui de toute éternité avoit prévû cette malheureufe chûte, avoit auffi de toute éternité réfolu de la reparer; mais comme nulle pore créature, quelque parfaite qu'elle pût être, ne pouvoit pleinement fatisfaire à la juftice divine, à caufe de la difproportion infinie qu'il y a entre la fatisfaction toûjours bornée d'une pure créature, & lạ Majefté infinie d'un Dieu offenfé: ce Pere des mifericordes avoit réfolu l'Incarnation de la fecondé Perfonne de la Trinité adorable, c'est-à-dire, du Verbe Eternel, qui fe faifant chair, devenoit Dieu & Homme tout enfemble; & qui feul étoit en état de fatisfaire comme Homme, & de pleinement & dignement fatisfaire comme étant tout enfemble Homme-Dieu. Ce Mystere étant fi fort audeffus de l'efprit humain, il étoit neceffaire de le rendre acceffible & croyable par des marques fenfibles & proportionnées à la portée de l'efprit des hommes: Dieu l'a fait. Comme la Prophetie eft de toutes ces marques fenfibles celle qui porte le plus visiblement un caractere de vrai, & qui frappe le plus; Dieu s'en eft fervi pour apprivoifer, pour ainsi dire, l'efprit humain, & lui rendre croyable, ce qui lui étoit incompréhenfible; & par une furabondance de conviction, il a bien voulu ajoûter à la prédiction, la preuve des miracles, autre moyen für & fenfible, de rendre un Myftere croyable, un fait inconteftable, quelque incomprehenfibles qu'ils foient aux lumieres de la raison, A peine le monde eft-il forti des mains du Créateur, la chûte du premier comme eft à peine arrivée, qu'on lui rle déja d'un liberateur, d'un Saur; on lui montre de loin cet HomDieu, ce Meffie par la Puiffance uquel la tête du ferpent qui l'avoit feduit, doit être écrasée, & son esclavẹ recouvrer fa liberté. Quelques fiecles fe écoulez, l'inondation generale. un nouvel Univers? Dieu font fe fouvient de fa parole. Il pense à fe faire un peuple agréable à fes yeux, il en choifit un parmi la foule des nations éparfes fur la terre, Son amour fe plaît à faire éclater en lui fes plus grandes mifericordes. Il daigne même traiter pour ainfi dire, avec les ferviteurs, & dit à Abraham; en vôtre Posterité seront benis tous les peuples. A cette alliance fi faintement jurée, les deffeins de Dieu commencent, pour ainsi dire, à fe déveloper; & par tout il femble préluder à la naissance du Meffie, de laquelle il predit & annonce jufqu'aux moindres circonftances. Tous les grands hommes du peuple Juif ne font pas moins les figures de ce divin Sauveur, que fes peres ; ils le tracent chacun en fa façon, & tous ensemble le reprefentent tel qu'il doit paroître fur la terre. Tous les évenemens conduifent à lui; & les hommes malgré la diverfité de leurs vûës, malgré l'inconftance de leurs projets, ne font que difpofer, fans le fçavoir, les circonftances préliminaires de fa naiffance, Dieu ne s'eft pas contenté de cette prédiction generale. Il a envoyé de tems à autre des Prophetes pour annoncer à Ifraël fon Redempteur; ils mar quent le tems précis de fon avenement; fa conception miraculeufe dans le fein d'une Vierge; le lieu de fa naiffan& toutes les circonftances de fa vie & de fa mort; & tous en font un portrait fi vrai, si juste, si ressemblant qu'il n'eft pas poffible de s'y méprendre. Gen. 49. ce, Le fceptre ne fortira point de Juda, dit Jacob près de dix-fept cens ans avant JESUS-CHRIST, & lon verra toujours des Capitaines, des Magiftrats & des Juges nez de fa race, jufqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé & qui fera l'attente des peuples. Il est venu en effet ce Meffie prédit, & ce n'a été felon la prédiction, qu'après que le fceptre étoit forti de Juda; & qu'il n'y avoit plus que des étrangers qui gouvernaflent le peuple. L'accompliffement a verifié la Prophetie dans la perfonne de JESUS-CHRIST ; & en lifant ce qui avoit été prédit, on a reconnu vifiblement dans JESUS-CHRIST, le Meffie. exp. 9. La Prophetie de Daniel fixe encore plus déterminément l'époque de fon avenement, & donne une idée encore plus détaillée des circonstances. Dieu a fixé les tems à foixante & dix femaines d'années, qui font quatre cens quatre-vingt dix ans, en faveur de vôtre peuple, & de vôtre ville, dit l'Ange Gabriel au Prophete Daniel, afin que les prévarications foient abolies, que le peché trouve fa fin, que l'iniquité foit effacée, que la justice éternelle vienne fur la terre, que les Propheties foient accomplies, & que le Saint des Saints reçoive l'onction facrée, c'est-à-dire › que le Verbe fe faffe chair, & foit appellé l'Oint du Seigneur. Après foixante & deux femaines, le Chrift fera mis à mort, & le peuple qui le doit renoncer, ne fera plus fon peuple. Un peuple avec son chef ce font les Romains commandez par Tite, détruira la ville, & fon Sanctuaire; elle finira par une ruine entiere; &la défolation qui lui a été predite, arrivera après la fin de la guerre. Le Christ confirmera fon alliance avec plufieurs dans une femaine; & à la moitié de la femaine, les hofties & les facrifices anciens fe ront abolis. L'abomination de la défolation fera dans le Temple; & la défolation durera jufqu'à la consommation, & jufqu'à la fin. Cette Prophetie étoit fi précise & fi claire, , que quand JESUS-CHRIST Vint fur la terre, tous les Juifs étoient perfuadez que le terme de leur délivrance & de leurs efperances marqué par Da |