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pour les mettre tous en état de le fau-
ver; enforte que fi quelques-uns fe
perdent, ils ne fe perdront que par leur
faute, & contre la volonté fincere que
Dieu a de les fauver tous. Qui eft-ce
qui eft plus inexcufable
inexcufable que celui qui
en plein midi fe précipite dans la foffe,
pour n'avoir pas voulu ouvrir les yeux
la lumiere. Cette lumiere qui éclaire
quiconque vient au monde eft venuë;
elle luit; & cependant les hommes ai-
ment mieux les tenebres que la lumie-
re faut-il être furpris fi leur aveugle-
ment volontaire les précipite dans le
dernier malheur ce fut là comme un
abregé bien précis de toute la Religion,
& de fa doctrine. Nicodeme en com-
prit toute la fainteté, il s'attacha invio-
lablement à Jefus Chrift, & ne douta
plus que ce ne fût le Mellie.

§. XV I.

Le Sauveur étant forti de Jerufalem après la Fête finie, vint avec les Difciples fur le bord du Jourdain. Il est proà bable qu'il leur donna lui-même le nouveau Baptême, dont celui de Jean n'éroit que l'ombre; & il leur laiffa le foin tifer ceux qui venoient à lui de

de

toutes parts. Les Difciples de Jean qui baptifoit toûjours à Ennon auprès de Salim vinrent lui dire que Jesus baptifoit auffi de l'autre côté du fleuve, & que tout le monde couroit à lui. Je m'en réjouis, répond le Precurfeur, il eft bien jufte qu'on quitte le ruifsseau pour aller à la fource. Je n'ai rien que je n'aye reçû de lui. Il eft l'Epoux, & je ne fais que la Paranymphe, c'eft-à- Foan. 3. dire, l'ami de l'Epoux qui lui amene PEpoufe. Il faut qu'il croiffe, ajoûtat-il, & moi que je diminuë. Vous me rendez témoignage vous-mêmes que j'ai dit: ce n'eft point moi qui fuis le CHRIST, mais je fuis envoyé devant lui; ne dois-je pas être bien aife qu'il foit reconnu pour ce qu'il eft, & que tout le monde le fuive; il eft defcendu du Ciel, & je ne fuis forti que de la terre; celui qui vient du Ciel eft au deffus de tous, & fon langage eft tout celefte; celui qui vient de la terre est terreftre, & fon langage l'eft auffi. Celui qui vient du Ciel eft au-deffus de tous. Quelque fublime, quelque fuperieure à nos foibles lumieres que foit fa doctrine; il doit être crû, puifqu'il ne dit que ce qu'il a vû, & ce qu'il a ouï. Malheur à qui ne recevra point fon té

moignage, car celui que Dieu a envoyé, dit les mêmes chofes que Dieu, parce que Dieu ne lui communique pas fon efprit avec referve. Le Pere aime le Fils, & il lui a mis toutes chofes entre les mains. Celui qui croit au Fils poffede la vie éternelle; mais celui qui refufe de croire en lui, fera éternellement maudit de Dieu, & la colere de Dieu ne fe retirera point de dessus lui.

Tel fut le témoignage public & autentique que Jean rendit de la divinité de Jefus Chrift à tous fes Difciples, peu de jours avant fa prifon; car ce Heraut de la verité & de la Juftice, ne pouvant s'empêcher de crier contre le fcandale public que donnoit Herode Antipas, qui avoit époufé Herodiade fa belle four, du vivant même de fon frere Philippe. Cette femme impie jura perte du faint predicateur; & fit tant par fes follicitations auprès d'Herode, que quoique ce Prince refpectât JeanBaptifte, il le fit arrêter, fous pretexte qu'il attiroit trop de monde à fon Baptême; mais la veritable raifon étoit, que faint Jean difoit hautement qu'il n'étoit pas permis à Herode d'avoir pour femme fa belle-fœur, au grand scandale du public.

la

Cependant le Fils de Dieu fçachant la mauvaise volonté qu'avoient déja contre lui les Pharifiens ; & prévoyant qu'ils pourroient porter Pilate Gouverneur de la Judée à le faire arrêter fous le même pretexre, puifqu'il venoit encore plus de monde l'entendre, qu'il· n'en étoit jamais venu pour entendre faint Jean; il fortit de Judée ; & retournant en Galilée par la Samarie, il s'affit de laffitude fur le bord d'un puits, qu'on appelloit la fontaine de Jacob, à quelques cens pas de la ville de Sichar, aujourd'hui Napeloufe. Mais la laffitude avoit moins de part à ce délaffement, que le zele du falut des ames.

§. XVII.

taine.

Le Sauveur attendoit là une femme La converfion d'affez baffe condition, mais grande de la pecheresse, qui devoit venir à ce puits Samaripour tirer de l'eau. En effet, pendant que les Difciples du Sauveur alloient acheter à la ville dequoi manger, cette femme vint puifer de l'eau. Elle étoit de la fecte des Samaritains, ennemis declarez des Juifs; ces deux Nations avoient les uns pour les autres une haine reciproque, Jesus lui ayant deman

dé à boire, elle reconnut aisément qu'il étoit Juif, & lui dit qu'elle étoit fort furprise, qu'un Juif demand ât à boire à une femme Samaritaine. Si vous connoiffiez le don que Dieu vous fait, & qui eft celui qui vous demande à boire lui dit le Sauveur avec fa douceur & fa modeftie ordinaire, peut-être que vous lui auriez demandé vous-même la premiere dequoi étancher vôtre foif; & il vous auroit donné une eau vive. Cette femme prenant ces paroles à la lettre, Seigneur, lui dit-elle, vous n'avez pas avec quoi puifer, & le puits eft profond. D'où avez-vous donc une eau vive? eft-ce que vous êtes plus puiffant que Jacob nôtre pere, qui nous a donné ce puits? quiconque boit de l'eau de ce puits, repart le Sauveur, aura encore foif; mais celui qui boira de l'eau que je lui donnerai, n'aura jamais foif: & l'eau que je lui donnerai, deviendra en lui une fource d'eau qui jaillit jufqu'à la vie éternelle,

Donnez-moi donc de cette eau, Seigneur, repart cette femme, afin que je n'aye plus foif, & que je ne fois plus obligée de venir ici puifer. Allez, lui dit Jefus, appellez vôtre mari, & revenez. Je n'ai point de mari, répond la

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