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de douleur en le voyant fouffrir; juf ques-là que la violence de fa douleur penetroit fon ame toute entiere: Quia plus omnibus dilexit, propterea

plus - omnibus doluit, in tantum ut animam ejus totam pertranfiret vis doloris. Dans les autres Martyrs, dit faint Bernard, le grand amour qu'ils avoient pour Dieu, adouciffoit la douleur que leur causoit - leurs tourmens; mais l'amour extrême qu'avoit la fainte Vierge pour fon cher Fils, faifoit fon martyre, & comme elle a plus aimé Jefus - Chrift que tous les Saints ensemble, fon Martyre a été plus amer, & plus douloureux que le leur; In aliis Martyribus magnitudo amoris dolorem lenivit Paffionis; fed Beata Virgo quanto plus amavit, tanto plus doluit, tantoque ipfius Martyrium gravius fuit. La Paffion douloureufe du Fils, a été dans toutes les circonftances la Palfion douloureuse de la Mere.

La feule vûë de Jefus Chrift en croix, faifoit la confolation de tous les Martyrs; mais à l'égard de la fainte Vierge, ce trifte objet faifoit fon martyre. Jefus Chrift confoloit

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bloit même de joye interieure tous les Martyrs au milieu des plus cruels tourmens, & fufpendoit même fouvent en

leur faveur l'activité du feu dans les chaudieres de plomb fondu, & dans les fournaises ardentes: à l'égard de la fainte Vierge JESUS-CHRIST fouffrant, & mourant fait le fupplice de fa Mere; il eft pour elle, dit faint Bernard, une mer d'amertume, dans laquelle fon cœur eft noyé juxta magnitudinem amoris, erat vis doloris, gravius passa eft mente, quam Martyres carne: jugez de la grandeur de fa douleur, dit le faint Abbé, par la grandeur de fon amour; elle feule a plus fouffert dans fon ame, que tous les Martyrs enfemble n'ont fouffert dans leurs corps. Et certainement, dit faint Bernardin de Sienne, la douleur que la fainte Vierge fouffrit en voyant expirer fon cher Fils fur la Croix, fut fi vive, fi extraordi naire, fi grande fi grande, que fi elle eût été partagée entre toutes les créatures ca pables de fentiment, nulle qui ne fût morte de douleur par la feule portion de celle que MARIE fouffroit toute feule; Tantus fuit dolor Virginis quod fi in omnes creaturas que dolorem pati possunt divideretur, omnes fimul interirent. L'amour tendre & compatiffant faifoit dans -l'ame de la Mere, dit Arnaud de Charce que les cloux, les foüets, les

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épines, & la lance faifoient fur le Corps adorable du Fils: Quod in carne Chrifti agebant clavi, & lancea, hoc in Virginis mente agebat naturalis affectus, & materna anguftia. Vôtre Fils, Vierge fainte, a souffert en fon Corps, & vous en vôtre ame, s'écrie faint Bonaventure, mais toutes fes playes divifées en chaque membre de fon corps, fe trouvoient réunies enfemble dans vôtre E cœur : Singula vulnera per ejus corpus = Sparfa, in tuo corde funt unita. O qu'il eft vrai Bienheureuse Vierge, conclut faint Bernard, que vôtre ame a été veritablement tranfpercée de douleur : Verè tuam ipfius animam doloris gladius pertranfivit. Comme c'eft pour l'amour du falut des hommes que la fainte Vierge a fouffert ce douloureux Martyre; auquel on a donné avec raifon le nom de Paffion; les Fidéles ont toûjours eu une devotion particuliere à honorer cette Paffion de la fainte Vierge fous let titre de Nôtre-Dame de Pitié, fous celui de Compaffion, ou de Nôtre-Dame des fept Douleurs, dont le Saint Siege a approuvé la Fête, & l'Office dans toute l'Espagne, & dans plufieurs Diocéfes d'Italie, & de France.

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La

fainte

Vierge

§. XXIV.

MARIE Mere de Jesus étoit auprès de fa Croix, dit l'Evangile ; c'étoit au pied pour ainfi dire, un même facrifice d'holocaufte que celui de JESUS & de MARIE; ils s'offroient, & fouffroient tous deux en même-tems, dit Arnaud de Chartres: Omnino unum erat Chrifti

de la

Croix

de fon

cher Fils.

que

Maria holocauftum. L'amour faifant l'office de Sacrificateur, immoloit Jesus à fon Pere fur l'Autel de la Croix pour l'expiation des pechez de tous les hommes; & l'amour immoloit MARIE au pied de la croix en lui faifant fouffrir tous les opprobres & toutes les douleurs fouffroit fon cher Fils. Mais ce qui mit le comble à cette incomprehenfible douleur, & ce qui fut comme le glaive qui perça l'ame de cette Mere affligée, ce furent les dernieres marques de tendreffe que lui donna fon cher Fils avant que d'expirer fur la Croix. Ses dernieres paroles renouvellerent, pour ainsi dire, toutes les playes dont le cœur de cette Mere mourante étoit deja percé; & cette mer d'amertume où fon ame étoit comme noyée, Jefus ayant apperçu au pied de fa

Croix, fa Mere, & le Difciple qu'il aimoit, dit à fa Mere: Femme, Voilà vôtre Fils, parlant de faint Jean. Puis il dit au Disciple : Voilà vôtre Mere, parlant de la fainte Vierge ; & déslors le Difciple Bien-aimé devenu par ces paroles, qui étoient comme le Teftament, & la derniere volonté de JESUS-CHRIST mourant, le Fils adoptif, pour ainfi parler, de la très-fainte Vierge, ne la regarda plus que comme fa chere Mere; il lui rendit tous les devoirs d'un Fils, & en prit tous les foins qu'un Fils doit prendre de fa bonne Mere.

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Les Saints Peres decouvrant tout le Myftere de ces paroles de JESUSCHRIST difent que le Sauveur fur le point de mourir, declara la fainte Vierge la Mere de tous les Fidéles, qui devinrent deslors les Fils adoptifs de MARIE dans la perfonne de faint Jean; & par confequent que ce divin Sauveur declara par fon Tefta ment, & fa derniere volonté, la fainte Vierge l'Avocate, la Protectrice, & la Mere de toute l'Eglife. Saint Jean Chryfoftome dit que le Sauveur en cette occafion, ne voulut point appeller MARIB du nom. tendre de Mere, pour ne pas donner une nouvelle pointe à

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