fa douleur: mais feulement de celui de Femme, qui est un terme plus generi que. Quelques Saints Peres ajoûtent que le Fils de Dieu ne l'appella pas alors du nom de Mere; de peur que ce nom n'irritât contre elle la fureur des bourreaux, & ne lui attirât quelques mauvais traitemens de la part de ces impies. Plufieurs Interpretes croyent même. que ce fut par refpect que Jesus appel la alors fa Mere du nom de femme : Mulier comme il avoit fait aux Nôces de Cana: car le mot de Mulier en Hebreu, comme on a deja dit eft un nom d'honneur, & de respect, qui signifie parmi nous le nom de Madame, Et en effet on remarque que toutes les fois que le Sauveur parloit à fa Mere devant le peuple & en public, il se servoit de ce terme refpectueux, plûtôt que de celui de Mere. Enfin quelques autres penfent que comme tout étoit myfterieux dans la confommation de ce grand facrifice, JESUS-CHRIST voulut nous faire entendre que fa Mere étoit cette feconde Femme qui devoit, pour ainfi parler, reparer fous l'arbre de la Croix, par la mort de fon Fils, tout le mal que la premiere femme avoit fait fous l'arbre fatal, qui avoit été l'occa- fion à fa defobéïflance, fource funeste de tous nos maux. §. XXV. que reffufci à fa che re Mere. Après que la fainte Vierge eut vû Au mo expirer fon cher Fils fur la Croix, & ment que le grand ouvrage de nôtre Re- Jefus demption étoit accompli par ce fan- Chrift glant facrifice du Redempteur de tous te, il les hommes: elle fe retira à Jerufalem, apparoit dans la maifon de Marie mere de Marc où l'on croit que le Sauveur avoit fait fa derniere Cene avec fes Apôtres. Elle y paffa les trois jours avant la Resurrection dans une fublime & continuelle contemplation de tous les Myfteres qui venoient de s'accomplir, & de tous ceux qui devoient fuivre. On ne fçauroit douter qu'au moment que JESUS-CHRIST reffufcita, il n'apparut au même instant à sa chere Mere, pour la dedommager abandamla joye inimaginable dont el ment par le fut comblée alors, de tout ce qu'elle avoit fouffert durant fa Paffion, & fur le Calvaire; ce qui demontre cette verité, c'eft que dans toute l'Hiftoire fi detaillée de la Refurrection du Sau veur & de fes apparitions, il n'est point parlé des apparitions qu'il eut fait à fa Mere ; & il est tout visible que fi elle n'eût point été favorisée de cette premiere & finguliere apparition, JESUSCHRIST n'auroit pas manqué de la diftinguer la premiere fois qu'il s'apparut à tous fes Disciples affemblez, avec qui fe trouvoit même la fainte Vierge. Le Sauveur ordonne à Magdelaine & aux autres faintes Femmes à qui il apparoit d'abord après la Resurrection, d'aller dire à Pierre en particulier, & à fes autres Difciples qu'il eft reffufcité ; ne leur auroit-il pas ordonné en même tems d'en porter la nouvelle à fa chere Mere, s'il ne la lui eût pas apprise luimême le premier. Que fi l'on demande, dit faint Anfelme, pourquoi l'Evangile ne fait pas mention de cette apparition privilegiée faite à la Mere de Dieu c'eft repond ce Saint que l'Evangile ne dit rien d'inutile & de fuperflu; or il feroit inutile de dire que la premiere apparition du Sauveur reffufcité fe fit à fa chere Mere, avant que de paroître aux autres femmes, & à fes Disciples; puisqu'on ne peut penfer à la qualité de Mere, à la tendreffe qu'elle avoit pour fon cher Fils, à la part qu'elle avoit euë à sa Paffion, & à la tendreffe que le Sauveur avoit pour elle, fans être convaincu qu'elle vit la premiere fon adorable - Fils reffufcité; de même, dit le même Pere, qu'il auroit été fort fuperflu de dire dans l'Evangile, que JesusCHRIST aimoit tendrement fa Mere; & c'eft de quoi auffi l'Evangile ne parle point, tandis qu'il parle fi fouvent de la predilection que Jefus avoit pour faint Jean. Que fi ce Disciple Bien aimé dit que Nôtre - Seigneur apparut premierement à Magdelaine: cela fe doit entendre, dit l'Abbé Rupert, par rapport aux temoins que Dieu avoit choifis pour publier dans le monde ce grand Myftere de la Refurrection felon qu'il eft dit dans les Actes des Apôtres Dedit eum manifeftum fieri teftibus præordinatis à Deo; Dieu l'a reffufcité le troifiéme jour, & il l'a fait voir à ceux qui étoient deftinez de Dieu pour en être les temoins, & pour prêcher fa Refurrection à toute la Terre. : S'il n'a pas été poffible d'exprimer quelle fut l'affliction, & la douleur de la fainte Vierge à la mort ignominieufe de JESUS CHRIST fon cher Fils, il est ne encore moins de faire fentir quelle fut la joye ineffable de cette bienheureuse Mere à la Refurrection glorieuse du Sauveur du monde. Tout ce qu'on peut dire & ce que tout le monde comprend affez; c'eft que fi le coeur de la fainte Vierge avoit été noyé dans une mer d'amertume durant toute la Paf fion de JESUS-CHRIST; fa triomphante Refurrection combla fon ame d'une allegreffe incomprehenfible. On doute point qu'elle n'ait joui de la prefence prefque continuelle de ce diviu Sauveur, durant tous ces quarante jours qui precederent fon Alcenfion glorieufe dans le Ciel, Non - feulement elle eut la confolation de le voir toutes les fois qu'il apparut à fes Disciples as femblez; mais combien de fois eut-elle le plaifir de s'entretenir familierement avec lui dans fes apparitions particulie. res! on peut dire qu'elle jouit dèslors de ce torrent de delices, & de joyes celeftes dont les Bienheureux font comme inondez dans le Ciel; & quoi qu'étant encore fur la terre, elle fût en quelque maniere dans un païs étranger, & comme dans un lieu d'exil; il est certain qu'elle goûtoit à longs traits, les douceurs de la celefte Patrie, |