1 1 fainte l'Afcen Chrift Ciel, Les quarante jours depuis la Refur- La rection étant expirez, la fainte Vierge Vierge qui s'étoit renduë à Jerusalem, pour eft preêtre prefente à la triomphante Afcen- fene à fion de fon cher Fils dans le Ciel, l'ac- fion de compagna avec tous fes Difciples fur le Jefus Mont d'Olivet, qui étoit le lieu que dans le JESUS CHRIST avoit choifi pour monter dans le Ciel, & s'aller affeoir à la droite de Dieu fon Pere. Ce fut fur le fommet de cette fameuse Montagne, où le Sauveur ayant donné fes dernieres inftructions à toute cette fainte Affemblée, après les avoir benis, & avoir donné à fa chere Mere toutes les marques de diftinction, & de la plus affectueufe tendreffe ; il s'éleva lentement en haut vers le Ciel; tandis que tous les yeux étoient attachez fur lui; juf qu'à ce qu'une nüée lumineufe le derobât à leur vûë. Nôtre efprit eft trop borné, & nos expreffions font trop foibles pour faire comprendre, & pour concevoir nousmêmes quels furent les fentimens du Fils & de la Mere au moment de leur. feparation. Tout ce qu'on peut dire, c'est que le corps de MARIE, demeura bien encore fur la terre, mais que fon cœur monta avec JESUS CHRIST dans le Ciel: elle fe retira enfuite avec les Apôtres dans le Cenacle, pour y attendre la Defcente du Saint-Esprit, dont il est certain qu'elle accelera, pour ainsi dire, la venue par fes ardens defirs, & par fes prieres. Elle le reçut dix jours après avec une nouvelle plenitude graces, & de dons. Une ame des plus faintes, & doüée d'un des plus fublimes dons de contemplation, a laiffé par écrit que cette flâme merveilleufe fous la figure de la. quelle le Saint-Efprit apparut le jour de la Pentecôte, fe repofa d'abord toute entiere fur la tête de la très - fainte Vierge; & qu'enfuite elle fe divifa en autant de langues de feu qu'il y avoit de perfonnes dans le Cenacle; fur la tête defquelles ces langues de feu vinrent fe repofer. Cette circonftance qui paroît trés-vrai-femblable, est un symbole bien expreffif pour faire connoître que la facrée Vierge reçut elle feule en ce jour, autant de graces, & de dons du Saint-Efprit, que tous les autres enfemble; auffi avoit-elle des difpofitions interieures intérieures plus excellentes que tous; & comme le Pere Eternel avoit diftingué MARIE MARIE par une prédilection fi marquée dès fon immaculée Conception, en qualité de la Fille bien-aimée ; & le Fils par un affemblage fi merveil leux de toutes les graces, en qualité de fa chere Mere; il étoit jufte, difent les faints Peres , que le Saint-Esprit la diftinguât auffi en qualité de fon Epou, par une plenitude furabondante de fes dons. fe Les Peres de l'Eglife ne doutent point que la, raifon pourquoi Dieu laiffa encore plufieurs années la fainte Vierge fur la terre, après la glorieuse Ascension de fon Divin Fils dans le Ciel, ne fut pour qu'elle fût la Mere de l'Eglife naiffante, & la plus douce confolation des difciples, & des Apôtres à qui JESUSCHRIST avoit promis, qu'il ne les laifferoit point orphelins. Si ce fut une douce confolation & un grand fujet de joïe pour la Mere de Dieu, de voir ce nombre prodigieux de miracles que les Apôtres & les Difciples operoient tous les jours au nom de JESUS-CHRIST; & d'apprendre avec quelle rapidité le Royaume de JESUS-CHRIST, c'est-à-dire, l'Eglife fe répandoit dans tout le A a monde : cette joye ne laiffoit pas d'être mêlée d'amertume, en aprenant avec quelle fureur toutes les puiffances du monde fe déchaînoient contre les Difciples de Jefus - Chrift, Juifs & Payens, tous ayant confpiré d'étouffer cette Eglife naiffante dans le berceau. Il eft vrai qu'elle n'ignoroit pas que toutes les Puiffances de la terre, & de l'enfer ne prévaudroient jamais contre elle; & elle fçavoit que le fang des Martyrs devoit être comme la femence des Chré tiens. La très-fainte Vierge refta à Jerusa. lem jufqu'à ce que les Apôtres furent contraints d'en fortir, à caufe de la cruelle perfécution qu'on fit aux Fidéles, laquelle arriva vers l'an 44. de Jefus Chrift; & ce fut en ce tems - là que faint Jean qui l'avoit prife chez lui, la regardant toûjours comme sa chere Mere, la mena à Ephese. On ne fçait pas précisément le tems qu'elle refta dans cette ville; mais il eft certain qu'elle retourna à Jerufalem quelque tems avant fa précieuse mort. Toute la vie de la très-fainte Vierge, fur tout depuis la glorieufe Afcenfion de Jefus Chrift dans le Ciel, ne fut qu'une oraifon continuelle & une pu union intime avec Dieu, laquelle ne fut jamais interrompue par aucun accident, tout le tems que cette Vierge incomparable vécut. Elle paffa tous les jours dans une douce retraite ; fon cœur n'étoit que dans le Ciel où étoit fon trefor, brûlant fans celle du même feu sacré dont les Seraphins brûlent. On ne doute point qu'elle ne communiât tous les jours; car comment une ame si re & fi fainte fe feroit- elle privée de ce spain des Anges, qui faifoit la nourriture facrée & journaliere des Fidéles dans ces premiers jours de l'Eglife. Il eft certain que chaque communion étoit accompagnée d'une extafe qui ne lui laiffoit rien à envier fur ceux qui étoient déja dans le fejour des Bienheureux. Tous les Fidéles avoient recours à elle dans leurs befoins fpirituels; & l'on ne doute point que les Apôtres mêmes ne la confultaffent fouvent, & ne profitaffent de fes lumieres furnaturelles ; & c'est ce qui a porté le fçavant Idiot à dire, qu'elle enseignoit les Docteurs, & qu'elle donnoit pour ainfi parler, des leçons aux Apôtres mêmes. Doctricem Doctorum, Magiftram Apoftolorum. Talis fuit Maria, dit faint Ambroise, μt ejus unius vita omuium fit difciplina. Á a ij |