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nuage, fa pieté fans alteration. Jamais perfonne ne pouffa peut-être jamais i loin l'abftinence: Hc congeminatos jejunio dies. Ce n'étoit que pour s'empêcher de mourir, qu'elle prenoit quelque nourriture; le plaifir naturel n'entra jamais dans fes motifs: Cibus qui mortem arceret, non delicias minif traret. Sa modeftie avoit quelque chofe de furnaturel, & fa douceur relevoit encore fa modeftie. Jamais personne, dit le même faint Ambroise, ne remplit mieux tous les devoirs de la bienféance, & de la politeffe; toute la vie fut un miroir fidele de toutes les vertus: Talis fuit Maria, ut ejus unius vita omnium fit difciplina.

Quelques autres Saints Peres affùrent qu'on avoit une fi haute idée de fon éminente fainteté que tout le monde la regardoit avec veneration; & que les Prêtres découvrant dans cette Bienheureuse Fille une vertu fi extraordinaire, lui avoient permis par une spé, ciale faveur d'aller de tems en tems faire fa priere dans l'endroit du Temple qu'on appelloit le Saint des Saints; lie a facré à la verité; mais on peut dire qu'elle rendoit encore plus faint par ferveur de fes prieres. Comprenons, s'il

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la

Pfal.

44.

poffible quelle étoit l'ardeur de ce feu divin dont le cœur de MARIE brûloit dans ce faint Lieu; il n'y a que les Celeftes Intelligences temoins ordinaires de fa devotion qui ayent pû fe former une idée jufte de la ferveur de fes Meditations, de la fublimité de fa contemplation; da prix, & du merite de ce nombre infini d'actes multipliez des plus heroïques vertus qui firent l'occupation ordinaire de MARIE durant les onze ou douze ans qu'elle fut dans le Temple,

Quand le faint Roi Prophéte difoit qu'on ameneroit après elle un grand nombre de Vierges qui devoient la fuivre, & lui compofer, pour ainfi dire, une Cour: Adducentur Regi Virgines poft eam; ne femble-t-il pas qu'il ait eu en vûe la confecration que la fainte Vierge devoit faire d'elle-même à fon Dieu, & qui devoit fervir par fon fejour, & fa clôture dans le Temple, de modéle à ce nombre infini de jeunes filles qui renonçant au monde dans la fuite, & fe confacrant tout à Dieu, pafferoient leurs jours dans la clôture du Monaftere, & dans le Temple, En effet combien de milliers de Vierges ont fuivi cette Reine des Vierges, &

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fe font devouées à fon exemple, au fervice de Dieu dans le Cloître, pour y paffer toute leur vie dans les exercices continuels de la plus haute pieté; & qui peuvent dire: In fanctitate & justitia coram ipfo omnibus diebus noftris. Tous nos jours font confacrez à mediter & à accomplir la Loi du Seigneur, à marcher dans les voyes de la juftice & de la fainteté, à aimer nôtre Dieu, & à chanter jour & nuit fes loüanges. N'at-on pas raifon de dire que la Presentation de la fainte Vierge, & fa demeure au Temple de Jerufalem, ont été comme le prototype facré, & pour ainfi dire, la premiere époque de l'Inftitution de toutes les Religieufes: Adducentur Regi Virgines poft eam: cette Epouse, ô Roi de gloire, vous ame nera à fa fuite un nombre infini d'ames pures, & innocentes, une infinité de Vierges qui s'étudieront à lui reffembler Proxima ejus afferentur tibi. Elles viendront toutes avec joye fe confacrer à vous dans vôtre Temple: Afferentur in lætitia & exultatione, adducentur in Templum Regis. Et n'eft-ce pas ce que nous voyons tous les jours, dans la vocation de tant de jeunes filles qui viennent le confacrer au Seigneur, avec

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tant de generofité, & de joye dans les Maifons Religieufes, pour fuivre l'exemple que leur donne la fainte Vierge dans l'Augufte ceremonie de fa Prefentation Adducentur Regi Virgines poft.

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Epiphane Prêtre de Conftantinople, & faint Anfelme difent que la sainte, Vierge eut une intelligence parfaite de la langue Hebraïque, quoi qu'elle ne fût plus alors en ufage parmi les Juifs, mais qui étoit la langue originelle des faints Livres, dont le Saint Efprit lui avoit donné une intelligence furnaturelle, auffi bien que de tous les facrez, Myfteres que ces faints Livres contenoient, Le même Epiphane ajoûte que jamais perfonne ne fçut fi bien travailler qu'elle, en lin, en laine, en foye, & en or; & qu'elle ne fe fervit jamais de fon art & de fon habileté, que pour des ouvrages deftinez à l'ufage facré de l'Autel, & des Prêtres. Il est tout vifible qu'elle avoit reçu avec cette plenitude des dons du Saint-Efprit, toute la fcience & tous les talens propres de fon lexe, & de fon état ; & certait; nement on ne peut pas refufer à la fainte Vierge toutes les prerogatives los connoiffances, les convenances, &

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les dons naturels qui avoient été accor-
dez à Eve & à Adam dans l'état d'inno-
cence.

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§. XIII

La

Mort de

fainte

Anne.

Il y avoit huit ou neuf ans que la fainte Vierge étoit dans fa retraite, fai- faint fant l'admiration des hommes & des Joachim Anges par l'éclat extraordinaire de fa & de fainteté & l'affemblage merveilleux de toutes les plus rares vertus, lorf qu'elle perdit fon Pere faint Joachim, & peu après fainte Anne fa mere. Une mort auffi precieufe aux yeux de Dieu que celle de fes chers parens, lui fut fenfible, mais elle, pour ainfi dire = l'affligea peu. Elle étoit trop affurée de leur fort bienheureux, & trop refignée aux Ordres facrez de la divine Provi dence, pour n'être pas bien tôt confolée de leur abfence. Depuis long-tems Dieu lui tenoit lieu de tout. Comme les Prêtres qui defervoient le Temple étoient par office les Tuteurs des jeunes filles orphelines confacrées au fervice de Dieu, ils eurent deslors un foin plus particulier de cette infigne Vierge qui faifoit depuis long-tems le fujet de leur eftime, & de leur admiration.

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