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des

» que je prends pour des hommes com. » me moi, n'étoient, en effet, que » automates, il me tromperoit; il » feroit alors tout ce qui feroit nécef

faire pour me pouffer dans l'erreur, » en me faifant concevoir, d'un côté, » une raison claire des phénomènes que » j'apperçois, laquelle n'auroit pour» tant pas lieu; tandis que, de l'autre, » il me cacheroit la véritable 170

LE COMMANDEUR. Je crois effectivement, Monfieur, qu'un Pyrrhonien de l'efpèce dont il s'agit, ne pourroit rien oppofer à votre raifonnement, dès qu'il auroit admis vos principes. Mais un Pyrrhonien de cette espèce n'auroit point fait les principes & le fyftême de Descartes. Et pourquoi ? parce qu'un Difciple éclairé de ce philofophe n'admettra jamais. : 1°. Que des automates puiffent, par les feules Loix du mouvement & de la matiere com binés, exécuter toutes les opérations

dont il voit les apparences dans fes femblables. 2°. Parce qu'il n'admettra pas davantage que ces apparences foient les feules raifons, ni, à beaucoup près, les plus fortes, qui le convainquent de l'existence des autres hommes. Permettez-moi de développer ces deux vérités. Elles ferviront à éclaircir, Madame, la difficulté très-ingénieuse & trèsfubtile que vous m'avez oppofée.

LA COMTESSE. Oh! pour cela, il eft cruel qu'on nous ferve en ce moment. Commandeur, vous me rendrez raifon de ce que vous venez d'avancer. Vous voilà, pour le coup, de l'inconféquence la plus marquée!

QUATRIE ME.

ENTRETIEN.

Sur l'erreur des Egomets, & les rapports que pourroit y avoir le fyftême des Automates.

LA COMTESSE, LE COMMANDEUR, L'ABBÉ.

LA COMTESSE. J'aurai, mon cher Commandeur, bien moins de peine à digérer mon fouper, qu'une de vos. dernieres affertions. Quoi, Monfieur, Dieu ne pourra pas, fur-tout d'après votre fystême, former des machines qui imitent parfaitement toutes les actions des hommes! Cela va bien à un partifan des automates, de donner des bornes à la fageffe infinie & à la toute-puiffance de Dieu.

L'ABBÉ. Telle eft malheureufement, Madame, la marche ordinaire des sysrêmes, & ce qui doit bien prévenir contre leur jufteffe. Un principe les favorife-t-il? On l'étend fans réserve, pour en tirer tout le parti poffible? Devient il contraire; on le reftreint fans ménagement: on voudroit pouvoir l'anéantir.

LE COMMANDEUR. Vous exprimez au jufte, Monfieur, ce que j'ai souvent remarqué, en effet, dans les partifans de l'ame des bêtes. Je fouhaite, qu'à cet égard, vous ne les imitiez pas. Mais fi cela vous arrivoit par mégarde, j'aurai foin de vous le faire remarquer. Ce droit me fera d'autant plus acquis, que je me crois plus à l'abri d'un femblable reproche.

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Non Madame, je ne prétens point reftreindre, ni beaucoup moins anéantir la grande vérité qui donne à Dieu la Suprême Sagefle & la

I I.

Toute-Puiffance. Ce n'eft certainement borner ni l'une, ni l'autre, que d'en fixer le terme ou commence l'abfurdité. Or une pure machine qui, abandonnée à elle feule, exécuteroit toutes les apparences que nous remarquons dans les hommes, feroit, felon moi, une chose abfurde.

L'ABBÉ. M. le Commandeur va nous donner du nouveau.

LE COMMANDEUR. Encore une fois, Monfieur, c'est la folidité de mes raifons qu'il faut apprécier, non leur âge.

Je vous prierai d'abord, Madame, de diftinguer dans les actions apparentes des humains, trois fortes de mouvemens. Les uns, purement mécaniques, ne dépendent que de l'action & de la réaction de la matiere, comme l'élévation & la compreffion du balon inteftinal, par l'inspiration, ou par l'expiration; ou comme la crifpation & le

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