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LA COMTESSE. La conféquence de vos obfervations ne m'échappe certainement pas. » c'est que, fi nous ne Ency! clopédie

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» voyons faire aux brutes que ce qu'un p-201 » tel automate pourroit exécuter en » vertu de fon organisation, il n'y a, » ce femble, aucune raifon qui nous » porte à fuppofer un principe intelli» gent dans les brutes, & à les regar» der autrement que comme de pures machines, n'y ayant que le préjugé qui nous faffe attacher au mouve»ment des bêtes les mêmes penfées qui » accompagnent en nous des mouve» mens femblables »,

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LE COMMANDEUR. Vous pouvez, x 1 Madame, aller encore plus loin; car notre propre expérience nous fournisfant, comme j'ai eu l'honneur de vous le faire remarquer, des preuves incontestables que le animal a déjà en

corps

lui-même, indépendamment de l'ame, le principe de fa vie & de fes mou

vemens; & les ouvrages de l'art nous prouvant que le feul mécanifme peut rendre raifon des mouvemens des brutes, l'hypothèse qui leur donne une ame eft fauffe par cela même qu'elle eft fuperflue.

LA COMTESSE. Comment, Monfieur, vous parlez ici de principe de vie indépendant d'une ame? Cela me paroît fe contredire.

LE COMMANDEUR. Cela pourroit être, Madame, fi je prenois le mot, vie, dans fa plus ftricte fignification. Mais j'en fais ufage ici, felon l'acception commune, qui le fait appliquer à tout ce qui a en foi un principe de confervation & de réproduction. C'est en ce fens que nous attribuons la vie deux aux plantes mêmes; & cela pour raifons: la premiere, parce que nous obfervons en elles une organisation qui tend à procurer le développement

de chaque individu jufqu'à ce qu'il ait acquis la perfection de fon être'; & à le conferver dans cet état parfait d'exiftence. La feconde, parce que l'obfervation nous a fait encore découvrir dans les plantes, une faculté réproductrice, par les pouffières féminales dont elles font pourvues, & dont les grains, comme autant de molécules organiques qui contiennent l'extrait de tout l'individu, vont fe dépofer dans l'ovaire de la plante, & lui donner fa fécondité. De là, tant que ces difpofitions organiques fubfiftent dans les plantes, nous les difons dans un état de vie. Ces dif

pofitions font-elles ún peu altérées?

C'eft leur état de maladie. Leur état de mort, c'eft la deftruction totale de l'organisation, celle du moins qui ne laiffe plus lieu au mécanisme. Ceci s'applique aifément au corps des brutes." La difpofition de toute la machine, 1o. pour recevoir l'action de l'air ou du fluide électrique qui la pénétre, 2°. pour

parvenir à fa perfection d'existence par l'acceffion des corps étrangers que le mécanisme convertit en fa propre fubftance; 3°. pour fe conferver & se reproduire voilà le principe de fa vie & de fun action; comme le dépériffement ou la diffolution totale de l'organisation eft fon état de maladie ou de mort. Ainfi comme, dans la plante, l'état de vie eft indépendant d'aucun principe intérieur, actif, fenfible & penfant; de même on peut dire du corps, que, par ufage, nous nommons animal, qu'il a déjà en lui-même, indépendamment de l'ame, le princide fa vie & de fon mouvement.

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LA converfation alloit continuer, lorfqu'on annonça deux amis de la maifon, qui venoient paffer quelques jours avec la Comteffe. Elle fut charmée de cette augmentation pour fa petite fociété. Quoique les plaifirs de la campagne foient ennemis du tumulte, ils ont befoin que la diverfité des caractères les anime, & que le partage les étende, par le plaifir de les communiquer. La Comteffe y trouvoit encore l'avantage de pouvoir oppofer au Commandeur, dans M. l'Abbé de S***, un antagoniste éclairé des automates Cartéfiens. Elle forma dès-lors le projet de les mettre inceffamment aux prifes. L'occafion s'en offrit dès le lendemain. Elle retint l'Abbé auprès d'elle avec le Commandeur, tandis que le Comte étoit allé faire voir à fon ami une très jolie acquisition, dont il avoit Tome I.

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