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Répétition

Le verbe doit être répété dans une du verbe phrase qui a deux parties, dont l'une est affirmative, et l'autre négative. Ainsi, au lieu de dire; attendons tout de Dieu, et rien de nous-mêmes; dites plutôt : attendons tout de Dieu, et n'attendons rien de nous-mêmes. Il est assez important d'observer cette régle, parce que le défaut de répétition du verbe rend souvent le sens d'une phrase, louche et obscur; comme on le voit dans ce vers de la tragédie du Cid,

L'amour n'est qu'un plaisir, et l'honneur un devoir.

Le'sens, en effet, que présente cette phrase ainsi construite, est celui-ci : l'amour n'est qu'un plaisir, et l'honneur n'est qu'un devoir. Or ce n'est certainement pas celui du poëte, qui vouloit dire :

L'amour n'est qu'un plaisir; l'honneur

est un devoir.

Et c'est ainsi qu'il auroit dû s'exprimer. Si je me permets ici de relever deux fautes, qui, dans une même phrase, sont échappées a un de nos grammairiens les plus estimés, c'est dans la seule vue de faire sentir aux jeunes-gens la grande attention qu'ils doivent joindre à la connoissance des régles, pour écrire correctement. L'abbé Girard a dit : ce n'est pas les plus honnêtes gens de la cour qu'il faut choisir pour soutiens de sa fortune; mais ceux qui ont le plus de crédit auprès du

LETTRES. 133 Prince. Suivant la régle que j'ai exposée ailleurs, il auroit dù, dans le premier membre de la phrase, mettre le verbe étre au pluriel, et, suivant la régle dont il s'agit ici, le répéter dans le second, en disant ce ne sont pas les plus honnêtes gens de la cour qu'il faut choisir pour soutiens de sa fortune mais ce sont ceux qui ont le plus de crédit auprès du Prince,

Il faut encore répéter le verbe, quand il est actif, dans le premier membre de la phrase, et que dans le second il doit être employé avec le verbe étre. On dira, par exemple; les loix qu'on n'a pas su maintenir, et qui devoient être maintenues; au lieu de dire simplement, et qui devoient l'être. C'est une faute qu'on remarque assez souvent dans les écrivains de nos jours. N'imitez donc pas celui qui a dit : l'église fut rebatie, et l'on plaça l'autel comme il devoit l'être. Il auroit dû dire, comme il devoit être placé, ou prendre ce tour, et l'autel fut placé comme il devoit l'étre.

Le verbe avoir, employé d'abord seul comme verbe actif, doit être répété avant un participe qui se trouve dans la même phrase. Celle-ci ne seroit pas correcte : cet homme avoit plus de talens naturels, et acquis plus de connoissances. Il faudroit dire: et avoit acquis plus de connoissances.

Le verbe faire peut être mis à la place d'un verbe qu'on ne veut point répéter. Mais il doit être alors employé absolument, c'est-à-dire, qu'il ne doit point avoir de nom ni de pronom en régime. Ainsi il y

Régle da

participe,

a une faute dans cette phrase: les gouverneurs de province, devenus héréditaires, méconnurent les ordres du nouveau souverain, comme ils avoient déjà fait ceux de ses prédécesseurs. L'auteur auroit dû répéter le verbe, et dire comme ils avoient déjà méconnu ceux de ses prédécesseurs.

I.

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Remarques sur le Participe.

La régle du participe n'est ni aussi embarrassante ni aussi difficile qu'on pourroit se l'imaginer. On n'a besoin, pour la bien saisir sous tous ses rapports, que d'une attention un peu suivie, mais en se rappelant toujours ce que c'est que le régime simple, c'est-à-dire, celui qui n'est pas précédé d'une préposition exprimée ni sousentendue; et ce que c'est que le régime composé, c'est-à-dire, celui qui est précédé d'une préposition exprimée ou sousentendue. Les deux premiers rapports, sous lesquels je considère cette régle, sont ceux-ci.

1. Le participe est indéclinable, c'estconsidéree à-dire, ne prend jamais ni genre ni nombre, sous ses dans les verbes actifs suivis de leur régime premiers simple, ni dans les verbes neutres qui se rapports. conjuguent avec l'auxiliaire avoir.

deax

Verbes actifs : une grêle affreuse a dévasté nos campagnes : les brillans exploits d'un homme de guerre ont illustré une famille obscure: nous avons entendu les cris effrayans des séditieux, et nous

avons bravé la fureur de ces monstres sanguinaires.

Verbes neutres : dans cette douce espérance, tous les cœurs avoient tressailli de joie; et cette joie avoit éclaté sur tous les visages. Mais au seul récit de ces nouveaux attentats, nous avons tous frémi frissonné d'horreur, et nos femmes auroient même tremblé pour leur propre vie, si nous avions tardé à voler à leur secours.

2.o Le participe prend toujours le genre et le nombre de son sujet dans les verbes passifs; dans les verbes neutres, qui se conjuguent avec l'auxiliaire étre, et dans les verbes réciproques, qui n'ayant point de régime simple, ne pourroient jamais se construire avec l'auxiliaire avoir.

: =

Verbes passifs quand le vrai mérite seul est récompensé par le souverain, la vertu est toujours honorée par les grands, les principes des bonnes mœurs sont respectés par ceux qui les approchent; toutes les loix sont constamment observées par le peuple.

Verbes neutres : cette grande armée étoit déjà partie, lorsque les deux derniers régimens sont arrivés : si nous étions sortis plus tard, nous serions infailliblement tombés dans ce précipice.

Verbes réciproques bien des gens se sont repentis d'avoir perdu le temps de leur jeunesse : nous nous sommes lamentés inutilement: cet homme s'est moqué, cette femme s'est moquée mal-à-propos

vos frères se sont tus,

de ce malheureux; vos sœurs se sont tues sur ce sujet. On voit que ce second pronom, avec lequel se conjuguent ces verbes réciproques, n'est pas en régime simple, puisqu'on ne pourroit pas les changer en actifs, en disant bien des gens ont repenti eux, etc.; nous avons lamente nous, etc. ; cet homme a moqué lui, cette femme a moqué elle, etc.; vos frères ont tu eux, vos sœurs ont tu elles, etc. Voilà pourquoi l'usage les mettant ici, en quelque façon, dans la classe des verbes passifs, veut que leur participe s'accorde avec le sujet.

Au reste, il y a quelques verbes de cette espéce, mais en très-petit nombre, dont le participe est indéclinable, n'ayant ni féminin ni pluriel. Ceux qui, dans ce moment, se présentent à ma mémoire, sont les participes ri et plu. Ainsi l'on doit dire il s'est ri, ils se sont ri, elle s'est ri, elles se sont ri de ce bon homme il s'est plu, ils se sont plu, elle s'est plu, elles se sont plu à la campagne. A cette occasion, je dirai aussi que les participes été et pu n'ont ni féminin ni pluriel.

Ces deux points, assez clairs par euxmêmes, n'ont, sans doute, pas besoin d'une plus longue explication. Je vais exposer et éclaircir le troisième, en suivant les traces de nos écrivains qui ont le mieux approfondi la science grammaticale, et parmi lesquels je me borne à nommer Duclos et l'Abbé d'Olivet. Voici le vrai

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