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Emploi des

Soudre, n'est en usage qu'au présent de l'infinitif; et encore même est-il vieux : = soudre un problême, un argument (on ne dit plus que résoudre). Ses composés absoudre, dissoudre, font au participe, absous, dissous, féminin absoute; au géron dif, absolvant; au présent absolu, j'absous, tu absous, il absout, nous absolvons; a l'imparfait, jabsolvois; au futur, j'absoudrai; au conditionnel présent, j'absoudrois; l'impératif, absous, qu'il absolve, et au subjonctif présent, que j'absolve. Ces verbes n'ont ni parfait défini, ni imparfait du subjonctif. Résoudre, qui se conjugue de même, a le parfait défini, je résolus, et l'imparfait du subjonctif, je résolusse. Il fait au participe, résolu, lorsqu'il signifie déterminé, décidé: il a résolu la difficulté. Il fait résous, sans féminin, lorsqu'il signifie réduit, changé en quelque autre chose: le soleil a résous la pluie en brouillard.

Traire, et ses composés abstraire, attraire, distraire, extraire, rentraire, retraire, soustraire, font au participe, trait; au gérondif, trayant, et au présent absolu, je trais, tu trais, il trait, nous trayons. Ils n'ont ni parfait défini, ni imparfait du subjonctif.

Vivre, et ses composés revivre, survivre, font au participe, vécu. On ne dit plus au parfait défini, je véquis, je survéquis. Il faut dire, je vécus, je survécus.

J'ai déjà dit que les verbes avoir et verbes étre servent à conjuguer, en grande partie, étre. tous les autres. C'est ici le lieu de dire

avoir et

quel

LETTRES. quel est l'emploi de ces deux auxiliaires. On a vu que le verbe avoir est employé dans ses propres temps composés ; j'ai eu, j'avois eu; dans ceux du verbe être ; j'eus été, j'aurois été, et dans ceux de tous les verbes actifs. Il est aussi employé dans les temps composés de la plupart des verbes neutres: il a dormi; ils avoient soupé; nous aurions parlé; vous avez couru, etc. Le verbe étre sert, comme je l'ai déjà dit, à conjuguer les verbes passifs dans tous les temps. Il sert aussi à conjuguer les temps composés de quelques verbes neutres, tels que aller, arriver, choir, déchoir, échoir, décéder, descendre, entrer, monter, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir, et ses composés devenir, intervenir, parvenir, revenir et survenir; mais subvenir prend toujours avoir; vous avez subvenu à votre ami dans ses besoins. Contrevenir prend avoir ou étre; il prétendoit n'avoir point contrevenu, n'être point contrevenu à la loi. Il y a des verbes neutres, qui, comme ces derniers,se conjuguent indifféremment avec avoir ou étre. Tels sont aborder, accourir, périr, cesser, échapper, apparoître, comparoître, disparoître, croître, accroître, décroître, recroître, etc. Ainsi l'on peut dire, vous avez abordé ou vous êtes abordé. Nous avons accouru, ou nous sommes accourus. Ila péri, ou il est péri. Sa fièvre a cessé, ou est cessée. Le cerf a échappé, ou est échappe aux chiens. La rivière a cru ou est crue.

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D'autres prennent étre ou avoir, suivant leur signification et la manière dont ils sont employés; en voici quelques-uns:

Accoucher, signifiant enfanter, est neutre, et prend être : la femme de mon ami est accouchée heureusement. Il est actif, et prend avoir, lorsqu'il signifie, aider à une femme à accoucher: cette sage-femme a accouché plusieurs dames.

Accroître, cesser, descendre, monter, sortir, verbes neutres, sont quelquefois employés comme verbes actifs; et alors ils doivent se conjuguer avec avoir := vous avez accru votre bien : il a cessé ses plaintes : : on a descendu du vin à la cave: l'horloger a monté la pendule: = vous avez sorti votre ami d'une affaire bien désagréable. Il en est de même du verbe échapper, lorsqu'il signifie éviter : — nous avons échappé un grand danger.

Convenir, signifiant étre convenable, prend avoir ce jardin vous auroit convenu. Il prend étre, quand il signifie étre d'accord: ils sont convenus du prix de cette maison.

Demeurer, signifiant faire sa demeure, prend étre, quand il doit marquer qu'on est encore dans un lieu : il est demeuré à Paris pour se former le goût. Il prend avoir, quand il marque qu'on n'est plus dans un lieu: il a demeuré quelque temps à Rome. Demeurer, signifiant rester, prend toujours étre : il est demeuré deux mille hommes sur la place. Ainsi, Racine

et Boileau ont fait une faute en disant •

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Ma langue embarrassée

Dans ma bouche, vingt fois, a demeuré glacée. Grand Roi, si jusqu'ici, par un trait de prudence, j'ai demeuré, pour toi, dans un humble silence.

Il auroit fallu, est demeurée: je suis de

meuré.

Expirer, suivant l'Académie, prend étre, lorsqu'on parle d'une chose qui est finie, et qui avoit une durée = le temps est expiré. La trève est expirée. Mais en parlant d'un homme qui vient de mourir, il faut dire; il a expiré, et non, il est expiré. Ainsi, il y a une faute dans ce vers de Racine:

Ce Héros expiré

N'a laissé, dans mes bras, qu'un corps défiguré.

Parce qu'on ne peut pas supprimer, avant le participe, le gérondif ayant, comme on supprime quelquefois le gérondif étant. De-là, l'abbé d'Olivet conclut que, ce héros expiré, n'est pas plus français, que ce héros parlé, pour ayant parlé.

Passer, suivi d'un nom substantif, prend avoir: les troupes ont passé un grand fleuve: elles ont passé par notre province. Ainsi, il y a une faute dans cette phrase: l'esprit de révolte n'étoit pas éteint: il étoit passé parmi de nouveaux factieux. Il falloit dire avoit passé. Quand ce verbe n'est pas suivi d'un nom, il prend être : = L'armée est passée. Ces fleurs sont passées,

cependant il prend avoir, quand il signifie étre reçu: = Ce mot a passé. Il prend indifféremment avoir ou étre, quand il signifie mourir, expirer: il a passé ou il est passé.

Rester, prend toujours, comme je l'ai déjà dit, le verbe être. Ne dites donc pas, avec deux écrivains modernes combien de grands hommes, dont le nom a resté dans l'oubli! Les ennemis, après avoir resté quelque temps dans l'irrésolution, rétrograderent lentement. Il falloit dire : est

resté étre resté.

Voici une règle pour connoître les verbes neutres qui prennent, dans leurs temps composés, l'auxiliaire étre, et ceux qui prennent avoir. Si le participe d'un verbe neutre peut être joint à un substantif, ce verbe se conjugue avec l'auxiliaire étre. On dit, je suis tombe, elle est décédée, parce qu'on peut dire, un homme tombé, une femme décédée. Si le participe, au contraire, ne peut pas être joint à un substantif, le verbe se conjugue avec l'auxiliaire,avoir. On dit, j'ai frémi; elle a tremblé, parce qu'on ne peut pas dire, un homme fimi, une femme tremblée. Cette règle est généralement sûre mais l'usage est ici le meilleur maître.

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