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ber dans une fingularité ridicule. Il faut mépriser la gloire que les hommes ont attachée à donner à manger avec plus de propreté & de politeffe, de rafinement & de délicateffe que les autres. Cette gloire eft une confus fion pour une perfonne chrétienne, & qui connoît sa religion. Il faut craindre, au lieu de défirer les diftinctions & les louanges fur ce sujet : faire les chofes comme on croit les devoir faire honnêtement & fagement, mais les faire, parce qu'on ne peut les éviter, fans prétendre fe diftinguer, & fans vouloir se fignaler par un endroit fi peu capable de donner de l'eftime. A moins qu'on ne fe conduise de la forte, on

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a beau dire qu'on n'aime pas la magnificence & le luxe, on y eft attaché, & peut-être plus qu'un autre ; & fi l'on reffent quelque peine, elle vient plutôt ou de ce qu'on eft obligé de foûtenir une grande dépenfe, ou de ce qu'on eft chargé du foin de faire les chofes avec dignité, & de ce qu'on eft en quelque maniere garant du fuccès qu'elles peuvent avoir, qu'elle ne vient de l'averfion qu'on a des fuperfluités.

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Pour les perfonnes de qua lité qui arrivent ou qui paffent, & auxquelles vous ne pouvez vous difpenfer de donner à manger, vous gar derez, s'il vous plaît les mêmes régles ne portant pas

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le luxe auffi loin que d'autres le portent; n'affectant point de vous faire remarquer par une propreté trop étudiée; regardant cette dépense à l'égard des riches comme inutile & comme perdue, fi vous n'attendez pour récompenfe que leur reconnoiffance & leur eftime; étant bien convaincue dans votre cœur que vous feriez bien plus heureuse fi Vous appelliez à vos repas, felon la parole de J. C. les Luc. 14. pauvres & les miférables qui ne pourroient pas vous le rendre & purifiant par des aumônes les fautes que vous

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commettez, comme malgré vous, dans ces fortes de né

ceflités.

2. Des Converfations.

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I vous n'étiez pas dans la fituation où vous êtes le meilleur avis que je vous pourrois donner pour les converfations, feroit qu'elles fuffent rares, & qu'elles fuffent courtes; car il eft fans comparaison plus aisé de ne point parler du tout ou trèsrarement, que de le faire comme il faut. Mais votre état vous oblige à recevoir des vifites, & c'eft la Providence qui vous a mise dans cet état, ainfi vous devez fanctifier ce que vous ne pouvez pas éviter, & convertir en facrifice l'amufement & l'inutilité des converfations.

De quelque fujet qu'on

Vous parle, & de quelque caractere que foient les perfonnes qui vous parlent, fou venez-vous que vous rendrez un compte fi exact de vos paroles, que la moindre de celles que vous aurez dites par un autre motif que celui de la néceffité ou de la charité, fera condamnée; qu'une Chrétienne ne doit parler que d'une maniere digne de Dieu même, felon cet avis de S. Pierre : Si quel qu'un parle, que ce foit comme Dieu parlant par fa bouche, ce qui comprend une pureté & une fageffe infinie; que tous vos difcours doivent être affaifonnés du fel de l'Evangile, felon cette régle que vous donne faint Paul Que votre entretien coloff.

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