MAY NARD. Et d'où ce fainéant vit tant de funérailles: Et le vuide enfermé de fes vieilles murailles Mais tu dois avecque mépris Regarder ces foibles débris; Le tems amenera la fin de toutes chofes ; Et ce beau ciel, ce lambris azuré, Le grand Aftre qui l'embellit, Fera fa tombe de fon lit: L'air ne formera plus ni grêle, ni tonnerreș ; A un célèbre Médecin. TES fecrets m'ont donné l'entiere guérifon moles pulcherrima mundi Ardebit flammis tota repente fuis. Seneq. Si l'on trouvoit partout des Sçavans comme toi, Pour Madame Talleman. Es un fiécle rempli de licence & de vices, SONNETS IRRÉGULIERS. Il exhorte un Ami à faire retraite, avant que la mort le furprenne. COMTE, le monde attend notre dernier adicu. Nos pieds font arrivez fur le bord de la tombe. Ceffe d'aimer la Cour, & t'éloigne d'un lieu Où la malice régne, & la bonté fuccombe. I Le chagrin de l'Auteur contre la Cour, n'eft que trop marqué dans fes Poelies: mais les Vers en font nathrels & fi beaux, qu'un pareil chagrin tourne, en quelque forte, au profit du Lecteur. MAY NARD. Le vrai bien n'eft qu'au Ciel; il le faut acquérir: MAY- Il faut remplir nos cœurs d'une fi belle envie. Notre heure va fonner: fongeons à bien mourir, Et dégageons nos fens des piéges de la vie. NARD. L'humble ni l'orgueilleux, le foible ni le fort, Ce qu'elle peut fur un, Il exhorte fon ame au repentir. MON ame il faut partir: ma vigueur eft paffée; Tes défordres font grands, tes vertus font petites; Mon ame, repens-toi d'avoir aimé le monde; Que tu ferois courageufe & ravie, Si j'avois foûpiré tout le tems de ma vie La vie eft un grand bien, mais ce bien me tour mente: Ma vieilleffe m'accable, & je crains de guérir. Les maux que je reffens, & qui me font la Quelque effroi que la Mort porte fur fon vifage, Mais que dis-je ennemi ? je fuis amoureux d'elle. I Crainte de la Mort, naturelle à l'homme. QU'ON ne m'accufe point de redouter la Mort: 1 L'Auteur fit ce Sonnet & les Vers fuivans la veille même de fa mort. MAY- NARD. La terreur qu'elle infpire eft jufte & naturelle. MAY- Contre ce monftre affreux il n'est rien d'assez fort, Et le Sauveur du Monde a tremblé devant elle. SEIGNEUR,en ce moment qui doit borner mes jours, Que deviendrai-je, hélas ! fi tu ne me secours? Diffipe les frayeurs qui naiffent de mes crimes; Permets-moi de prétendre à la gloire des Cieux; Et la Mort, qui m'appelle au rang de fes victimes, Toute horrible qu'elle eft, fera belle à mes yeux. |