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MARAUD, qui n'es maraud que de nom
feulement,

Quiconque te dit fage, a dit la vérité;
Mais qui dit que le foin de fuir la pauvreté
Te ronge le cerveau, ta face le dément.

Sus donc, mon cher MARAUD, pendant que notre
Maître,

Que pour le bien public la nature a fait naître,
Se tourmente l'efprit des affaires d'autrui,
Va devant à la Vigne apprêter la falade:
Que fçait-on qui demain fera mort ou malade ?
C'eft vivre feulement, que de vivre aujourd'hui.

Nous écrivons & prononçons aujourd'hui gentille.

Du

BELLAY

PASSERAT.

PASSERAT.

J

EAN PASSERAT, né à Troyes, s'eft rendu recommandable à Paris par la facilité qu'il avoit à faire des Vers Latins & François. Dès qu'il eût paffé les années de l'enfance, il prit la premiere teinture des Lettres fous un Précepteur qui le traita si cruellement, qu'il quitta l'étude; & s'étant fauvé de fon Ecole, il fervit un Maréchal, & enfuite un Couvent de Religieux. Quelque tems après fe repentant de fa faute, il retourna à la maison de fon & continua fes études avec tant pere, d'application, qu'il fut bien-tôt capable d'enfeigner en public, & qu'ayant été Régent de Seconde au Pleffis, il fut choisi par le Roi pour fucceder à Ramus dans la Chaire de Profeffeur Royal en Eloquence. Il y acquit tant de réputation, que les plus fçavans hommes de fon fiècle, & les

perfonnes les plus diftinguées de la Cour
& du Parlement accouroient en foule à PASSERAZ,
fes Leçons. Il n'y avoit rien de plus doux

que
fon efprit, rien de plus agréable que
fa converfation. Il aimoit extraordinaire-
ment l'étude, & paffoit des journées en-
fieres dans fon cabinet, fans prendre
aucun repas. Ses talens & fa probité lui
mériterent la bienveillance de Henri de
Mêmes qui le garda chez lui l'espace de
trente & un an. Pafferat mourut en 1562.
d'une paralyfie, dans un âge fort avancé,
après avoir long-tems fouffert de conti-
nuelles douleurs. Il fut enterré dans l'E-
glife des Jacobins de la rue Saint Jacques,
où M. de Mêmes lui fit dresser un Mau-

folée. Voici quelques-unes de fes Epi

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PASSERAT.

Mais quand propos en font jettez,
Si volontiers les écoutez,

Qu'êtes contrainte d'en foûrire.

A Mademoifelle Marguerite Barguin fa coufine,
qui fe plaignoit de n'avoir pas un
affez beau nom.

Si votre nom ne vous femble

pas

beau,

Il faut prier l'Amour & l'Himenée

De le changer, & que d'un nouveau nom,'
Au nouvel an vous foyez étrennée.

A M. de Souci, Tréforier de l'Epargne,
pour avoir de lui une rescription.

MES Vers, Monfieur, c'eft peu de chofe,
Et Dieu merci je le fçai bien:
Mais vous ferez beaucoup de rien,
Si les changez en votre Profe.

Epitaphe.

JEAN PASSERAT ici fommeille,
Attendant que l'Ange l'éveille;
Et croit qu'il fe réveillera

Quand la trompette fonnera:

1 On ne peut guére demander de meilleure grace une affignation.

S'il

S'il faut que maintenant en la foffe je tombe,
(Moi qui toujours aimai la paix & le repos)
Afin que rien ne pese à ma cendre, à mes os,
Amis, de mauvais Vers ne chargez point ma
tombe. I

PASSERAT.

1 Pafferat fe fit lui-même cette Epitaphe avant de mourir. La voici en Vers Latins telle qu'elle eft rapportée dans les Eloges de M. de Sainte-Marthe.

Hic fitus eft parvá Janus Paffertius urnâ,
Aufonii Doctor regius eloquii.

Difcipuli memores, tumulo date ferta Magiftri,
Ur vario florum munere vernet humus.
Hoc culta officio mea molliter offa quiefcent
Sint modò carminibus non onerata malis.

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