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Lors eux croyans que fuffe en grand crédit,
M'ont appellé Monfieur, à cri-&-cor; 1
Et m'a valu votre écrit autant qu'or:
Car promis ont non-feulement d'attendre,
Mais d'en prêter, foi de Marchands, encor;
Et j'ai promis, foi de Clement, d'en prendre.
Aux Cordeliers.

MES beaux Peres Religieux,
Vous dînez pour un grand-merci: 2
heureux! ô demi-Dieux !

O gens

Plût à Dieu que je fusse ainsi !
Comme vous vivrois fans fouci ;
Car le vœu qui l'argent vous ôte,
Il eft clair qu'il défend auffi
Que vous payiez jamais votre hôte.

Imitation de Martial.

PAULINE eft riche & me veut bien
Pour mari, je n'en ferai rien ;

Car tant vieille eft que j'en ai honte :
Fût-elle plus vieille d'un tiers,
Je la prendrois plus volontiers,

Car la dépêche en feroit prompte.

1 A cor & à cri, métaphore empruntée de la chasse. 2 Les Cordeliers faifoient encore væu, du tems de Marot, de ne point toucher d'argent.

MAROT.

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PLUS ne fuis ce que j'ai été,
Et ne le fçaurois jamais être :
Mon beau Printems & mon Eté,
Ont fait le faut par la fenêtre.
Amour, tu as été mon maître,
Je t'ai fervi fur tous les Dieux:
O fi je pouvois deux fois naître,
Comment je te fervirois mieux !

Sur la mort d'un Oifeau.

LAS, il eft mort, pleurez-le, Damoiselles
Le Paffereau de la jeune Maupas :

Un autre Oifeau, qui n'a plumes qu'aux aîles,
L'a dévoré le connoiffez-vous pas ?

C'eft ce fâcheux Amour, qui fans compas,

1

Avecque lui fe jettoit au giron
De la Pucelle, & voloit environ,
Pour l'enflammer, & tenir en détreffe:
Mais par dépit tua le Passeron,
Quand il ne put rien faire à la Maîtreffe.

Il demande l'année entiere de fa Penfion.

L'ARGENT par termes recueilli,
Peu de profit fouvent amene :
* Partant, Monseigneur de Juilli,
Qui favez le vent qui me mene,
Plaise à vous ne prendre la peine
De diviser fi peu de bien ;
Car ma boëte n'est pas fi pleine,
Que cinq cens francs n'y tiennent bien.

Sur un Importun.

HE' laiffez-moi, ce difoit une,
A2 un fot qui lui déplaifoit:
Ce lourdaut toujours l'importune;
Puis j'ouis qu'elle lui disoit :
La plus groffe bête qui foit,

1 C'est pourquoi.

la

2 Rien de plus commun dans les anciens Poëtes que rencontre de deux voyelles. Bertaud, Delportes & Malherbe ont été les premiers qui ont profcrit cette licence de notre Poëfic,

MARCT,

MAROT.

I

Monfieur, comme eft-ce qu'on l'appelle?
Un Eléphant, Mademoiselle;

2 Me femble qu'on la nomme ainfi.
Pour 3 Dieu, Eléphant, ce dit-elle,
Va-t'en donc, laisse-moi ici.

Méprife de l'Amour.

amere,

4 AMOUR trouva celle qui m'est
(Car j'y étois, & j'en fçai bien le conte)
Bon jour, dit-il, bonjour Venus ma mere:
Puis tout d'un coup il voit qu'il fe méconte,
Dont la couleur au visage lui monte,
D'avoir failli honteux, Dieu fçait combien :
Non, non, Amour, lui dis-je, n'ayez honte ;
Plus clairvoyans que vous s'y trompent bien.
RONDE A U.

U

A un Créancier.

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N bien petit de près me venez prendre,. Pour vous payer; & fi devez entendre

On écrivoit autrefois comme & comme quoi pour

comment.

2 Me femble pour il me femble. Ces omiffions d'articles ont bonne grace dans une Poëfie badine telle que celle-ci. 3 Abregé de cette maniere de parler pour l'amour de Dieu. Pour Dieu, fe dit tous les jours dans la conversation. 4 Penfée, tour 2 expreffion, tout eft mignature dans cette Epigramme.

Un bien petit, façon de parler confacrée au ftile Marotique.

Que ne vis onc Anglois de votre taille :
Car à tous coups vous criez, baille, baille,
Et n'ai de quoi contre vous me défendre.
Sur moi ne faut telle rigueur étendre,
Car de pécune un peu ma bourse eft tendre,
Et toutefois j'en ai vaille que vaille,
Un bien petit.

Mais à vous voir (ou l'on puisse me pendre)
Il femble avis qu'on ne vous veuille rendre
Ce qu'on vous doit: beau Sire, ne vous chaille,
Quand je ferai plus garni de cliquaille,
Vous en aurez ; mais il vous faut attendre ́
Un bien petit.

BALLAD E.

De Frere Lubin.

POUR

OUR courir en poste à la Ville,

Vingt fois, cent fois, ne fçai combien ;
Pour faire quelque chofe vile,
Frere Lubin le fera bien.

Mais d'avoir honnête entretien,
Ou mener vie falutaire,
C'est à faire à un bon Chretien,
Frere Lubin ne le peut faire.

3 Au tems de Marot le nom des Anglois étoit sî' odieux

MAROT.

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