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Loin des mœurs de fon fiécle il bannira les vices,
L'oifive nonchalance, & les molles délices,
Qui nous avoient portez jufqu'aux derniers hazards:
Les vertus reviendront de palmes couronnées ;
Et fes juftes faveurs au mérite données,
Feront reffufciter les talens & les Arts.

La foi de fes ayeux, ton amour & ta crainte,
Dont il porte dans l'ame une éternelle empreinte,
D'actes de piété ne pourront l'affouvir :

Il étendra ta gloire autant que fa puissance;
Et n'ayant rien fi cher que ton obéiffance,
Où tu le fais regner, il te fera fervir.

Tu nous rendras alors nos douces deftinées :
Nous ne reverrons plus ces fâcheuses années,
Qui pour les plus heureux n'ont produit que des
pleurs.

Toute forte de biens comblera nos familles ;
La moisson de nos champs laffera nos faucilles,
Et les fruits pafferont la promeffe des fleurs.

La fin de tant d'ennuis dont nous fùmes la proye,
Nous ravira les fens de merveille & de joye;
Et d'autant que le monde eft ainfi compofé,
Qu'une bonne fortune en craint une mauvaise,

endroit, excite les hommes à louer le Seigneur par le fon des tambours & autres inftrumens?

MALHER

BE.

Ton pouvoir absolu, pour conserver notre aise, MALHER- Confervera celui qui nous l'aura caufé.

BE.

Quand un Roi fainéant, & la honte des Princes, Laiffant à fes flatteurs le foin de fes Provinces, Parmi les voluptez indignement s'endort, Quoique l'on diffimule, on n'en fait point d'estime; Et fi la vérité fe peut dire fans crime,

Ce n'eft pas fans plaifir qu'on furvit à fa mort.

Mais ce Roi, des bons Rois l'éternel exemplai

re,

Qui de notre falut eft l'Ange tutelaire,
L'infaillible réfuge & l'unique fecours;
Son extrême douceur ayant dompté l'Envie,
De quels jours affez longs peut-il borner fa vie,
Que notre affection ne les juge trop courts?.

Qu'il vive donc, SEIGNEUR, & qu'il nous fafse
vivre :

1 Que de tous nos dangers fa valeur nous délivre:
Et rendant l'univers de fa gloire étonné,

Ajoûte, chaque jour, quelque nouvelle marque
Au nom qu'il s'eft acquis du plus rare Monarque
Que ta bonté propice ait jamais couronné..

Malherbe. Que de toutes ces peurs nos ames il délivre. Il y a long-tems que nos bons Poëtes ne fe permettent plus de femblables inverfions.

DE

DE L'ODE A LA REINE MARIE DE MEDICIS,

Sur fon arrivée en France en l'année 1600.

PEUPLES, qu'on mette fur la tête
la terre a de fleurs :

Tout ce que
Peuples, que cette belle fête

A jamais tarriffe nos pleurs :
Qu'aux deux bouts du Monde fe voye
Luire le feu de notre joye;

Et foyent dans les coupes noyez
Les foucis de tous ces orages,
Que pour nos rebelles courages
L'Enfer nous avoit envoyez..

Aujourd'hui nous eft amenée
Cette Princeffe que la foi
D'Amour ensemble & d'Hymenée
Deftine au lit de notre Roi.
La voici la belle MARIE,
Cette merveille d'Etrurie,
Qui fait confeffer au Soleil,
Quoi que l'âge paffé raconte,
Que du Ciel, depuis qu'il y monte,
Ne vint jamais rien de pareil.

Telle n'eft point la Cythérée, I

MALHER

Venus a été appellée Cythérée de l'Ile de Cythere où elle aborda le moment d'après fa naiffance.

Tome I.

H

BE.

MALHER.

BE

Quand d'un nouveau feu s'allumant,
Elle fort pompeufe & parée
Pour la conquête d'un Amant:
Telle n'est point en fa carriere
Des mois l'inégale couriere;
Et telle enfin fur l'horifon
L'Aurore au matin ne s'étale,
Quand les yeux même de Céphale
En feroient la comparaison.

Nulle vanité ne la touche :
Les Graces parlent par fa bouches
Et fon front, témoin affeuré
Qu'au vice elle eft inacceffible >
Ne peut que d'un cœur infenfible
Etre vû fans être adoré.

Combien de fois, quand fur les ondes

Ce nouveau miracle flottoit,

Neptune en fes caves profondes
Plaignit - il le feu qu'il fentoit?
Combien de fois, en sa pensée,
De vives atteintes bleffée,
(Sans l'honneur de la royauté
Qui lui fit céler fon martyre)
Eût-il voulu de fon Empire

Faire échange à cette Beauté?

1 Faire échange à.... pour faire échange avec....

Dix jours ne pouvant fe diftraire
Du plaifir de la regarder,
Il a, par un effort contraire,
Effayé de la retarder:

Mais à la fin, foit que l'audace
Ait à la juftice fait place,

Soit qu'un autre Démon plus fort
Aux vents ait impofé filence,
Elle eft hors de fa violence,

Et la voici dans notre port.

La voici, Peuples, qui nous montre
Tout ce que la Gloire a de prix :
Les fleurs naiffent, à fa rencontre,
Dans les cœurs & dans les efprits..
Par. elle la paix affeurée,
N'aura pas la courte durée

Qu'efperent infidellement,

Non laffez de notre fouffrance,

Ces François, qui n'ont de la France
Que la langue & l'habillement.

ODE

Au Roi HENRI LE GRAND, fur l'heureux voyage de Sedan.

ENFIN, après les tempêtes,

Nous voici rendus au port;

MALHER-
BE.

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