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Ses hauts murs tranfparens font d'un brillant cristal,
Où l'or femble imiter le luftre oriental,

Dont l'Aurore en naiffant peint les célestes plaines.

Tout ce que la Nature a de plus précieux,
Ce que l'Art a trouvé de plus induftrieux,
Et ce que le Ciel même a produit de merveilles,
Eft compris fous l'enclos des voûtes fans pareilles,
Qui de ce lieu facré font le riche ornement',
Et femblent égaler celles du firmament..
Par cent portes de cédre on entre dans ce Temple,
Le mérite les ouvre, & dans une cour ample,
L'Honneur vient au devant careffer & flatter
Ceux que la Renommée y daigne préfenter.
Des plus fameux Mortels mille troupes crrantes,
Vont cherchant fur ce mont des routes différentes ::
Il a mille fentiers; celui de la Vertu

Sans doute eft le plus droit, mais c'eft le moins battu,.
Il et rude & pénible, & de noirs précipices
Montrent des deux côtez la demeure des Vices,
Qui rampent dans le fond ainfi que des ferpens,
Et quelquefois mafquez, fur le fommet grimpans, *
Arrivent inconnus à la porte facrée,

Par force, ou par adreffe en pénétrent l'entrée,
Se gliffent dans le Temple, en profanent l'autel,
Et terniffent fa gloire, & fon luftre immortel :
Mais le Tems, ce vieux Juge équitable & févére,
Souffre pour quelques jours qu'un peuple les révére;

MONTPLAISIR.

Puis enfin les découvre, & les chaffe en fureur MONT- Dans des antres obfcurs où préfide l'Horreur PLAISIR. Où la Vérité trifte éclaire l'Infamie,

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Et fe montre en ces lieux leur plus fiere ennemie.
Là, dans le plus profond de ces vallons affreux,
Paroît l'enfoncement d'un antre ténébreux,
Où ce monftre cruel qu'on appelle l'Envie,
Paffe dans des cachots fa miférable vie;

Et voir par quelques trous de fes yeux de travers,
La fplendeur que la Gloire épand en l'Univers..

Le Poëte transporté en fonge dans ce Temple, y voit
le portrait du Duc D'ANGUIEN.

QUE de chants de triomphe, & de hautes mer-
veilles,

Ravirent à la fois mes yeux & mes oreilles,
Dans ce Temple facré, dont les murs font ornez
D'un amas infini de portraits couronnez !
Parmi tant de Beautez je reconnus Silvie,
Et vis dans fon tableau l'hiftoire de ma vie,
Son triomphe, mes fers; fa gloire, mes lan-
gueurs;

Ses charmes, mes tranfports; ma peine & fes

rigueurs.

Du plus grand des Héros j'y vis l'augufte image,
Qui parmi les Guerriers avoit même avantage,
Qu'à Rhodes autrefois eut celle du Soleil,
Dont l'immenfe grandeur n'a rien eu de pareil.

Son port, fa majefté, fa douceur & fa grace,
De l'Enfant de Cythere, & du Dieu de la Thrace,
Confondoient en fon air le charme & la fierté:
Je crus voir dans ce Prince une Divinité..
Il tenoit dans les mains les flammes du tonnerre;
On voyoit fous fes pieds tout le plan de la Terre;
Les fleuves, les citez, les plaines & les bois,
Qui fervoient de théâtre à fes fameux exploits.
Là, proche de Rocroy, cette orgueilleufe ar-
mée,

Sous qui la France en deuil devoit être opprimée,
Etoit peinte en défordre, & l'Ibere abattu,
Admiroit en mourant la naiffante vertu..
La fiere Ambition fous un fanglant trophée,
Et fous un tas de morts paroiffoit étouffée;
Et d'immortels rayons ce Prince couronné,
Etoit peint fur un char de gloire environné.
Thionville plus loin vaillamment défenduë,
Etoit à fa valeur & foumife, & renduë..
Le combat de Fribourg difputé tant de jours,
Sur des monts dont la cime épouvante les ours,
Et qui femblent armez de roches effroyables,
Montroit de fon grand cœur des marques incroya
bles.

Il étoit peint à pied, forçant les Bavarois

Dans l'effroi des deferts, & dans l'horreur des bois..
Cet orgueilleux rempart qui couvroit l'Allemagne, I

Philisbourg.

MONT

PLAISIR.

Et devant qui tout autre eût paffé la campagne, MONT- Par l'effort du canon dans peu de jours ouvert, PLAISIR. Montroit à nos Guerriers l'Empire à découvert. Cent fameuses citez qui fuivoient fon exemple, Ouvroient à ce Vainqueur leurs portes & leur Temple,

Et le Rhin couronné de joncs & de roseaux,
Sembloit lui rendre hommage à moitié hors des

caux..

LIVRE VII.

MADAME

DE LA SUZE.

H

ENRIETTE DE COLIGNY, fille

du Maréchal de Châtillon, M° DE LA avoit époufé en fecondes nô

ces le Comte de la Suze, de la Maifon des Comtes de Champagne.. La jaloufie qu'il conçut contre elle, lui fit prendre la réfolution de la mener à une de fes Terres. On prétend que la Comteffe, pour éviter de l'y fuivre, abjura le Calvinifme qu'elle & fon mari profeffoient ce qui fit dire à la Reine de Suede, que Madame DE LA SUZES'étoit renduë Catholique pour ne voir fon mari ni en ce monde, ni en l'autre. Elle lui fit offrir vingt-cinq mille écus à condition qu'il confentiroit à la rupture de leur

SUZE.

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