POUR LA REINE MERE DU ROI,
PAISSEZ, cheres brebis, joüiffez de la joye Que le Ciel vous envoye;
A la fin fa clémence a pitié de nos pleurs. Allez dans la campagne, allez dans la prairie, N'épargnez point les fleurs ;
Il en renaît affez fous les pas de MARIE.
Nous ne reverrons plus nos campagnes défertes, Au lieu d'épics couvertes
De tant de bataillons l'un à l'autre oppofez: L'innocence & la paix regneront fur la Terre, Et les Dieux appaifez,
Oublieront pour jamais l'ufage du tonnerre,
O DE S.
AU ROI LOUIS XIII,
VICTORIEUSES des années, Nymphes, dont les inventions Tirent des mains des Deftinées Les mémorables actions; Si jadis aux rives de Loire Vous avez récité l'hiftoire De mes incurables douleurs, Quittez cette inutile peine; Auffi-bien ma belle inhumaine Ne fait que rire de mes pleurs,
Dès fon printems chacun s'étonne De la fageffè de fes mœurs, Et juge qu'avant fon automne Il produira des fruits tout meurs. 1 Fit-il pas voir à ces armées, D'injufte colere animées, Que rien ne pouvoit l'empêcher De leur faire mordre la poudre; Et qu'il a fçû lancer la foudre Auffi-tôt qu'il a fçû marcher ?
Déja la Discorde enragée Sortoit des gouffres de l'enfer; Déja la France ravagée Revoyoit le fiécle de fer;
■ On écrit & l'on prononce aujourd'hui mûrs.
Cette belle Nymphe du Tage, Pour qui nous fîmes tant de vœux, Tient ce miracle de notre âge Dans les chaînes de fes cheveux: Les graces dont elle eft fuivie, La font admirer de l'envie; Tous les mortels font éblouis
D'y voir tant de charmes paroître : Auffi les Dieux l'avoient fait naître Pour Jupiter ou pour Louis,
Roi, dont le pouvoir indomptable
Eft des lois le ferme foûtien, Aux méchans auffi redoutable, Que favorable aux gens de bien; Quelle hymne en la bouche des Artges Pourra célébrer vos louanges, Si l'Univers dans fa rondeur N'a rien digne de vos mérites; Et fi le ciel dans fes limites N'en peut limiter la grandeur ?
Ce grand HENRI, dont la mémoire
A triomphé du monument, Eft maintenant comblé de gloire Sur les voûtes du firmament. La nuit pour lui n'a plus de voiles; Il marche deffus les étoiles, Il boit dans la coupe des Dieux; Et voit fous fes pieds les tempêtes Venger fur nos coupables têtes La jufte colere des cieux..
Venger la colere des cieux, pour dire venger les cieux irritez, n'eft pas françois. M. de RACAN avoit une force & une élévation de génie où peu de nos Poëtes ont atteint : c'est dommage que fon file ne foit pas toujours également pur & châtié.
AU CARDINAL DE RICHELIEU.
RICHELIEU, qui des plus grands Hom- RACAN.
As les mérites effaceż,
Et par qui le fiècle où nous fommes Ternit tous les fiécles passez ;
Après tant de foins magnifiques,, Où comme les Dieux tu t'appliques Au réglement de l'Univers; Viens délaffer tes longues veilles Au doux entretien des merveilles Qu'Appollon récite en mes Vers.
Durant nos fortunes finiftres, Lorfqu'au mépris de la vertų, On vit élever ces Miniftres Indignes du nom qu'ils ont eu; On ne faifoit rien de folide, Leur confeil étoit trop timide, Et trop lent pour nous fecourir ; Et par leurs molles perfidies, Ils nourriffoient des maladies Qu'autre que toi n'eût sçû guérir.
Il est étonnant que cette Ode, qui n'eft affurément pas une des moindres de M. de RACAN, ne fe trouve dans auCane édition de fes Œuvres. On l'a tirée d'un Recu il de Poëfies, intitulé, les nouvelles Mufes, Paris 1653.
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