POUR LA REINE MERE DU ROI,
PAISSEZ , cheres brebis, jouissez de la joye
Que le Ciel vous envoye: A la fin fa clémence a pitié de nos pleurs. Allez dans la campagne, allez dans la prairie ,
N'épargnez point les fleurs ; ļl en renaît assez sous les pas de MARIE,
Nous ne reverrons plus nos campagnes désertes,
Au lieu d'épics couvertes De tant de bataillons l'un à l'autre opposez: L'innocence & la paix regneront sur la Terre ,
Et les Dieux appaisez, Oublieront pour jamais l'usage du tonnerre;
C D E s.
VICTORIEUSES des années, Nymphes, dont les inventions Tirant des mains des Destinées Les mémorables actions ; Si jadis aux rives de Loire Vous avez récité l'histoire De mes incurables douleurs, Quittez cette inutile peine ; Auffi-bien ma belle inhumaine We fait que tịre de mes pleurs,
Faites, Déesses, que ma Lyre, Traînant les rochers après loi, Aux deux bouts du monde aille dire Des chansons dignes de mon Roi. Tous les véritables oracles , Nous promettent que les miracles De son courage ambitieux Feront tant bruire son tonnerre Qu'un jour il sera sur la Terre Ce qu'est Jupiter dans les Cieux.
Dès son printems chacun s'étonne De la fagesse de ses moeurs, Et juge qu'avant son automne Il produira des fruits tout meurs. I Fit-il pas voir à ces armées,
- D'injuste colere animées, Que rien ne pouvoir l'empêcher De leur faire mordre la poudre; Et qu'il a lçû lancer la foudre Ausli-tôt qu'il a fçû marcher ?
Et déja coutes les Furies, Renouvellant leurs barbaries, Rendoient les vices triomphans Par une impiété si noire , Que la nuit même n'eut pû croire Avoir produit de tels enfans,
Toutefois nos rages
civiles Ont trompé l'espoir des méchans; La paix fair refleurir nos villes, Et rend l'abondance à nos champs: Et maintenant qu'en assurance Il conduit la nef de la France, Et
que les plaisirs ont leur tour , Ses yeux qui pour venger nos larmes , S'armoient d'éclairs dans les allarmes, Sont armez d'attraits pour l'amour.
Cette belle Nymphe du Tage, Pour qui nous fîmes tant de
veux , Tient ce miracle de notre âge Dans les chaînes de ses cheveux : Les graces dont elle est suivie , La font admirer de l'envie; Tous les mortels font éblouis D'y voir tant de charmes paroître : Aufli les Dieux l'avoient fait naître Pour Jupiter ou pour Louis,
Roi, dont le pouvoir indomptable Est des lois le ferme soûtien, Aux méchans aussi redoutable, Que favorable aux gens de bien ; Quelle hymne en la bouche des Artges Pourra célébrer vos louanges, Si l'Univers dans sa rondeur N'a rien digne de vos mérites; Et si le ciel dans ses limites N'en peur limiter la grandeur ?
Cegrand HENRI, dont la mémoire A triomphé du monument, Eft maintenant comblé de gloire Sur les voûtes du firmament. La nuit pour lui n'a plus de voiles; Il marche dessus les étoiles, Il boit dans la coupe des Dieux ; Et voit sous fes pieds les tempéres Venger' fur nos coupables têtes La juste colere des cieux..
1 Venger la colere des cieux , pour dire venger les cieux irritez, n'est pas françois. M. de RACAN avoit une force & une élévation de génie où peu de nos Poères ont atteint : c'est dommage qųe son ivile ne soit pas toujours également
AU
AU CARDINAL DE RICHÉ LI E U.
· RICHELIEU, qui des plus grands Hom- RACAN.
* As les mérites effacez, Et par qui le siécle où nous sommes Ternit tous les siécles passez ; Après tant de soins magnifiques , ; Dù comme les Dieux tu t'appliques Au réglement de l'Univers; Viens délaffer tes longues veilles Au doux entretien des merveilles Qu'Appollon récite en mes Vers.
Durant nos fortunes sinistres, Lorsqu'au mépris de la vertu, On vit élever ces Ministres Indignes du nom qu'ils ont eu; On ne faisoit rien de solide, Leur conseil étoit
trop Et trop lent pour nous secourir ; Et par leurs inolles perfidies, Ils nourrissoient des maladies Qu'autre que toi n'eût îçû guérir.
1 Il est é:onnant que cette Ode, qui n'est assurément pas une des moindres de M. de RACAN, 'ne se trouve dans au. cone édition de ses Ouvres. On l'a tirée d'un Recu.il de Poelies , intitulé, les nouvelles Mules, Paris 1653. Tome II.
B
« AnteriorContinuar » |