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RACAN

Cependant nos libres courages,
Charmez de quelques vains appas,
Donnoient fauffement leurs fuffrages
Au mérite qu'ils n'avoient pas
I es lâches Filles de mémoire
Ont plus fait éclater leur gloire
Que leur pourpre, ni leurs clinquans;
Et pour rendre leurs noms augustes,
Ils ont eu comme les plus justes,
Des MALHERBES & des RACANS.

Mais aujourd'hui que res victoires
Donnent à tous les beaux Efprits,
Pour l'ornement de nos Hiftoires,
Des tréfors qui n'ont point de prix;
Nous tenons de toi la richefle
Qu'on ignoroit fur le Permeffe,
Au fiécle ingrat de nos ayeux ;
Lorfque faute de grands exemples,
Dignes des autels & des Temples,
On peuploit de monftres les Cieux.

Loin de nous ces fleurs inutiles,
Qu'autrefois nos conceptions,
En graves fujets infertiles,
Cueilloient au champ des fictions:
Loin ces vieux contes de la Grece,
Qui vantent la force & l'adresse

De fes fauffes Divinitez:

Toutes ces fables ridicules,

N'ont point d'Achilles ni d'Hercules,

Que ta vertu n'ait furmontez.

Bien qu'avec eux leurs artifices
Par les âges foient obfcurcis,
On ne peut ignorer les vices
Dont ces Héros furent noircis :
G'eft injuftement qu'on tolere
Que l'Antiquité mensongere
Les mette au rang des Immortels;
Et faffe chanter à fes Cygnes

Des demi-Dieux, qui font plus dignes
De la foudre
que des autels.

Le Ciel qui connoît toutes choses,
Et qui dans fes puissantes mains
Tient toutes les graces encloses,
Pour les départir aux Humains;
Confeffe que les plus grands Hommes,
Qui devant le fiécle où nous fommes
Ont vaincu le tems & la mort,
N'étoient qu'effais de fa puiffance
Pour s'apprêter, à ta naissance,
A faire fon dernier effort.

2

Qui ne fçait de quelles tempêtes Tes travaux nous ont exemptez ;

RACAN

RACAN.

Combien de Typhons à cent têtes
Sont par ta prudence domptez.
Après des merveilles fi grandes,
Quelles affez dignes offrandes
Nous acquitteront envers Dieu,
De qui les bontez tutélaires
Ont mis le timon des affaires
Entre les mains de RICHELIEU?

Cette Rochelle où nos armées,
Par tant de combats & de jours,
S'étoient vainement confumées
Sans voir que le haut de fes tours
Ces baftions qui dans les nuës
Elevoient leurs têtes cornues,
Par le coutre font traversez:
Il n'en laiffe marque ni trace,
Et fend également la place
Des murailles & des foffez.

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Les Dieux attaquer & défendre
L'ouvrage de leurs propres mains.

L'Espagne, qui veut que le Monde
Soit à fon empire foumis,

En vain fur la terre & fur l'onde
Nous va chercher des ennemis :
En vain dans ces injuftes guerres
Elle oppofa tous fes tonnerres
A ceux dont tu la combattois;
Lypare s'en vit épuisée,
Et fon Aigle fut écrasée
Par la foudre que tu portois.

N'eft-ce pas toi qui tiens en bride
Les Tyrans les plus enragez,
Et qui rends notre grand Alcide
L'appui des Princes affligez?
Qui rends fa juftice fameufe
Sur l'Eridan & fur la Meufe;
Qui rends leurs paffages ouverts,
Et qui rends fon pouvoir fuprême,
D'esclave de fon peuple même,
L'arbitre de tout l'Univers?

Il voit qu'aujourd'hui fa vaillanec
Eft la terreur des Potentats,
Et qu'en fa feule bienveillance
Git le falut de leurs Etats:

RACANA

RACAN.

Tout céde à ce foudre de guerre;
Il n'eft point d'orgueil fur la terre-
Qu'il n'ait à fes pieds abattu:
Sa force égale fa naissance,
Et ne connoît fon impuiffance
Qu'à récompenfer ta vertu.

A M. MAYNARD, PRE'SIDENT D'ORILLAC,
Ode Bachique, imitée en partie d'Horace.
MAINTENANT que du Capricorne
Le tems mélancolique & morne
Tient au feu le monde affiégé,
Noyons notre ennui dans le verre
Sans nous tourmenter de la guerre
Du tiers Etat & du Clergé.

Jefçai, MAYNARD', que les merveilles
Qui naiffent de tes longues veilles,
Vivront autant que l'Univers :
Mais que te fert-il que ta gloire
Se life au Temple de Mémoire,
Quand tu fera mangé des vers ?

Quitte cette inutile peine;
Buvons plûtôt à longue haleine
De ce nectar délicieux,
Qui pour l'excellence précede
Celui même que Ganimede
Verfe dans la coupe des Dieux.

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