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Et l'on vit naître alors par leurs juftes mesures,
Triangles & carrez & mille autres figures.
RICHELIEU, c'est affez; j'abuse de ton tems;
Reprends le fil laiffé de tes foins importans.
France, fon cher fouci, pardon fi je l'amuse
Des contes enfantez d'une riante Muse.

DU PSEAUME XCVI.

Il invite les hommes à chanter les louanges du Sei gneur. Appareil du dernier avenement de JESUSCHRIST. Felics efpérances des Gentils dans leurs idoles.

MORTELS, qui de la Terre habitez les campa

gnes,

Et vous qui cultivez ces fertiles montagnes,
Que l'on voit s'élever au vafte fein des mers;
Peuples, Princes & Rois, qu'aux aftres on en-

voye

Des Cantiques de joye,

Sçachant que le Seigneur régné fur l'Univers.

Les feux du firmament lui couronnent la tête,
Les nuages épais, la grêle, la tempête,
L'orage & les frimats l'arment de tous côtez
La juftice, à fes pieds, eft la bafe durable
Du trône épouvantable,

D'où partent les arrêts des hommes redoutez.

DESMA

RETS.

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Un affreux tourbillon de devorantes flammes,
Pour jetter la terreur dans les fuperbes ames,
Trace une large voye au devant de ses pas;
Et les cœurs forcenez qui s'opposent fans crainte
A fa Majefté fainte,

Par ces horribles feux reçoivent le trépas.

On a vû les éclairs meffagers de la foudre ;
Et la Terre ayant peur d'être réduite en poudre,.
Auffi-tôt en trembla jufqu'en fès fondemens :
Le Soleil, effrayé, retarda fa carriere,
Croyant que fa lumiere

Alloit être détruite avec les élémens.

Devant l'ire de Dieu les monts s'humilierent, Et leurs chefs orgueilleux de crainte fe plierent Jufques à s'abaiffer au creux de leurs vallons: Les rivages des mers fe cacherent fous l'onde Devant l'Auteur du Monde,

Comme font les rofeaux devant les aquilons.

O vous, dont l'ame fimple, à l'erreur affervie, Adore follement des Déitez fans vie,

Qu'un mortel artifan a faites de fes mains;

Soyez confus, Gentils, qui par des vœux frivoles
Réclamez des idoles,

Qui n'ont pas le pouvoir du moindre des humains

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1

EXTRAIT DU CLOVIS, POEME HE'ROIQUE,

Progrès de la Religion Chrétienne.

1 QUE devient mon pouvoir ? à quel coin reculé
Se doit borner enfin mon régne désolé ?
Ce puiffant Créateur de la Terre & de l'Onde,
M'ayant chaffé du Ciel,me veut chaffer du Monde.
Autrefois réveillant mes vœux ambitieux,
Ne pouvant être Dieu, j'inventai mille Dieux,
J'ufurpois fes honneurs, en lui faifant la guerre,
Et content de fon Ciel, il me faiffoit la Terre.
Mais depuis que ce Fils, dans la crêche enfanté,
Caché fous l'indigence & fous l'humilité,
Sappa les fondemens de mon fuperbe Empire,
A ma honte ici-bas toute chose conspire :

Son Eglife s'accroît de tout ce que je perds.
N'aurai-je pour azile enfin que les Enfers ?
Rome, jadis mon trône, où de tant de victimes,
Le fang fumoit pour moi dans les Temples fubli

mes,
*

Qui vit de ma faveur des effets fi puissans,

Quand de tout l'Univers je payai son encens; L'ingrate fuit la Croix, m'abandonne & me chaffe!

En vain j'ai fufcité l'Illyrie & la Thrace,

1 C'est le démon qui parle. Si tout le Clovis étoit à peu près auffi travaillé que ce morceau, M. Despréaux n'aurois cu garde de le trouver fi fort ennuyeux..

DESMA-
RETS.

XETS.

Et les plus froids climats fi féconds en Guerriers, DESMA Par qui je l'ai détruite, & brûlé fes lauriers : Mon fecours me trahit, & le Barbare même, Soûmettant tout à foi, fe foûmet au Baptême! SONNE T.1

Pour Louis Le Juße.

QUE ne peut la vertu ? Que ne peut le courage?
J'ai dompté pour jamais l'Héréfie en fon fort.
Du Tage impérieux j'ai fait trembler le bord,
Et du Rhin jufqu'à l'Ebre accru mon héritage.

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J'ai tiré par mon bras l'Europe d'efclavage;
Et fi tant de travaux n'euffent hâté mon fort,
J'euffe attaqué l'Afie, & d'un pieux effort,
J'euffe du Saint Tombeau vengé le long fervage.'

ARMAND, ce grand génie, ame de mes exploits,
Porta de toutes parts mes armes & mes lois,
Et rehauffa l'éclat des rayons de ma gloire.

Enfin il m'éleva ce pompeux monument,
Où pour rendre à fon nom mémoire pour mé
moire,

Je veux qu'avec le mien il vive incessamment.

1 Ce Sonnet eft au bas du cheval de Bronze de la Place Royale.

2 Ce mot a vieilli. On ne fçauroit dire la même chofe des fix Vers qui le fuivent & qui renferment un éloge bien carable de flatter l'ambition d'un grand Miniftre.

CONRART.

ALENTIN CONRART, né à Pa

ris en 1603. forti d'une an- CONRART. cienne Famille du Haynault,

étoit Secretaire du Roi, &

l'un des Quarante de l'Académie Françoife. Ce fut dans fa maifon que cette Illuftre Compagnie commença à fe former en 1629. & que les Académiciens s'affemblerent jufqu'en 1634. CONRART ne fçavoit pas à la vérité les Langues mortes; mais il fçavoit l'Efpagnole & l'Italienne, & il parloit fi bien la Françoise, qu'il étoit regardé comme un des Oracles.de cette Langue. Il avoit d'ailleurs un goût & un difcernement exquis; & nous n'avons fi peu d'ouvrage de sa façon, que parce qu'il avoit beaucoup de peine à fe contenter lui-même. Ajoutez à cela les charges & les emplois qu'il avoit à remplir, & la goute dont il fut

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