CORNEIL LE Il m'a fait trop de bien pour en dire du mal; Quand M. CORNEILLE eut, pour ainfi 1 lume LE. lume il y a quelques années. On a imprimé en tête la Défenfe du grand CORNEILLE, CORNEILpar le Pere Tournemine: Ouvrage dicté par l'amour de la Patrie & de la vérité; & où régne une éloquence, dûë à l'admiration vive & éclairée du génie & des qualitez perfonnelles de cet illuftre Poëte.. Il étoit affez grand & affez plein. Il avoit le visage agréable, un grand nez, la bouche belle, les yeux pleins de feu, la phyfionomie vive, des traits fort marquez.. Il parloit peu même fur la matiere qu'il entendoit fi parfaitement. Il n'ornoit pas ce qu'il difoit, & pour trouver le grand CORNEILLE, il le falloit lire. Il avoit l'humeur rude en apparence: au fond il étoit très-aifé à vivre, bon mari, bon parent, tendre & plein d'amitié. Il avoit l'ame fiere & indépendante, nulle foupleffe, nulle manége; & quoique fon talent lui eût beaucoup rapporté, il n'en étoit guére plus riche. Peu de jours avant fa mort l'argent lui manqua. Le Pere de LE. la Chaise le dit au Roi, qui lui envoya CORNEIL-aufi-tôt fon premier Médecin, & une bourse de deux cens louis. Ce qui a fait dire au célébre Racine' que les dernieres paroles de CORNEILLE ont été des remercîmens pour LOUIS LE GRAND. A beaucoup de probité naturelle, il a joint dans tous les tems beaucoup de religion, & plus de piété que le commerce du monde n'en permet ordinairement.. Ce grand Homme eft mort à Paris le premier Octobre 1684. âgé de 79 ans. Il étoit Avocat Général à la Table de Marbre de Normandie, & avoit été reçu à l'Académie Françoife le 22 Janvier 1647. Placet au Roi. PLAISE au Roi ne plus oublier Qu'il m'a depuis quatre ans promis un Bénéfice, I Voyez fon difcours en réponse au remercîment & Thomas Corneille à l'Académie Françoise, le jour qu'il fut reçu à la place de M. fon frere. Ce difcours, entre autres chofes admirables, contient le plus bel éloge qu'ca puifle faire du plus grand PoeteTragique qui ait jamais paru2 LOUIS XIV. gratifia le dernier fils de CORNEILLE & l'Abbaye d'Aiguevive, près de Tours. Et qu'il avoit chargé le feu Pere Ferrier Qui pût me donner lieu de l'en remercier. Avoit pour moi même bonté, Le Pere de la Chaise auroit plus de mémoire, Qu'un grand Roi ne promet que ce qu'il veut tenir. LA Garonne & l'Atax dans leurs grottes profondes, La terre ouvre son sein, les plus hauts monts def- Tout céde, & l'eau qui fuit les paffages ouverts, CORNEIL- CORNEIL LE. AU ROI, Sur la conquête de la Franche-Comté. 1 QUELLE rapidité de conquête en conquête, En dépit des hivers guide tes étendards? Et quel Dieu dans tes yeux tient cette foudre prête, A peine tu parois, qu'une Province entiere En vain, pour t'applaudir, ma Muse impatiente, Mon génie étonné de ne pouvoir te fuivre, Je rougis de me taire, & d'avoir tant à dire ; 1 Ces Stances ont été traduites en Vers Latins par le Pere de la Ruë, par M. de Santeüil, & par CORNEILLE Jui-même, qui en a fait de très-beaux fur différens fujets. |